Chose promise, chose due. Depuis lundi dernier à 00H00, les prix des produits pétroliers liquides (essence, gasoil, fuel industriel) ont été révisés à la hausse, soit la seconde réévaluation du gouvernement Benkirane depuis juin 2012.
En effet, les prix du gasoil qui capte l’essentiel de la consommation pétrolière, ont grimpé à 8,84 DH le litre, soit une majoration de 0,69 DH. Il en est de même pour les prix du super carburant et du fuel industriel type 2 qui ont été revalorisés respectivement à 12,77 DH le litre (+0,59 DH) et 5.328,92 DH la tonne (+662.88 DH).
Cette réévaluation est basée sur les tendances de la moyenne mobile des prix du brut sur le marché international s’étalant sur la période du 13 juillet au 12 septembre, comme le portent à croire les dispositions du Bulletin officiel. Ce qui équivaut, selon les observateurs, à un prix moyen du baril aux alentours de 110 dollars, contre un baril à 107,8 dollars en moyenne sur la période janvier-juillet, selon le département de Boulif. Les tendances futures pour le mois d’octobre prochain laissent profiler une nouvelle hausse, étant donné que le prix moyen du baril sur la période du 13 août au 12 octobre 2013 devrait afficher une hausse significative, en ligne avec les menaces américaines d’une frappe militaire contre le régime syrien.
Nouvelle hausse en octobre?
Quoi qu’il en soit, la hausse prévue serait contenue dans une fourchette ne dépassant pas 0,5 dirham. Car le baril n’a pas dépassé le seuil des 115 dollars. Même dans le pire scénario des 120 dollars, Najib Boulif, ministre chargé des Affaires générales et de la Gouvernance, lors d’un point de presse, mercredi 11 septembre à Casablanca, a expliqué qu’au-delà de ce prix plafond, c’est l’établissement d’assurance qui prendra en charge le différentiel.
Le ministre a en outre affirmé avoir recouru à la couverture de risque (hedging) via la signature d’un contrat d’assurance, afin d’atténuer les conséquences des variations. Il a vanté le rôle crucial de quelques grandes banques marocaines dans la négociation et la conclusion dudit contrat dont on ignore plusieurs termes, à l’exemple de la valeur globale, du niveau de risque, de la périodicité, du type de couverture (totale ou partielle) et du prix maximum fixé lors de l’opération de couverture au-delà duquel l’établissement de crédit contractant prend en charge le différentiel (prix du marché-prix fixé).
Pour rappel, la loi de Finances 2013 avait retenu au titre de ses prévisions un cours moyen de pétrole de 105 dollars. L’Etat subventionne le gasoil à hauteur de 2,6 dirhams le litre, l’essence (0,8 dirham/litre) et le fuel industriel (930 dirham/tonne).
Scénario de la baisse des prix
Le ministre PJDiste s’est prêté devant un groupe de journalistes à un exercice médiatique acrobatique en vue d’expliquer et mettre à découvert le comment et le pourquoi des choses. Il faut savoir que le mécanisme d’indexation prévoit une révision à la baisse des prix à la pompe en cas d’une régression des prix à l’international. Or, dans le feu de la conjoncture, ça serait difficile. Explication : pour que le gouvernement réévalue à la baisse les prix intérieurs à la consommation, il faudrait que le cours du baril du brut à l’international descende en dessous de la barre de 105dollars, selon Driss El Azami El Idrissi, ministre chargé du Budget qui s’en est expliqué à la télévision. Une information confirmée par l’économiste Abdeslam Seddiki. Contacté par le Reporter pour plus de détails, Salima Bennani, directrice de la Caisse de compensation, n’a pas souhaité s’exprimer sur la question. A titre d’information, le prix de vente de gasoil qui était de 8,15 dh/litre correspond à un cours de pétrole de 62 dollars/baril, d’après le département de Boulif. Eu égard donc aux tensions géopolitiques régnant dans la région du monde arabe, en l’occurrence la Syrie et l’Egypte, il semble que le jeu de scénario d’une baisse des prix ne tient pas la route. Et les configurations les plus optimistes, selon les analystes, ne prévoient pas d’accalmie, du moins dans le moyen terme. Ce qui veut dire tout bonnement que le cours moyen du baril restera aux alentours des 107 dollars. Dans ce cas-là, au lieu d’espérer le meilleur, comme le laisse entendre Boulif, il faudrait plutôt se préparer au pire. Pour la simple raison que le gasoil, par exemple, serait revalorisé d’au moins 1 dirham, d’après l’exercice de simulation exposé par le ministre.
30 MMDH de compensation en 2014
A l’épreuve de la détérioration continue du déficit budgétaire, son seul souci est de rééquilibrer, un tant soit peu, les comptes publics, étant donné que les subventions allouées aux produits pétroliers liquides, qui pèsent pour plus de 55% du total de la Caisse de compensation, s’élèveraient à 42 milliards de dirhams au terme de l’exercice en cours, au lieu de 35 milliards initialement prévus au titre de la loi de Finances 2013. Comme il le dit lui-même, l’activation de l’indexation partielle n’est qu’un préalable à la grande réforme qui s’effectuera graduellement. Un signe de préparation psychologique et mentale à l’année de l’amorce effective des grandes réformes (2014), puisque le budget, qui sera dédié aux charges de compensation, avoisinera les 30 milliards de dirhams, estime-t-il. Et c’est là où l’effet de l’indexation se fera sentir le plus. Car, pour rester dans les limites de ce plafond, le cours de référence, qui sera retenu au titre du budget 2014, sera assurément nettement inférieur à celui de 2013 (105 dollars).
Quelles mesures d’aides et d’accompagnement prévoit-on? Là, encore une fois, le ministre plonge dans un jeu d’explications théoriques, sans révéler les vrais détails techniques. La seule information apportée concerne «la mise en place des modalités d’indemnisation des opérateurs du secteur du transport en cas d’augmentation des prix du carburant». Et c’est Barid Al Maghrib qui supervisera le système d’exploitation, est-il ajouté.
Le gouvernement est-il suffisamment outillé de mécanismes de contrôle et d’adaptation? Qu’en est-il des autres activités sectorielles? Boulif se contente juste de promesses…