Heure légale : Mais jusqu’où ira l’entêtement du gouvernement ?

Cette question de l’heure légale que le gouvernement a subitement décidé d’aligner définitivement sur l’heure d’été (GMT+1), n’est plus seulement irritante, ni risible, ni même kafkaïenne. Elle devient dangereuse pour la paix sociale dans le pays.

En effet, les Marocains –et notamment les élèves et leurs parents- ont d’abord été irrités par cette décision qui leur est tombée dessus, à 48h seulement du retour annoncé de l’heure d’hiver. Et ils avaient bien raison d’être irrités ! Notamment, en apprenant que pour la pause déjeuner, une seule heure était accordée aux établissements scolaires, au lieu des deux heures qui, jusque-là, permettaient aux enfants d’aller déjeuner chez eux (aucune structure -cantine ou salle de repos- n’étant prévue pour qu’ils le fassent sur place). Sans parler des parents, dont les horaires de l’école et ceux de leur administration, étaient inconciliables. Les deux heures ont été rétablies, mais il n’y avait pas que ce point de désaccord…

Irrités, donc. Puis, incrédules devant le patinage d’un gouvernement qui annonce décision après décision -tantôt concernant les horaires de l’administration, tantôt ceux des écoliers, ou encore ceux des collégiens- et qui multiplie les arguments les plus gauches pour les justifier, les Marocains ont ri au fur et à mesure… Et déployé tout l’art de leur humour populaire sur les réseaux sociaux. Caricatures et vidéos sont tombées en pluie sur la toile… Comme autant de coups de canifs portés à la crédibilité de l’exécutif.

Gouvernement : El Othmani et les ministres en tournée dans les 12 régions

Mais cela n’a pas arrêté l’équipe El Othmani qui s’est embourbée dans une nouvelle série de variétés d’horaires, en autorisant chaque AREF (académie régionale d’éducation et de formation) à fixer ses propres horaires -valables pour ses seuls élèves- et chaque fonctionnaire à choisir sa tranche d’horaire, à condition d’effectuer la  totalité de ses heures de travail…

Les Marocains se sont retrouvés, ainsi, complètement désorientés, à écouter égrener, le soir à la télévision, les horaires arrêtés par une académie, puis ceux choisis par une autre et une autre encore… De l’insolite jusqu’au bout ! Quant à la tourmente des citoyens et à leur rejet de cette heure d’été en hiver, pas un seul instant le gouvernement n’a semblé en mesurer la gravité.

Et voilà que, pour la 1ère fois dans l’Histoire du Maroc, de petits écoliers (il ne manquait plus qu’eux !) sont descendus dans la rue, manifester. Relayés par les lycéens dans plusieurs villes du pays, il n’y avait plus qu’un pas avant que les casseurs ne les rejoignent… Pas vite franchi. On a vu ce qu’il en est advenu à Marrakech, par exemple, où des devantures de banques et de commerces ont été saccagées…

Les Marocains ne décolèrent pas. Et pour cause ! Rien dans toute cette démarche du gouvernement ne semble rationnel. Aujourd’hui encore, en écoutant le ministre délégué chargé de la Réforme de l’Administration et de la Fonction publique, Mohamed Benabdelkader, annoncer (mardi 13 novembre) que «le maintien de l’heure d’été -ou son retrait- dépend des résultats de son évaluation tout au long de la période hivernale, allant de novembre 2018 à avril 2019», on ne sait s’il faut en rire ou en pleurer ?! Quoi ? Désormais, c’est devenu du provisoire ? Un test jusqu’à avril ? Alors que le chef de gouvernement disait que la décision était définitive et que c’est la postérité qui le jugera ? Toutes ces perturbations infligées aux millions de Marocains et, à la fin, entendre le ministre Benabdelkader leur dire qu’une étude a conduit le gouvernement, dans un 1er temps, à prendre cette décision du maintien de l’heure d’été, et qu’une 2ème phase de l’étude, en cours jusqu’à avril 2019, servira à évaluer l’expérience ? …Que c’est le résultat de cette 2ème phase de l’étude qui fera que l’heure d’été sera maintenue ou changée ? Et les citoyens dans tout ça ? Des cobayes ? L’étude n’a-t-elle jamais parlé de concertation ? De préparation ? Autant le dire tout de suite au gouvernement, si l’évidence ne lui saute pas aux yeux: inutile d’attendre les résultats du test, fin avril. Le désarroi et la colère des Marocains sont assez clairs. Le maintien de l’heure d’été ne leur convient pas. S’entêter, c’est les pousser aux extrêmes. Il faut donc arrêter de tergiverser… Et mettre fin à cette grande pagaille !

Abderrahim Manar Slimi, président du Centre maghrébin pour les études sur la sécurité et l'analyse des politiques

Bahia Amrani

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