Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) a évalué, dans une étude intitulée « Pandémie covid-19 dans le contexte national: Situation et scénarios » et publiée samedi, les différentes options de déconfinement de la pandémie et leurs impacts sanitaires au Maroc.
La propagation d’une pandémie dépend selon le modèle SIR du nombre initial des infectés actifs et du nombre de reproduction (R0) qui comporte 3 paramètres (le nombre moyen « C » de contacts d’un individu, la probabilité « P » d’être infecté au moment d’un contact et la durée « J » pendant laquelle un individu est contagieux). En agissant sur ces paramètres ainsi que sur les périmètres de population considérés, il est possible de modéliser différents scénarii de déconfinement en tenant compte des différentes mesures sanitaires (distanciation physique, autoprotection, test et isolement), indique le HCP dans cette étude.
Il s’agit de scénarii de référence d’évolution naturelle, tendanciel, de déconfinement généralisé, de déconfinement large et de déconfinement restreint, fait savoir la même source.
Le premier scénario suppose une évolution naturelle de la pandémie sans aucune barrière qui s’étend ainsi à la majorité de la population jusqu’à ce qu’une immunité collective éventuelle soit acquise. Ce scenario théorique, qui permet en fait de mesurer les acquis des autres scénarii, aboutirait à un pic de l’épidémie, atteint tôt avec un nombre très élevé de cas infectés induisant une forte pression sur le système sanitaire et un taux de létalité élevé. Il se traduirait à terme par une contamination d’environ 80% de la population.
Le deuxième scénario tendanciel prévoit le prolongement de la situation actuelle toutes choses étant égales par ailleurs, c’est-à-dire toutes mesures déjà prises étant maintenues. La simulation de la poursuite du confinement grâce au modèle mathématique utilisé aurait abouti à un nombre total d’infectés cumulés à 7.800 cas vers le début de juillet et un nombre d’infectés cumulés actifs aux alentours de 3.200 cas, ainsi qu’à une tendance dégressive vers un chiffre faible à fin juillet.
« Du point de vu épidémiologique, tant qu’il n’y a pas un vaccin ou une immunité communautaire acquise, le SARS-COV2 continuera à se propager avec un risque de rebond. Dès lors, il est nécessaire d’envisager des scénarios de déconfinement à impact économique et social positif mais tout en contrôlant d’une part les risques de transmission et d’autre part la pression sur système de santé national », recommande le HCP.
Concernant le troisième scénario, il envisage le déconfinement de l’ensemble de la population âgée de moins de 65 ans, non atteinte de maladie chronique (27,5 millions). Ce scénario déclenché suppose un nombre 2.000 cas infectés actifs au moment du déconfinement.
Le quatrième scénario de déconfinement de la population active occupée âgée de moins de 65 ans et de la population âgée de moins de 15 ans, non atteinte de maladie chronique (16,7 millions) a pour objectif d’ouvrir l’économie avec en même temps un retour progressif des activités sociales. Il suppose également un nombre de 2.000 cas infectés actifs au moment du déconfinement.
La simulation donnerait dans cette situation 31.663 cas confirmés positifs en 100 jours avec un pic de 3.200 cas infectés actifs, ce qui se traduirait par un besoin maximal de 3.200 lits d’hospitalisation (100% d’hospitalisation), de 160 lits de réanimation (5% des infectés actifs) et aboutirait à 1.266 décès (4% des infectés cumulés).
Pour ce qui est du scénario « restreint », il suppose le déconfinement de la population engagée dans l’économie, représentée ici par la population active occupée âgée de moins de 65 ans non atteinte de maladie chronique (7,9 millions). Il a pour objectif d’ouvrir l’économie sans compromettre la population qui présente un risque élevé de développer des complications vis-à-vis de cette maladie. Ce scénario, qui prévoit 2.000 cas infectés actifs au moment du déconfinement, aboutirait à un niveau de 18.720 cas confirmés positifs cumulés en 100 jours avec un pic de 3.200 cas infectés actifs.
L’élaboration des scénarios sur les évolutions possibles de la situation pandémique dans notre pays, dans une perspective de sortie du confinement telle qu’elle a été conçue, comme un exercice à caractère plutôt méthodologique, voire pédagogique, et ses conclusions comme de simples indicateurs de tendances, utiles pour alerter l’opinion publiques, provoquer les chercheurs et éventuellement éclairer les centres de décision, sans prétention ni à une compétence exclusive ni à une exhaustivité thématique ni à une légitimité institutionnelle particulière, a souligné le Haut-commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi Alami, dans la préambule de cette étude.
L’objectif assigné à cet exercice est ainsi, avant tout, de doter le HCP d’une base expérimentale de savoir sur un thème nouveau qu’il devrait capitaliser ultérieurement pour une meilleure connaissance du contexte national de la pandémie, lorsque les conditions de sortie du confinement auront été décidées par les autorités compétentes et qu’une information plus complète, plus désagrégée et, espérons-le régionalisée, serait plus disponible, a-t-il ajouté.
LR/MAP