Tous ceux qui attendaient l’issue de la comparution d’Israël devant la Cour Internationale de Justice (CIJ), en espéraient un résultat avant tout autre: qu’elle puisse mettre fin au massacre de la population de Gaza.
Un espoir bien naïf, pourtant ardemment porté par des millions de citoyens de par le monde,prêts à faire fi de tous les tenants et aboutissants de cette guerre, pour ne penser qu’aux quatre mois de bombardements ravageurs et leur cortègede morts: quelque 30.000 en comptant ceux dont les corps se décomposent sous les décombres ; de quartiers rasés: Gaza est aujourd’hui aux deux tiers inhabitable ; et d’horreurs de toutes sortes: bombes au phosphore blanc, corps déchiquetés, populations traquées, gaz-eau-électricité coupés, hôpitaux assiégés ou soufflés, arrivée de médicaments et nourriture bloquée, famine, épidémies et autre atrocités à volonté…Ne penser donc qu’à cet innommable calvaire etappeler de tous leurs vœux, un miraculeux cessez-le-feu.
Seul ce résultat aurait donné à cette saisine de la CIJ tout son sens.
Or, que s’est-il passé après que la CIJ a rendu son ordonnance ?
…Rien.
Juste quelques autocongratulations pour avoir obligé Israël à comparaître devant la Cour de l’ONU et lui avoir infligé quelques révisions du droit international et rappels de conventions qu’il ne considère manifestement pas comme lui étant impérativement opposables.
La Cour n’a même pas pu se prononcer sur le cessez-le-feu. La CIJ faisant partie de la structure de l’ONU, il ne lui aurait pas été possible -expliquent des juristes- de statuer sur un cessez-le-feu que le Conseil de Sécurité n’a pas réussi à voter (empêché en cela par le véto américain).
Il ne s’est donc rien passé.
Ni moins de bombes, ni moins de morts, ni un traître petit effet de l’ordonnance de la CIJ sur le cours de cette guerre.
Le représentant d’Israël a bien approuvé et signé le point de l’ordonnance onusienne concernant la facilitation de l’entrée de l’aide humanitaire dans la Bande de Gaza, mais la population Gazaouie continue de mourir de soif, de faim et de manque de soins…
Pire… Comme dans une sorte de parade pour détourner l’attention de cette ordonnance, le Gouvernement Netanyahu s’est aussitôt attaqué à l’UNRWA, l’Agence onusienne pour les réfugiés palestiniens, l’accusant d’être «infestée par les hommes du Hamas». Douze des fonctionnaires de cet Office humanitaire onusien, soupçonnés d’avoir participé à l’attaque du 7 octobre contre Israël ont immédiatement été déchargés de leurs fonctions, en attendant l’enquête indépendante que réclame l’Agence. Mais cela n’a pas suffi à Benyamin Netanyahu qui veut faire cesser toute activité de l’UNRWA, créée en1949 par l’Assemblée générale de l’ONU et dont la mission s’est toujours poursuivie depuis.
Or, neutraliser l’UNRWA, c’est retirer à la population de Gaza sa dernière planche de salut ; c’estcondamner définitivement, en l’interdisant, ce principalsoutien humanitaire de la communauté internationale à cette population ; et c’est livrer intégralement le sort des habitants de ce territoire au bon vouloir absolu d’un Gouvernement extrémiste, comme Israël n’en a jamais connu.
Une chose est sûre, les allégations de Benyamin Netanyahu ont porté leurs fruits. Une dizaine de pays se sont empressés de suspendre leur soutien financier à l’UNRWA, suivant en cela les Etats Unis, premiers à annoncer cette suspension, mais qui n’auraient finalement gelé qu’une petite partie de leur contribution (300.000 dollars seulement sur les 121 millions de dollars que compte la subvention américaine allouée à l’UNRWA).
Il ne reste plus à ceux qu’accablent, désespèrent, voire révoltent, les dizaines de Morts quotidiens à Gaza, que l’arlésienne d’un accord entre Israël et Hamas, via les mille et une médiations, sur un cessez-le-feu durable engageant toutes les parties et, surtout, respecté par toutes les parties.
La saisine de la CIJ aura donc peut-être été un grand coup… Mais un coup d’épée dans l’eau, au vu de son impact nul sur le terrain des combats.
B. Amrani