Grande Bretagne : Tacher, dirigeante d’une autre époque

 

L’anachronisme est une des maladies séniles de la modernité. Il s’agit de juger le passé par rapport aux valeurs du présent. C’est certes plus facile que d’assumer des choix pour son temps.

 

margaret-thatcher-afp

 

 Ainsi, on peut tout dire sur «la dame de fer», mais certainement pas se mettre à sa place en son temps. Car cette époque si proche est déjà bien lointaine. Une autre époque et presque un autre monde.

Aujourd’hui, quel dirigeant d’un grands pays démocratique pourrait laisser des opposants même violents mourir de faim en détention? Tatcher l’a fait. Pour comprendre, sinon excuser, il faut se replacer dans un contexte oublié.

 

La situation en Ulster se dégrade au début de son mandat. Lord Mountbatten, oncle de la reine et organisateur de l’indépendance de l’Inde, est assassiné par l’IRA en 1979. Des attentats visent Hyde Park et Regent Street en 1982, faisant 23 morts, puis Harrods en 1983, faisant 9 morts. En octobre 1984, l’explosion d’une bombe à retardement de l’IRA au Grand Hôtel de Brighton, où se tient le congrès annuel du parti conservateur, manque de provoquer la mort de Margaret Thatcher et de plusieurs membres de son gouvernement. En 1987, l’attentat d’Enniskillen fait 11 morts… Mais qui le rappelle?

En 1981, plusieurs membres de l’Armée républicaine irlandaise provisoire et de l’Irish National Liberation Army, emprisonnés à la prison de Maze, lancèrent une grève de la faim pour obtenir le statut de prisonniers politiques, qui leur avait été retiré cinq ans plus tôt par les travaillistes. Malgré la mort de 10 prisonniers (dont le plus connu est Bobby Sands), Thatcher se montra inflexible, déclarant par exemple qu’«un crime est un crime; ce n’est pas politique». Néanmoins, elle leur accorda le statut ultérieurement et explora une solution négociée au conflit. On en pensera ce qu’on veut, mais l’exemple est frappant et on peut le multiplier en restant dans la politique internationale. Pour le reste, on connaît son ultra-libéralisme, sa haine des syndicats de gauche et les dégâts causés par sa politique sociale et industrielle dans un sauvetage au forceps d’une économie qui était à la dérive.

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Après plusieurs années de conflit larvé, l’Argentine, alors dirigée par les généraux, attaqua le 2 avril 1982 deux petits archipels britanniques dans l’Atlantique Sud: les Malouines et la Géorgie du Su. Thatcher décida rapidement de recourir à la force contre cet acte de guerre. Dès le 5 avril, une flotte dirigée par l’amiral Sandy Woodward appareilla pour l’Atlantique Sud et la Géorgie du Sud fut reprise le 25 avril. La reconquête des Malouines a pris trois semaines (21 mai-14 juin) et fait 293 morts britanniques, contre 712 Argentins.

La guerre des Malouines (Falklands War) se solda par la défaite de l’armée argentine et, par conséquent, a précipité la chute de la dictature militaire. L’inflexibilité de Margaret Thatcher dans ce conflit a partiellement contribué à son surnom de Dame de Fer et à sa première réélection. Parallèlement, elle a remercié bien plus tard le général Augusto Pinochet pour le soutien qu’il avait apporté à l’armée britannique durant le conflit en mettant à sa disposition les radars chiliens et en recueillant les blessés. Elle l’a encore remercié publiquement et personnellement en 1998 après sa mise en résidence surveillée en Grande-Bretagne suite à un mandat d’arrêt international lancé par le juge espagnol Baltasar Garzón pour les violations des droits de l’homme commis sous le régime de la dictature militaire. Cela allait lui valoir bien des haines.

Afghanistan : Le retour des Britanniques

Margaret Thatcher adopte une politique opposée à l’URSS et à ses satellites. En 1979, elle condamne l’invasion par l’Armée rouge de l’Afghanistan. En 1980, à la suite de cette invasion, la Grande-Bretagne fait partie des 50 pays qui boycottent les Jeux Olympiques de Moscou. Jusqu’en 1985, elle renforce les moyens militaires anglais, avec une hausse du budget de la défense de 21,3% entre 1979 et 1985. Avec la détente et l’arrivée au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev, les relations s’améliorent.

Ronald Reagan la surnommait «the best man in England», alors qu’elle le qualifiait de deuxième homme le plus important de sa vie. Les deux dirigeants se sont apporté à maintes occasions un soutien réciproque inébranlable.

Margaret Thatcher expliquait également son hostilité à l’égard de l’Union européenne par la trahison de cette dernière à ses principes fondateurs et sa dérive vers un fédéralisme diminuant la souveraineté des nations.

L’évolution de l’union dont la GB songe aujourd’hui à sortir ne lui donne pas tort, même si on peut juger que justement l’avenir de l’Europe, c’est le fédéralisme. Margaret Tatcher régnait donc comme un monarque impitoyable sur une GB qui n’existait plus, mais dont elle a maintenu la fiction grâce à sa volonté… de fer.

 

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