France : L’épidémie de la défiance

France : L’épidémie de la défiance

Une chose est sure, quand on sortira de ce cauchemar les gouvernants devront partout dans le monde rendre des comptes. Ils le devront non pas sur les résultats, mais surtout sur les moyens. A cet égard ce qui se passe en France est intéressant.

Devant cette crise unique le président Macron gagne en popularité mais assez peu. En revanche la défiance sinon la colère vis-à-vis du pouvoir explose dans les sondages. Le Maroc est souvent cité en exemple d’une mobilisation dés le début et d’un discours de vérité. En France tout le monde sait que le pouvoir a menti. On confine ce qui est bien, mais on confine surtout parce qu’on n’a pas de masques ni de tests pour tout le monde. Les français qui pensaient leur système de santé le meilleur du monde se vivent en pays du tiers monde. Ils se demandent pourquoi les pays asiatiques y arrivent mieux et pourquoi l’Europe est devenue une proie du virus.  Le ressenti est terrible pour l’Union Européenne première victime du virus, mais comme il y a partout un chacun pour soi national indiscutable, c’est le gouvernement disons pour faire simple des « parisiens » qui est l’objet de tous les ressentiments. Excessif  peut être, mais ce ressenti débouche sur une défiance terrible. Les hésitations sur l’utilisation de l’hyper chloroquine absolument incompréhensibles pour l’opinion achève de transformer les confinées en révoltés.

C’est donc le grand retournement. Désormais, 55 % des Français jugent que le gouvernement n’a pas pris la mesure de la gravité de la situation, 69 % estiment qu’il n’est pas clair et 79 % considèrent qu’il ne sait pas où il va. Un gain de 5 points de popularité pour Emmanuel Macron en mars, 6 points pour Édouard Philippe. C’est bien peu au regard du contexte actuel, explique Gaël Sliman, président d’Odoxa (institut de sondage) : «D’habitude, quand on a des situations de guerre, de crise, comme celle que nous vivons, l’exécutif en profite, si j’ose dire, énormément en terme de popularité. Et là ce qui est intéressant, c’est qu’on voit que le président comme le Premier ministre en profitent finalement assez peu. On a toujours six Français sur dix qui pensent que le président n’est pas un bon président, et que le Premier ministre n’est pas un bon Premier ministre». Selon les sondages hebdomadaires réalisés par Odoxa, une bascule a eu lieu vers le 19 mars. Quelques jours avant, suite à l’allocution d’Emmanuel Macron, les Français étaient prêts à faire bloc face au virus : 82% estimaient que le président avait pris la mesure de la gravité de la situation. Mais ensuite, les polémiques ont provoqué une rechute de la cote  de popularité. Du côté des personnalités politiques, Roselyne Bachelot prend la première place du palmarès d’adhésion réalisé par Odoxa. L’ex-ministre de la Santé, raillée il y a dix ans pour sa gestion de la grippe H1N1, semble réhabilitée. En deuxième et troisième position de ce palmarès, le professeur Didier Raoult, très médiatisé récemment pour son étude sur la chloroquine comme traitement du Covid-19, et le directeur général de la santé Jérôme Salomon. Étonnant car leur présence détone dans un baromètre composé, en temps normal, exclusivement de personnalités politiques. Alors qu’a explosé la polémique sur l’absence des masques et autres matériaux de protection. Selon notre sondage, 70 % des Français estiment ainsi désormais que le gouvernement ne leur dit pas la vérité et 75 % sont désormais persuadés que le gouvernement n’a pas pris les bonnes décisions au bon moment et surtout parce qu’il n’a pas fait le nécessaire pour bien équiper les hôpitaux et les soignants face à l’épidémie.

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Tous les Français interrogés (97 %), sont persuadés qu’il y a bien en France une pénurie de masques, et les deux tiers d’entre eux (65 %) estiment que le gouvernement actuel en est responsable. Pour 32 %, «il y a bien un manque de masques en France actuellement, mais ce n’est pas de la faute de ce gouvernement qui fait le nécessaire pour rattraper notre retard».

Président d’Odoxa, Gaël Sliman note en outre que les Français «attendent du gouvernement de l’audace sur un plan sanitaire». Ils sont ainsi 6 sur 10 à vouloir que le gouvernement accélère et suive l’option chloroquine proposée par le Pr Raoult, sans attendre les résultats des tests clinique en cours. À entendre les sondés, 87 % sont aussi favorables à «l’instauration d’un couvre-feu national» comme le font déjà certaines villes de France comme Perpignan ou Nice.

Un homme politique le disait au téléphone «la démocratie vacille, les français sont de plus en plus pour une sorte de démocradure – mais comme ils ne font aucune confiance aux gouvernants d’aujourd’hui on pourrait déboucher avec la fin du confinement sur une terrible aventure politique».

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Patrice Zehr

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