Hausse des violences du quotidien, de l’agressivité des manifestants ou encore des violences liées au trafic de la drogue: des policiers ont raconté leurs difficultés lundi au président français, Emmanuel Macron, venu défendre à Montpellier sa politique de «sécurité du quotidien».
«Vous récoltez les drames de la société. C’est pour ça qu’on investit dans l’éducation», a déclaré le président Macron, répétant qu’il tiendrait son objectif de 10 000 policiers supplémentaires d’ici 2022.
Le président français avait déploré dimanche, dans un entretien au Figaro, «une forte augmentation des violences sur les personnes». Un sujet régalien sur lequel il est fortement critiqué par l’opposition de droite et qui s’annonce comme un enjeu clé de la présidentielle de 2022.
Le chef de l’État a discuté lundi matin à l’Hôtel de police de Montpellier avec une dizaine de policiers représentant les différents services. Quelques manifestants tenus à distance l’ont hué à son arrivée.
«Notre travail essentiel est la lutte contre le trafic de drogue. On a affaire à des jeunes plus organisés qu’avant, plus armés, qui se sont plus organisés avec les confinements», a témoigné Ludivine, une policière.
La «violence s’est développée» durant le mouvement de contestation sociale des «Gilets jaunes», a raconté un autre policier.
«Avez-vous vu un changement après?», a demandé le président. «Oui, les manifestants sont devenus plus pros. Ils n’hésitent pas à venir au contact. C’est une véritable armée qu’on a en face», a-t-il répondu, en soulignant l’importance des drones et des caméras de surveillance de la ville.
Narcobanditisme
Emmanuel Macron devait se rendre dans l’après-midi dans le quartier de la Mosson, à Montpellier, pour y rencontrer des acteurs engagés dans la lutte contre la délinquance.
Dans ce quartier, 58,4% des 21 650 habitants vivent sous le seuil de la pauvreté et le taux de chômage atteint 47%. Le 1er novembre, une fusillade y avait éclaté en plein jour et une balle perdue s’était logée dans le mur de la chambre d’une petite fille.
«Le narcobanditisme fait de plus en plus d’émules dans les cités sensibles» des grandes villes du sud de la France, comme Montpellier, Avignon ou Perpignan, avait souligné le directeur de la zone sud de la police judiciaire, Eric Arella, en début d’année.
Accaparé par la crise de la COVID-19, Emmanuel Macron s’exprime pour la première fois sur le sujet depuis le lancement en février d’une consultation entre le gouvernement et les syndicats de police, qui doit poser les fondements d’une «ambitieuse loi de programmation de la sécurité intérieure à l’horizon 2022», selon le premier ministre Jean Castex.
Il vient aussi promouvoir la Loi sur «la sécurité globale», adoptée par le Parlement français il y a quelques jours malgré une vive contestation des défenseurs des libertés publiques.
«Chaque Français verra plus de bleu [couleur des uniformes des policiers] sur le terrain en 2022 qu’en 2017. Ça rassure les gens, ça dissuade les délinquants», a-t-il assuré dans Le Figaro.
Parmi les candidats déjà lancés pour l’élection présidentielle, l’ancien ministre de la Santé de Nicolas Sarkozy, Xavier Bertrand (droite), a dénoncé l’«échec total» d’Emmanuel Macron sur la question de la sécurité, et la présidente du Rassemblement national (extrême droite), Marine Le Pen, a brocardé «le président du chaos, de la violence partout».
Au moment de la visite de M. Macron, un homme a été grièvement blessé par balles à Montpellier, et son pronostic vital est engagé, selon une source policière. Le tireur a pris la fuite dans un véhicule léger, et l’arme a été retrouvée sur les lieux.
LR/AFP