Le soleil ne se couche jamais sur le Royaume d’Elizabeth II, selon la formule consacrée du temps de son arrière-arrière grand’mère, la Reine Victoria.
Le Royaume britannique et ses territoires associés, les ex dominions (Elizabeth II est le chef d’Etat de quinze monarchies, statut sans équivalent au monde), s’étend toujours sur cinq continents, malgré la décolonisation, l’un des bouleversements géopolitiques majeurs du XXème siècle.
Pour conserver des relations étroites avec ses colonies en voie d’émancipation, le Royaume-Unis peut s’appuyer sur le Commonwealth , l’organisation créée en 1949 afin de regrouper tous les Etats ayant de forts liens historiques et linguistiques avec elle. Il compte aujourd’hui cinquante-quatre pays regroupant le tiers de l’humanité, contre seulement neuf lors de l’arrivée d’Elizabeth II sur le trône il y a exactement 70 ans (Royaume-Uni, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, Irlande, Afrique du sud, Pakistan, Inde et Sri Lanka). Un «îlot» de stabilité étonnant dans un monde bouleversé: le nombre d’Etats dans le monde, à la faveur de la décolonisation ou de diverses fragmentations nationales, a quasiment doublé depuis le début du règne d’Elizabeth II: à l’époque, on en dénombrait 109 contre plus de 200 aujourd’hui, sans compter une centaine de territoires indépendants, disputés ou reconnus seulement de facto. Si le Commonwealth est présidé par Elizabeth II qui ouvre chacun de ses Sommets annuels, seul un quart de ses membres la reconnaissent comme chef d’Etat (Australie, Canada, Nouvelle Zélande, une dizaine de pays des Antilles et du Pacifique). Trente trois d’entre eux sont des républiques (Inde, Pakistan, Afrique du sud, Nigéria, etc.) et cinq des monarchies (Brunei, Swaziland, Lesotho, Malaisie et Tonga) disposant de leur propre roi. Une absence de leadership qui interroge sur la signification politique du Commonwealth, le quotidien The Times allant jusqu’à évoquer en 1964 un «jouet sonore et creux».
P. Zehr