Gouvernement Le RNI exige…

Mezouar RNI

Dès le début, conscient du rôle de son parti, le N°1 du RNI, Salaheddine Mézouar, gonflé à bloc par les faucons du parti, n’a guère ménagé Abdelilah Benkirane.

Il a exigé le maximum: une nouvelle structure du gouvernement, un nouveau programme gouvernemental et, surtout, des ministères «importants», nous a confié un député RNI. Les portefeuilles sont celui de l’Economie et Finances avec en tête de ce département, nous a confié notre source, Mezouar lui-même qui mettrait à profit son expérience afin de redresser la barre; celui des Affaires étrangères et de la Coopération et, cerise sur le gâteau, un package qui engloberait des ministères clés, comme l’Energie et les Mines, l’Habitat, les Affaires générales et l’Education nationale.

Les faucons du RNI entendent ainsi profiter de la situation peu confortable dans laquelle se trouve Benkirane, qui n’a pas beaucoup le choix, étant lâché par l’Istiqlal (et le PAM et l’USFP lui ayant signifié sans détours leur refus de participer au gouvernement). Son allié, le PPS, se retrouve de son côté -par la force de la loi- dans l’impossibilité de former un groupe à la Chambre des représentants (minimum 20 députés).
Enfin, l’autre allié du PJD, le Mouvement Populaire, qui se découvre des appétits gargantuesques, surveille de très près les concertations PJD-RNI. Il dresse la liste des revendications. Son Bureau politique et son chef et ministre de l’Intérieur, Mohand Laenser, peinent à esquiver les attaques des Harakis, qui n’ont pas encore avalé le fait d’avoir été lésés dans le 1er gouvernement et pressent leur chef de file de réclamer à Benkirane de mieux les servir cette fois. Le chef du groupe Haraki à la Chambre des représentants, Mohand Moubdie, a été on ne peut plus clair, dans une déclaration aux médias: «Les portefeuilles du Tourisme et de la Fonction publique ne rapportent rien. Il nous faut désormais des ministères qui nous rapprochent des électeurs à la veille des prochaines élections».
Toutes ces exigences, formulées par le RNI et le MP, sont ainsi loin de faciliter la tâche du chef de gouvernement.
La forte pression exercée par le RNI sur Benkirane n’empêche cependant pas de croire que ce parti intégrera la coalition, même si l’heure est encore à la pure et dure consultation politique, en attendant les réunions des hautes instances du RNI et des autres partis alliés du PJD. Benkirane sait que le parti de la colombe, qui «Kaïbiî chbabou ghali» (vend sa jeunesse cher), nous a confié un PJDiste, reste la seule possibilité qui s’offre au gouvernement pour former une nouvelle majorité, après le retrait de l’Istiqlal. Le RNI, lui, est convaincu que, sans sa précieuse contribution, Benkirane ne pourra réussir la prouesse de former sa nouvelle coalition gouvernementale.
Si le RNI intègre le nouveau gouvernement, Abdelilah Benkirane aura réussi un véritable coup de poker, celui de faire adhérer un nouvel allié largement acquis à la gestion des affaires de l’Etat et qui en fera profiter les autres alliés. Mais pour réussir, les RNistes recommandent à leur chef de ne pas regarder du côté des anciens du parti qui se bousculent au portillon en quête de portefeuilles ministériels… Ils sont personæ non gratæ.

Majorité Crise politique ou duel de cow-boys?

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