Selon le HCP, le taux de chômage a légèrement régressé pour ressortir à 9,1% au terme du troisième trimestre 2013. Toutefois, l’essentiel des postes créés sont des emplois non rémunérés et «en quasi-totalité occupés par une main-d’œuvre féminine».
A en croire le Haut-commissariat au plan (HCP), le taux de chômage a enregistré une baisse pour se situer à 9,1% au terme du troisième trimestre de l’année en cours, contre 9,4% un an plus tôt. Ainsi, le Maroc compte 1.076.000 de chômeurs au lieu de 1.098.000 au troisième trimestre de l’année 2012, selon la dernière note relative au marché du travail. La lecture de cette dernière montre que les trois quarts des 139.000 emplois créés sont «de type non rémunéré et en quasi-totalité occupés par une main-d’œuvre féminine». Un emploi du temps sans grande valeur ajoutée pour l’économie. D’autant plus vrai que c’est le secteur primaire, essentiellement l’agriculture, qui est à l’origine de ces créations, étant donné les performances de la dernière campagne agricole avec une production de céréales culminant à 97 millions de quintaux. L’envol généré de la valeur ajoutée agricole de 14,7% est donc à l’origine de cette petite amélioration des créations d’emplois, mais dissimule les incertitudes de la conjoncture économique. Preuve en est que le taux d’activité est tombé de 48,7% à 48,5%. Il en est de même pour le taux d’emploi qui a reculé de 0,1 point pour se situer à 44%.
Qualité fragile des emplois
Au même titre que le taux de sous-emploi, qui s’est aggravé pour s’établir à 9,4% au lieu de 9%, des indicateurs informent sur la qualité fragile des emplois créés en ligne avec la faible productivité du travail et les déséquilibres du marché en général, comme l’a indiqué à maintes reprises l’institution officielle chargée de la production statistique. Ce qui laisse dire que le léger repli du chômage n’est que conjoncturel et ne reflète pas la vraie tendance de l’économie nationale qui a perdu tout de même bon nombre d’emplois dans des secteurs clés censés tirer la locomotive de la croissance. Et voilà que la relation entre cette dernière et l’emploi est remise au goût du jour, sachant qu’au Maroc, l’évolution de la croissance ne rime pas avec celle des emplois créés, selon l’économiste Mohamed Chiguer, soulignant qu’un point de PIB crée 30.000 emplois nets, avant de mettre en question les arbitrages entre travail rémunéré et travail non rémunéré. A son avis, il faut manier ces chiffres avec prudence eu égard à la méthodologie suivie. «Je n’arrive pas à concevoir comment le HCP a pu mesurer le travail non rémunéré, alors qu’on comptabilise les emplois créés à travers les salaires et les revenus octroyés?», s’interroge-t-il.
Destructions d’emplois !
Par ailleurs, le département de Lahlimi révèle que le secteur du BTP a marqué la destruction de 54.000 emplois, soit une détérioration annuelle de 5,6% en volume. Il s’agit du repli le plus important depuis l’amorce de l’essoufflement observé il y a deux ans, est-il ajouté. Les industriels ne sont pas mieux lotis que les promoteurs immobiliers, puisque l’industrie nationale a perdu 27.000 emplois sur la même période de référence. Le détail des suppressions d’emplois fait ressortir des variations contrastées entre le milieu urbain et celui rural. S’agissant du premier, abstraction faite pour le secteur des «services» qui a créé 93.000 postes d’emploi, toutes les autres activités ont affiché des destructions d’emplois. En effet, les trois secteurs que sont l’industrie, le BTP et «l’agriculture, forêt et pêche» ont perdu respectivement 44.000, 39.000 et 8.000 postes d’emploi. En milieu rural, outre le secteur de l’agriculture, forêt et pêche et celui de l’industrie avec 164.000 et 17.000 postes créés, ceux des services et du BTP ont en revanche enregistré des suppressions respectives de 29.000 et de 15.000 emplois.
Mohamed Mounjid