L’Exécutif a décidé d’augmenter le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG). Cependant, le patronat exige une compensation.
Le gouvernement a annoncé une hausse du SMIG de 10%. Cette hausse sera appliquée en deux tranches: la première de 5% à partir de 1er juillet 2014 et la seconde de 5% dès le 1er juillet 2015. Résultat, le SMIG atteindra 2.530 dirhams (DH) dans le secteur privé. Il passera ainsi à 12,85 DH par heure avant de s’établir à 13,46 DH dès juillet 2015. S’agissant de la Fonction publique, le SMIG sera fixé à 3.000 DH. Le même niveau de hausse sera également appliqué au salaire minimum agricole garanti (SMAG) qui s’élèvera à 66,55 DH par jour à partir de juillet 2014, avant de se situer à 69,72 DH à la même période de l’année prochaine.
Le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, a indiqué qu’après avoir examiné les revendications des centrales syndicales et de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), l’Exécutif a décidé d’augmenter le SMIG dans les secteurs public et privé. Toutefois, la CGEM a tiré la sonnette d’alarme en rendant public un communiqué incendiaire suite à l’annonce de l’augmentation du SMIG. L’association patronale «tient à exprimer ses regrets et sa vive inquiétude quant à cette hausse du coût de travail qui s’inscrit en décalage total avec l’objectif de la nouvelle stratégie de relance industrielle 2014-2020, mise en place par le gouvernement et visant à créer 500.000 nouveaux emplois en 7 ans», dit le communiqué. Cette hausse érodera davantage la compétitivité de l’industrie marocaine, aura un impact sur l’emploi industriel et poussera les entreprises à basculer dans l’informel, déplore la CGEM qui avance: le gouvernement a pris «unilatéralement la décision politique» d’augmenter le SMIG. De ce fait, le patronat appelle à «un véritable sommet social sur le coût du travail et sur la compétitivité de l’entreprise en vue de sauvegarder l’emploi et la création de valeur ajoutée marocaine».
Par contre, les propositions du gouvernement de relever le salaire minimum dans la Fonction publique à 3.000 dirhams et d’augmenter de 10% en deux tranches le SMIG ne satisfont pas les attentes minimales de la classe ouvrière et des salariés en général, selon un communiqué de trois centrales syndicales, à savoir la Confédération Démocratique du Travail (CDT), la Fédération Démocratique du Travail (FDT) et L’Union Marocaine du Travail (UMT).
Le gouvernement, lui, a défendu sa décision d’augmenter le SMIG. Mustapha El Khalfi a appelé les entreprises à interagir positivement avec la décision d’augmentation du SMIG. «Les entreprises marocaines sont appelées à appréhender la profondeur de l’augmentation du SMIG et à interagir positivement avec cette décision», a déclaré le porte-parole du gouvernement. La décision d’augmenter le SMIG est loin d’être isolée puisqu’elle s’inscrit dans une série de décisions prises par le gouvernement en vue de concevoir une politique publique globale et intégrée, renforcer la paix sociale et drainer davantage d’investissements, toujours selon la même source. Le ministre a également rappelé que cette décision fait suite à un processus de négociations et à un dialogue social décliné en sept rencontres, dont les deux dernières ont connu la participation de la CGEM. De ce fait, le patronat marocain est invité à adhérer aux efforts visant à traduire dans les faits les dispositions de cette décision purement «sociale» qui tient à «l’amélioration des conditions sociales difficiles de plusieurs couches de la société», selon le ministre. Celui-ci a cité à ce propos les décisions du gouvernement d’adopter une avance sur exécution relative aux marchés publics, de supprimer la règle de décalage pour le paiement de la TVA et d’amender les opérations de prélèvement automatique sur les comptes des clients et des banques.
De son côté, le Secrétaire général du parti de l’Istiqlal, Hamid Chabat, a qualifié de «poudre aux yeux» l’augmentation du SMIG accordée par l’Exécutif. Le chef du parti de la balance estime que le gouvernement a échoué et qu’il est incapable de relancer l’industrie. Il l’explique par les usines qui ferment, le chômage qui s’aggrave, le pouvoir d’achat qui rétrécit et la liberté des syndicats qui n’est pas assurée.
Cette mesure se reflètera sur la masse salariale, un des principaux points de vulnérabilité du Maroc. D’ailleurs, le Fonds monétaire international (FMI) avait précisé que «la rémunération moyenne dans le secteur public représente 3,5 fois le PIB par habitant au Maroc, contre 2,5 fois dans la région et 1,5 fois au niveau mondial».
Généralement, une hausse du SMIG oblige les employeurs à augmenter les salaires à ce niveau. Ce qui représente une charge supplémentaire et peut les conduire à devoir licencier. Il faut dire que les petites et moyennes entreprises (PME) et les très petites entreprises (TPE) seraient pénalisées par cette décision puisqu’elles ne seraient pas en mesure d’absorber une augmentation de la masse salariale. Compte tenu des marges très faibles dégagées par les TPE, l’impact de cette hausse sera fort et se traduira par une limitation des embauches.
Il est à noter que le gouvernement a également décidé de réaliser une étude sur l’élargissement de la couverture médicale pour bénéficier aux parents des assurés en réaffirmant son ouverture sur le dialogue avec les syndicats en tant que partenaires sociaux principaux.
Anas Hassy
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Evolution du SMIG entre 2008 et 2014 Durant l’année 2008, le SMIG était situé à 9,66 DH par heure, ce qui correspondait à près de 1.800 DH par mois (brut). Après de nombreuses négociations entre le gouvernement marocain et les différents syndicats, le SMIG s’est élevé à 10,64 DH/h, ce qui revenait à 2.110 DH/mois pendant l’année 2009. |
AH