Après des émeutes urbaines considérées comme insurrectionnelles et jamais vues, les Français attendaient un électrochoc. Ils auront Borne encore avec un mini remaniement qui, à part quelques journalistes spécialisés, n’intéresse personne.
En reconduisant sans enthousiasme Élisabeth Borne à Matignon, Emmanuel Macron a fait le pari de la continuité face à une rentrée qui s’annonce difficile, en attendant de trouver la clé d’une équation politique délicate, faute de majorité absolue à l’Assemblée
Après un long suspense, le verdict est tombé: la Première ministre reste, le gouvernement fera l’objet de quelques «réajustements».
Emmanuel Macron a donc opté pour une réponse a minima au sortir des 100 jours qu’il s’était lui-même fixés le 17 avril pour relancer son quinquennat après la crise des retraites. «Rien ne presse. Il était urgent d’attendre. Cette séquence des 100 jours n’a fait l’objet d’aucune appropriation par les Français. C’est plus un message au microcosme», résume le directeur général opinion de l’Ifop, Frédéric Dabi.
Élisabeth Borne n’a en outre pas présenté sa démission pour être renommée, ce qui lui aurait redonné plus de poids politique, mais a été sobrement «maintenue» dans ses fonctions. Faute de majorité absolue, elle abordera la prochaine rentrée dans une position tout aussi acrobatique qu’en 2022, avec un budget à faire passer au forceps, sans doute au prix de nouveaux «49.3» à répétition. Avec en corollaire l’épée de Damoclès d’une motion de censure sur laquelle elle risque toujours de trébucher, dans une Assemblée prompte à s’enflammer.
Le spectre agité par Les Républicains, qui entendent peser sur le prochain budget, tout comme sur le projet de loi immigration pour lequel les concertations politiques patinent. En comptant «rassembler fortement» en vue de la rentrée, Emmanuel Macron croit-il encore en ses chances d’élargir sa majorité ? Emmanuel Macron a surtout félicité ses ministres après «une année très chargée» et leur a annoncé que des «réformes décisives» devront être conduites «à la rentrée», a appris BFMTV auprès de participants à ce dîner. Un pot de fin d’année qui pour certains a eu le goût amer du pot de départ.
Patrice Zehr