Initiative Afrique Atlantique | Ces messages « directs et indirects » du « MTF » de Dakhla…

Initiative Afrique Atlantique | Ces messages "directs et indirects" du "MTF" de Dakhla…

De très nombreux –et surtout très importants- messages ont été émis, directement ou indirectement, lorsde la 7ème édition du «Morocco Today Forum» (MTF) organisée vendredi 5 juillet 2024 à Dakhla par le Groupe Le Matin. Des messages à retenir, assurément.

Arrêt sur cet aréopage exceptionnel de plus de 500 personnes, dont le thème était la Vision Royale de développement de la façade Atlantique de l’Afrique et de l’accès des pays du Sahel à l’océan; et dont les intervenants –de haut niveau- représentant les pays concernés se sont exprimés sans langue de bois.

Une assistance de quelque 500 personnes, de nombreuses personnalités locales, africaines et internationales, des décideurs, des diplomates, des opérateurs économiques, des représentants de la société civile, des responsables de médias… Cet important afflux vers Dakhla «La perle du Sahara», vendredi 5 juillet 2024, avait un objectif: la participation à la 7ème édition du «Morocco Today Forum» (MTF). Une conférence internationale initiée par le Groupe Le Matin, en partenariat avec l’Agence Marocaine de Coopération Internationale (AMCI) et le Conseil de la région Dakhla-Oued Eddahab et placée sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, qui proposait pour thème: «L’Afrique Atlantique, pour une région continentale intégrée, inclusive et prospère», avec des échanges autour de trois axes principaux: «L’Initiative Atlantique comme réponse aux aspirations des Peuples du Continent», «La Feuille de route pour la mise en œuvre de l’offre de valeur marocaine pour le continent» et «L’Initiative Atlantique comme forme de coopération Sud-Sud renouvelée».

Il s’agissait de débattre des potentialités, des moyens à mettre en place et des défis à relever, afin de concrétiser la judicieuse proposition du Roi du Maroc de développement de la façade Atlantique de l’Afrique et de facilitation de l’accès des pays du Sahel à cet océan… Et d’en débattre –c’était le pari- entre tous les acteurs concernés par cette Vision Royale.

Pari largement relevé.

Les échanges ont été francs et fructueux, de l’ouverture des travaux du forum, à laquelle ont pris part la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable Leila Benali, l’Ambassadeur Directeur général de l’AMCI Mohamed Methqal, le Wali de la région Dakhla-Oued Eddahab – Gouverneur de la province d’Oued Eddahab Ali Khalil, l’Ambassadeur du Maroc à Washington Youssef Amrani, le Président du Conseil régional El Khattat Yanja, et plusieurs personnalités et ministres africains…. à la cérémonie de clôture qui a été marquée par les conclusions et recommandations de Dakhla sur l’Initiative Atlantique (voir texte intégral page 17)… en passant par tous les panels qui se sont succédés.

Echanges francs, avec messages forts.

Mohamed Haitami, PDG du Groupe Le Matin et initiateur du MTF

Mohamed Haitami, PDG du Groupe Le Matin et initiateur du MTF

Mohammed Haitami, PDG du Groupe Le Matin, a donné le ton. Choisissant de commencer par un état des lieux qui appelle à la prise de conscience des faiblesses comme des avantages du continent, il a accompagné sa démonstration d’arguments chiffrés. Les faiblesses, d’abord. «En dépit des progrès enregistrés, l’Afrique continue de porter de grandes souffrances», a-t-il dit avant de détailler les différents aspects de ces souffrances. Ainsi, en matière d’éducation, M. Haitami rappelle que plus de 40% des 244 millions d’enfants qui ne vont toujours pas à l’école dans le monde vivent dans le Continent; que 77 Milliards de dollars supplémentaires sont nécessaires chaque année pour que les pays africains atteignent leurs objectifs nationaux en matière d’éducation; et que 15 Millions d’enseignants sont à recruter d’ici 2030 pour atteindre l’objectif d’un enseignement primaire et secondaire universel. En matière de Santé, les données sont tout autant déplorables. Que ce soit en ce qui concerne le Choléra, le paludisme, les mutilations génitales, ou en ce qui concerne l’insuffisance de professionnels de la santé, les décès maternels -dont 70% (202.000) sont survenus en Afrique sub-saharienne en 2020 contre 16% (47.000) en Asie du Sud- les chiffres en disent long sur les souffrances du continent.

D’autres données sont alarmantes. Celles en relation avec les défis climatiques et énergétiques. Mohamed Haitami les évoque, aussi douloureuses soient-elles. 16 Millions de personnes sont menacées de famine à cause de l’insécurité alimentaire; 400 Millions de personnes n’ont pas accès à l’eau potable; 40% de la récolte agricole africaine est perdue par la défaillance de la chaîne de froid; plus de 80% des personnes sans accès à l’électricité dans le monde sont concentrées en Afrique subsaharienne… Et, en perspective,118 Millions de personnes pauvres seront exposées à la sécheresse, aux inondations et aux chaleurs extrêmes en Afrique d’ici 2030 ! Certes, la nature n’aide pas… Mais la folie des hommes encore moins !

Les données relatives aux conflits armés que souligne le patron du Groupe Le Matin sont désolantes… Et le mot est faible. Il y a eu pas moins de 23.000 Morts en 2022 en lien avec la violence des groupes islamistes; et plus de 20 pays sont concernés par des conflits armés et/ou des guerres civiles en Afrique, soit 1/3 des conflits dans le monde ! Pourtant, enchaine M. Haitami, abordant cette fois-ci les forces du continent, ce dernier dispose de tellement d’avantages. Les ressources naturelles de l’Afrique sont évaluées à 6.500 milliards de dollars et à 65% des terres arables non cultivées de la planète; 9% de ressources renouvelables en eau douce du globe s’y trouvent; ses ressources en minéraux et en combustibles fossiles sont estimées respectivement à 290 milliards et à 1.050 milliards de dollars…

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Autres atouts, le continent a la population la plus jeune au monde avec plus de 400 millions de jeunes âgés de 15 à 35 ans; 11 des 20 pays ayant la croissance économique la plus forte au monde, en 2024, sont africains… Et Haitami de souligner que les pays du Sahel ne sont pas en reste, avec un PIB qui a quadruplé entre 1990 et 2024 (70 milliards de dollars) et un taux de croissance parmi les plus élevés d’Afrique (en moyenne +4,8% par an)… Sans compter les importantes opportunités d’investissement que ces pays présentent. Avec toutes ces données -qu’elles soient négatives ou positives- comment ne pas partager cet appel du Roi Mohammed VI, lancé à l’ONU le 25 septembre 2016, mis en exergue en ouverture de l’allocution: «Je suis venu porteur d’un appel à l’équité pour les pays en développement, surtout en Afrique, un appel pour une approche objective de la problématique du développement dans ce continent» ? Appel suivi quelques années plus tard par cette proposition de mutualisation des efforts et des actions que le Roi du Maroc fait aux 23 pays de la façade atlantique et aux 5 pays du Sahel.

Aussi, Mohamed Haitami clôt-il son exposé en soulignant quelques-uns des avantages que présente l’Initiative Atlantique – pays du Sahel. Il s’agit d’un cadre de coopération inédit avec un nouveau paradigme, basé sur l’idée de destinée commune d’émancipation 4.0 et exprimant des valeurs séculaires de partage, de solidarité, d’échange d’expériences, de complémentarité. C’est une mise en commun des ressources et des moyens, s’inscrivant dans le cadre d’une stratégie Win-Win, pour des projets sous-régionaux inclusifs avec impact sur les populations. Cette Initiative permettrait une réflexion commune sur les infrastructures de base; le lancement d’industries et/ou activités créatrices de valeur et d’emploi; la valorisation des ressources : des corridors et voies d’échanges et notamment un corridor atlantique au service d’un partenariat Afrique-Monde; ainsi qu’un fort potentiel de développement de l’économie bleue.

Les messages des responsables marocains

Tour à tour, au moment de s’exprimer sur ce thème, les responsables marocains ont également saisi l’occasion pour adresser quelques messages en relation avec leur champ d’activité. La ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Benali, après avoir loué l’Initiative Atlantique de SM Mohammed VI pour favoriser l’accès des États du Sahel à l’Océan Atlantique, rappelant que «le Maroc est résolument engagé à développer et à mettre à disposition ses infrastructures routières, portuaires, ferroviaires, aériennes et énergétiques pour concrétiser cette Vision Royale», a mis la lumière sur son domaine. « L’Afrique est confrontée à de nombreux défis, dont le faible accès à une énergie moderne et la dépendance vis-à-vis des importations de combustibles fossiles», a-t-elle regretté, soulignant cependant que la région présente de nombreuses opportunités, dans le secteur des énergies renouvelables. Son message a consisté à insister sur l’importance de miser sur des solutions innovantes dans les énergies renouvelables et d’augmenter les partenariats internationaux et les investissements étrangers dans ce secteur, afin de résoudre les problèmes de «pauvreté et de précarité énergétique» dans la région. De son côté, l’ambassadeur du Maroc aux États-Unis, Youssef Amrani, a mis en avant des arguments qui replacent l’Initiative Afrique Atlantique dans le cadre large de l’émergence africaine.

«Le Maroc a une vocation atlantique forte et assumée», a-t-il d’abord lancé, avant d’expliquer que le Royaume «est engagé structurellement à créer des liens physiques, économiques et sociaux pour favoriser d’abord et avant tout le développement humain et par la même occasion la marche en avant de l’émergence africaine». Et de poursuivre: «Des projets concrets comme le port de Dakhla et le gazoduc Nigeria-Maroc reflètent cette Vision et donnent un contenu substantiel aux stratégies d’intégration qui s’opèrent transversalement dans la région… Ces mégaprojets créent de la richesse et renforcent la confiance des citoyens en leurs institutions»… Avant de rappeler les fondamentaux de l’approche du Maroc: «Nous mobilisons tous nos efforts pour accompagner la transformation atlantique, dans l’écoute, la concertation et le partage avec l’ensemble de nos partenaires pour un développement durable et inclusif qui génère du progrès à tous les niveaux». L’Ambassadeur Directeur général de l’Agence marocaine de coopération internationale (AMCI), Mohamed Methqal, a rappelé la tenue à Marrakech d’une Réunion des ministres des Affaires étrangères du Burkina Faso, du Mali, du Niger et du Tchad au cours de laquelle il a été convenu de créer une Task force nationale, dans chaque pays, pour préparer les modalités d’opérationnalisation de cette Initiative Royale.Cette Initiative se veut un projet «transformateur» qui favorisera l’intégration économique des pays de la région, a-t-il précisé, cité les défis liés aux infrastructures et à la mobilité, tout en mettant l’accent sur le rôle du nouveau port Dakhla Atlantique pour relever ces défis.

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Pour sa part, le Président de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM), Chakib Alj, avait 2 messages importants à émettre. L’un, concernant l’aspect économique (et investissement) de l’Initiative. Il a ainsi rappelé que le Maroc, 2ème investisseur africain sur le continent, a ratifié plusieurs accords de coopération avec des pays de la région; et qu’«Aujourd’hui, l’ambition est d’aller encore plus loin» avec un projet commun, celui de transformer l’économie de cet espace et d’en faire un groupement régional crédible, résilient, attractif aux investissements et porteur d’impact pour les populations. Le 2ème message concerne le secteur privé que le patron des patrons souhaite voir systématiquement associé, le disant pleinement engagé pour accompagner l’Initiative Royale de la façade Atlantique, à travers la promotion de l’investissement et la multiplication des collaborations et des partenariats, notamment dans l’infrastructure, les énergies renouvelables, la souveraineté alimentaire et celle sanitaire.

Ce qu’en disent les personnalités et responsables africains

Un 1er point n’a échappé à personne, qui est en lui-même un message loin d’être insignifiant: les 4 pays du Sahel (Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad) étaient représentés au MTF de Dakhla, à un haut niveau, ainsi par ailleurs que plusieurs des 23 riverains de l’Atlantique. Tous ont réaffirmé l’intérêt de leurs pays respectifs pour l’Initiative Afrique Atlantique-Sahel dont ils ont souligné l’importance. L’ambassadeur de la République du Mali au Maroc, Fafré Camara a assuré que son pays adhère pleinement à cette Initiative «audacieuse et crédible». Pour l’ancien Premier ministre malien, Moussa Mara, il s’agit d’une «formidable opportunité». «Les pays du Sahel, riches en ressources minières et en potentiel agricole, ont besoin de débouchés maritimes et le fait que le Maroc mette son potentiel portuaire, aéroportuaire, ferroviaire et routier à la disposition de ces pays est une formidable opportunité», a-t-il estimé, soulignant l’importance de concrétiser cette Initiative en réalisant des infrastructures et des projets pour la mobilité et la libre circulation des populations. «Nous avons besoin d’une Afrique intégrée, d’une Afrique qui se tourne vers elle-même et qui s’enrichit collectivement», a-t-il conclu. Soulignant la ferme volonté du Maroc de promouvoir le développement du continent,le ministre des Transports et de l’Équipement de la République du Niger, le Colonel Major Salissou Mahaman Salissou a appelé, lui, les pays du Sahel à «mobiliser des solutions innovantes et audacieuses basées sur un esprit de coopération sincère et de co-développement, afin de réussir cette vision solidaire qui ne peut qu’être bénéfique à nos populations». «Le Niger a réitéré son engagement pour cette Initiative lors de la Réunion ministérielle de coordination qui a été organisée à Marrakech», a-t-il rappelé.

L’ambassadeur de la République du Cameroun au Maroc, Mouhamadou Youssifou, qui a également rappelé que son pays est membre de cette «bonne» initiative, a affirmé de son côté: «Nous ne pouvons avancer que si nous travaillons ensemble et nous nous organisons pour défendre nos intérêts dans l’espace atlantique». Pour sa part, l’ambassadeur de la République du Burkina Faso au Maroc, Mamadou Coulibaly, a considéré que cette Initiative offre l’opportunité aux pays du continent de mettre à niveau leurs infrastructures et de promouvoir le développement socio-économique, avant d’appeler ces États à saisir cette opportunité. Tandis que le Conseiller technique du ministre des Affaires étrangères de la République du Burkina Faso, Lingani Hugues Christian a, quant à lui, affirmé que son pays adhère à cette Initiative «salutaire», rappelant les mesures prises pour opérationnaliser cette adhésion dont la mise en place d’une Task force nationale.

Enfin, l’ambassadeur de la République du Tchad au Maroc, Hassan Adoum-Bakhit Haggar, a qualifié de «projet gigantesque» l’initiative Royale pour l’Atlantique, mettant l’accent sur la politique de proximité adoptée par le Royaume à l’égard du continent africain. Plusieurs autres intervenants ont soit souligné les avantages de l’Initiative Afrique Atlantique Sahel, soit –dans une implication plus grande- développé leur propre plaidoyer et appelé à y adhérer avec des actes concrets. Parmi les intervenants de haut niveau, les panels comptaient aussi la Secrétaire d’État aux Infrastructures, chargée de l’entretien routier à la République du Tchad, Haoua Abdelkerim Ahmadaye, la Senior Director de l’Atlantic Council, Rama Yade, la Directrice du projet du nouveau port Dakhla Atlantique, Nisrine Louzzi, ou encore le fondateur et Directeur exécutif de l’African Futures Institute, Alioune Sall… De nombreux messages ont donc ainsi été délivrés, parmi lesquels un qui, bien que noyé parmi les autres, a été suffisamment répété pour être relevé. Il a consisté à rappeler que l’Afrique et les Africains, aujourd’hui, tiennent par-dessus tout au respect de leur souveraineté et à la préservation de leur dignité. Souveraineté et dignité. Moussa Mara l’a martelé ouvertement. D’autres intervenants y ont fait allusion avec non moins d’insistance.

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