Invité par la 1ère chaîne nationale (Al Oula), Benkirane qui répondait aux questions de 5 journalistes, explique et tente de rassurer…
Le gouvernement Benkirane version 2 coûtera plus cher au contribuable que Benkirane 1, économiquement s’entend. La nouvelle équipe compte en effet 39 ministres (dont 13 délégués), au lieu de 31 auparavant, soit une hausse de près de 25% des dépenses de fonctionnement de l’Exécutif. Au total, la masse salariale du gouvernement avoisine 0,5% du PIB, selon Abdelilah Benkirane. Invité par la chaîne marocaine Al Oula, dimanche 13 octobre, le chef de gouvernement explique que la hausse des titres ministériels est dictée par «l’intérêt général du pays».
Difficile à comprendre… Au moment où la lettre de cadrage au titre de l’exercice 2014 fait état d’une diète budgétaire, voici que le gouvernement se trouve engraissé, accentuant l’inflation des postes budgétaires ? Interrogé sur cette mesure paradoxale, surtout lorsqu’on sait que le gouvernement d’un pays comme la Chine ne compte que 27 ministres, Benkirane esquive en mettant en avant les impératifs de l’efficience de la gestion et l’efficacité économique. Question de rompre avec la mauvaise expérience aux côtés du Parti de l’Istiqlal, bien que Benkirane se garde de parler d’échec. C’est ce qui justifie à ses yeux, par exemple, la nomination de l’ancien patron des patrons, Moulay Hafid Elalamy, à la tête du ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Economie numérique, en compagnie de deux ministres délégués. Tous les moyens sont bons pour l’Exécutif pour atteindre ses ambitions.
43 MMDH de compensation
Le ton optimiste, il prévoit de boucler l’année 2013 avec des charges de compensation de l’ordre de 43 milliards de dirhams. Sans compter, bien sûr, les arriérées de paiement qui s’élevaient à 14 milliards de dirhams à fin août dernier, ni les frais de l’assurance internationale (500 millions de dirhams) souscrite pour se prémunir contre les variations des prix pétroliers.
Certes, le total de 43 milliards est nettement inférieur au pic de 2012 qui culminait à 56 milliards de dirhams, mais représente toujours un surcoût pour les finances publiques qui peinent à retrouver leur équilibre.
Benkirane promet de mettre les bouchers doubles pour y parvenir, avec l’amorce de la réforme de cette Caisse de compensation via la mise en place du dispositif de l’indexation partielle.
Il assure que la réforme continuera sa voie jusqu’au bout, quoiqu’il n’ait rien dévoilé sur les mesures d’accompagnement au profit des couches pauvres.
Il se veut pourtant rassurant sur les limites du déficit budgétaire. Il pense que la Ligne de précaution et de liquidité (LPL) de près de 6,2 milliards octroyée par le FMI servira de matelas de sécurité, bien que la «commission demeure très coûteuse», informe-t-il.
Hausse du prix du pain
Par ailleurs, il se montre très prudent face au dossier chaud du prix du pain.
Tiraillé entre les pressions des boulangers-pâtissiers et le risque des protestations populaires, il finit par adopter un discours ambivalent, voulant que la hausse prévue exclue les classes défavorisées, mais souhaitant que les Marocains soient compréhensifs.
Mohamed Mounjid