Depuis plusieurs mois, le pays est en proie à une série de lynchages de musulmans liés au culte de la vache sacrée, vénérée par les hindous. Après la mort récente d’un adolescent, le Premier ministre nationaliste hindou, Narendra Modi, a fini par dénoncer des attaques «inacceptables». Tuer au nom du culte de la vache n’est pas acceptable», a-t-il proclamé jeudi 29 juin, dans son fief de Gujarat, à l’ouest de l’Inde. Le leader nationaliste hindou a fini par s’exprimer et par condamner la vague de crimes antimusulmans qui touche le pays depuis plusieurs années. Des représailles qui semblent dues à la protection des vaches, sacrées pour les hindous, mais simple denrée populaire pour la communauté musulmane. Cette annonce du Premier ministre fait précisément suite au lynchage mortel, la semaine dernière, d’un adolescent musulman dans un train en provenance de New Delhi, la capitale. Ces violences à répétition sont l’expression populaire des crispations politico-religieuses qui rongent ce pays d’Asie du Sud. Elu Premier ministre en 2014, après la victoire inattendue de son parti, le Bharatiya Janata Party (parti nationaliste hindou), Narendra Modi était resté silencieux face à ces phénomènes violents impliquant la communauté hindoue. L’hindouisme est la religion majoritaire du pays de 1,25 milliard d’habitants qui constituent le cœur de son électorat.
Certains ont vu dans la passivité du leader nationaliste une forme de «culture d’impunité», laissant les hindous imposer leurs lois aux autres communautés religieuses, comme le dénoncent des groupes de défense des droits de l’homme. Bravant la mousson, des milliers de personnes se sont réunies dans plusieurs grandes villes, ce mercredi 28 juin, pour manifester leur soutien aux populations visées par les attaques, autour du slogan «Not in my name». Les manifestants ont sommé le Premier ministre de prendre de vraies mesures pour faire cesser les crimes contre les musulmans.
Patrice Zehr