Immigration La leçon suisse

Pourquoi méditer le cas de la Suisse ? Parce que, cette semaine, l’ONG Human Rights Watch (HRW) tenait une conférence au Maroc pour présenter son tout dernier rapport sur l’immigration dans ce pays. Et sa conclusion –on pourrait dire sa sentence- est accablante pour le Royaume.

En effet, il a été moins question de la nouvelle politique migratoire du Maroc et des dispositifs mis en place (et en application) pour régulariser les immigrés en situation illégale, que des cas de violation enregistrés aux frontières du Nord et de l’Oriental (selon HRW: brutalité des forces de l’ordre, co-responsabilité dans les violations, voire complicité, des autorités frontalières marocaines et espagnoles, non-assistance judiciaire des clandestins…).
Bref… Le Maroc, encore une fois –et malgré les efforts gigantesques qu’il croit avoir faits pour résoudre les problèmes migratoires sur son territoire- est mis à l’index !
Or, cette même semaine, un petit pays riche, la Suisse, envoyait au monde son propre message sur l’immigration.
Dimanche 9 février, à l’issue d’un référendum qui demandait aux Suisses s’ils voulaient ou non que soient fixés des quotas et un plafond à l’immigration dans leur pays, 50,3% des votants ont dit oui !
Certes, 50,3% de «oui», c’est un vote qui laisse le pays partagé en deux, puisque le camp gagnant l’a emporté avec à peine 0,3% d’avance. Certes aussi, c’est à l’initiative d’un parti de droite populiste (l’UDC) que ce référendum a eu lieu et l’on sait que le populisme a toujours beaucoup de chances de gagner. Certes, enfin, le gouvernement suisse n’est pas ravi de ce vote… Mais en tout état de cause, le oui l’a emporté ! Et pourtant –il est important de le mentionner- l’immigration dont il s’agit, ici, est européenne. Il n’est pas question de subsahariens, de nord-africains, ou autres latinos… Autrement dit, de tous ces «miséreux» qui lorgnent les richesses des pays nantis… Non. Il est question, essentiellement, d’Européens. La Suisse a choisi de limiter la libre circulation qui permettait aux migrants européens –particulièrement à ceux de pays frontaliers comme la France- de contribuer à l’économie helvétique. Et ils y contribuaient grandement, puisque ¼ de la population active en Suisse est d’origine étrangère. Sans compter que cette catégorie de population active se trouve en majorité dans les secteurs à haute valeur ajoutée.
Pourquoi les Suisses ont-ils fait ce choix ? Tous ceux qui ont été interrogés ont avancé les mêmes arguments. La Suisse est un pays riche mais petit, il y a saturation, aussi bien au niveau du logement que de la circulation. Le niveau de vie des citoyens suisses –très enviable- ne doit pas régresser du fait d’un trop plein du flux migratoire. Malgré le très bas taux de chômage (3% actuellement, en Suisse), les citoyens helvétiques réclament «la préférence nationale» (le travail aux Suisses d’abord).
La Suisse a désormais 3 ans pour arrêter et appliquer les nouveaux quotas de l’immigration (par pays, par catégorie…). Et il n’est même pas sûr qu’elle les applique vraiment, pensent les experts. Tout dépendra de l’impact sur l’économie…
Mais ce qu’il est intéressant de relever dans cette affaire, c’est le processus suivi pour limiter l’immigration. Ce n’est pas le gouvernement suisse qui est en cause. Il ne s’expose donc à aucune critique. C’est un parti politique qui a poussé à une consultation populaire, via un référendum. Donc, in fine, c’est le peuple qui a choisi. Or, personne ne peut remettre en cause un choix populaire, fût-il xénophobe. Toute la malice de l’UDC populiste tient dans ce postulat. La France et les autres pays d’Europe désapprouvent… Mais quoiqu’ils décident de faire, cela sanctionnerait le peuple suisse et toute réaction contraire à un vote populaire serait anti-démocratique. Les politiques suisses ont dit leur honte, les Européens ont dit leur colère, mais l’immigration en Suisse peut désormais être légalement limitée, sans qu’une organisation comme HRW ne trouve à y redire. Ce sont les miracles de la démocratie. Et c’est à méditer.

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Bahia Amrani

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3 comments

  1. Hubert Lenglet:
    Vous faites dans la désinformation.
    Ce vote concernait les citoyens européens et la libre circulation.
    Et C’était feu Hassan2 et non feu Mohamed5, qui était en face d’anne sinclair.
    Puant votre commentaire, et fallacieux

  2. les conférences, l’immigration, les ONG etc blablabla…Pendant que les théoriciens du vivre ensemble se gargarisent confortablement installés dans le camp du bien, des millions d’individus lambda vivent eux dans un monde bien réel. Et dans le monde réel ils votent UDC. La Suisse est riche, c’est répété plusieurs fois, elle devrait donc être une passoire à migrants, et les suisses de connaitre chomage et difficulté d’accés au logement. Puis vient l’étrange raisonnement, un parti nauséabond a poussé au referendum, et le peuple lui a donné raison. Un peuple bien différent de son gouvernement semble t’il. Voilà le miracle de la démocratie, miracle que les théoriciens bien pensants refusent de voir.

  3. HUBERT LENGLET

    Royale leçon…

    Monsieur, je vous renvoie à votre sage et défunt roi Mohammed V: »N’intégrez pas les citoyens marocains, ce n’est pas possible, vous en ferez de mauvais français » à la télévision française devant madame Anne Sinclair.

    Comme beaucoup d’européens commencent à en prendre conscience, les Suisses ont compris que l’Islam n’est pas soluble dans l’occident,cela s’appelle le droit des peuples à disposer d’eux mêmes.

    C’est ce qu’avait compris il y a plus d’un siècle le grand Lyautey en servant le Maroc avec amour et désintéressement. La France a suivi son message en accordant l’indépendance réclamée par ses colonies.

    Chez nous l’on dit(comme en Suisse peut-être), chacun chez soi et les vaches seront bien gardées. Bien cordialement,

    H.L.

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