Grève des transporteurs : La trêve n’est pas appliquée par tous !

Grève des transporteurs : La trêve n’est pas appliquée par tous !

La crise des transporteurs semble faire «tache d’huile sur toute l’économie nationale». Certains secteurs ont connu d’importantes perturbations lors de la grève des transporteurs.

Ce lundi 5 novembre, les producteurs-exportateurs n’avaient aucune idée sur la date de la fin de la grève. «Le ministère de l’Equipement et du Transport a annoncé qu’il a tenu une réunion avec les représentants des transporteurs, à l’issue de laquelle ces derniers ont décidé de mettre fin à leur débrayage. Mais toujours est-il que certains syndicats ne sont pas du même avis. D’ailleurs, certains producteurs-exportateurs ont une quantité importante de leurs marchandises dans les stations de conditionnement et dans leurs vergers», affirme un producteur de la région de Souss-Massa. Et celui-ci d’ajouter: «Le mouvement est en perte de vitesse. La région de Souss-Massa commence à donner des signes de retour à la normale, lundi 5 novembre. Mais dans certaines zones, il semble encore s’intensifier. Certains syndicats, qui refusent l’accord entre le ministère et les transporteurs, n’ont pas appliqué la trêve. Ce qui continue de constituer un souci au niveau de la logistique et des délais de livraison».

A l’Association marocaine des producteurs et exportateurs de fruits et légumes (APEFL), on indique que, malgré des signes d’amélioration, les transports sont encore perturbés, affectant de plein fouet le secteur des fruits et légumes, notamment sur le plan national. «La situation reste critique.

Il n’y a pas beaucoup de marchandises et tout est très cher», a d’ailleurs affirmé, cette semaine, un vendeur de fruits et légumes à Casablanca.

Ceci étant, la colère des exportateurs des fruits et légumes atteint son paroxysme. Les producteurs-exportateurs ne savent plus où donner de la tête. Leur secteur, qui figure parmi les branches les plus touchées par la grève des transporteurs, a connu d’importantes perturbations. C’est apparemment dans la zone de Sous- Massa que le mouvement a eu le plus d’impact. «La grève déclenchée par les transporteurs a porté un énorme préjudice aux exportations des fruits et légumes. Dans la zone de Souss-Massa, par exemple, l’activité est à l’arrêt depuis plusieurs jours. On n’arrive pas à acheminer nos produits aux ports d’embarquement.

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Si la grève se poursuit encore pendant quelques jours, le secteur ira vers la catastrophe», prévient un producteur-exportateur de la région de Souss-Massa.

Samir Belghol, directeur de l’Association marocaine des producteurs et exportateurs de fruits et légumes, déclare que le débrayage des transporteurs «a bloqué toute l’activité agricole, notamment le transport de la ferme à la station de conditionnement». Il précise que, s’il est impossible pour l’heure de quantifier les dégâts, il faut signaler que la grève se traduit par de grosses pertes pour le secteur.

Le directeur de l’APEFEL dénonce l’immobilisation par les grévistes de leurs propres camions qui devraient permettre de limiter les pertes subies par le secteur. «Les grévistes empêchent les producteurs et les stations de conditionnement de transporter leurs produits par leur propres véhicules», déplore Samir Belghol.

La clémentine fait les frais de l’export des agrumes

Pour le Secrétaire général de l’Association des producteurs d’agrumes au Maroc

(ASPAM), Ahmed Derrab, la situation des producteurs-exportateurs d’agrumes est également inquiétante à cause des grèves répétitives organisées par les professionnels du transport et «sans que les exportateurs ne soient avertis», déplore-t-il. «Ces gens décident de tenir leur grève à la dernière minute. C’est ce qui nous a créé de grandes perturbations. Nous respectons le droit de ces transporteurs de faire une grève, mais il faut aussi respecter le droit des producteurs de transporter leurs marchandises par leur propres véhicules», souligne le SG de l’ASPAM.

A ce jour, précise-t-il, l’Association n’a pas encore dressé un bilan chiffré des pertes subies. En tout cas, «la grève touche de plein fouet le secteur des agrumes.

Les pertes sont considérables. D’ailleurs, jusqu’à jeudi dernier (1er novembre), nous avons perdu deux à trois semaines d’exportations en début de campagne. Ce sont des tonnages et des sommes d’argent très importants», explique Derrab.

Pour le SG de l’Association, les dommages supportés se situent à plusieurs niveaux. «Les produits que nous exportons sont par définition périssables. Ils ne peuvent donc supporter ni retard, ni rupture de charge. Chaque jour qui passe entraîne beaucoup de pertes pour les exportateurs d’agrumes.

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Et tout retard se répercute sur la qualité et la fraîcheur du produit, puisque la durée de vie des fruits et légumes est limitée», précise-t-il. «Nous sommes liés, poursuit-il, par des contrats avec nos clients sur pratiquement toute une campagne et par groupe de variétés». Non sans colère, le SG de l’ASPAM souligne: «C’est toute l’organisation du travail qui a été mise à mal. Cela va de la cueillette à l’interruption de l’activité des stations de conditionnement et l’acheminement des produits vers les points d’export. Les retards ont porté un sérieux coup à la qualité et à la fraîcheur des produits». Un coup dur pour l’image de la marque marocaine, voire la crédibilité des exportateurs marocains chez les importateurs, explique Ahmed Derrab. Actuellement, ce sont les clémentines qui en ont fait les frais pour ce qui est de l’export, ajoute le SG, soulignant que les clients basculent déjà vers la concurrence, en l’occurrence l’Espagne, l’Egypte et la Turquie qui commencent aussi à produire la clémentine.

La FISA porte plaintecontre El Othmani

La crise semble faire «tache d’huile sur toute l’économie». A la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (Fisa), pour ne citer que cet autre secteur, on parle également de conséquences graves sur l’acheminement du poulet de chair et des oeufs vers les marchés, ainsi que de l’approvisionnement des unités d’élevage en aliments. La FISA va encore plus loin.

Devant de telles pertes, elle décide de porter plainte contre le chef de gouvernement, Saad-Eddine El Othmani, pour «non protection des biens d’autrui et des personnes» durant la grève des transporteurs.

Dans ce cadre, la FISA fait état de plusieurs cas de caillassage des transporteurs par les grévistes et de déchargement de la volaille sur la voie publique. Un dossier à suivre…

Naîma Cherii

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