En sortant du palais présidentiel où il a été reçu par le Président algérien Abdelaziz Bouteflika, l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU au Sahara, Christopher Ross, a fait la déclaration suivante : «il n’y a pas de doute que le statu quo dans la question du Sahara occidental est intenable à long terme étant donné les coûts et les dangers qu’il entraîne (…), les parties en conflit doivent maintenant faire preuve de volonté politique nécessaire pour le surmonter».
Christopher Ross, on le sait, a entamé, dimanche 18 octobre, une tournée dans la région pour préparer la rencontre informelle que doivent avoir les parties au conflit du Sahara, en novembre prochain.
Le périple, dont la première étape a été Alger, le conduit cette semaine à Tindouf, auprès du Polisario, à Nouakchott où le recevront les dirigeants mauritaniens et au Maroc pour y rencontrer les responsables marocains.
Il explique lui-même le but de ce nouveau périple : «comme lors de mes visites précédentes, cette nouvelle tournée a pour but principal de m’aider à déblayer le chemin vers des négociations constructives entre le royaume du Maroc et le Front Polisario avec la coopération des Etats de la région, y compris les pays voisins».
En juin dernier, l’envoyé personnel de Ban Ki-Moon se montrait très pessimiste. Il avait écrit aux principaux membres du Conseil de sécurité une lettre confidentielle (mais qui avait fini par atterrir dans les rédactions) où il dénonçait l’impasse et allait même jusqu’à conclure que «dans ce contexte, entamer de nouvelles négociations entacherait la crédibilité de l’ONU».
Ayant été, malgré tout, contraint de reprendre son bâton de pèlerin, ce mois d’octobre, Christopher Ross serait-il venu avec de nouvelles propositions ?
Son pessimisme ne s’est pas totalement dissipé puisqu’il parle de «statu quo intenable» et ne fait aucune proposition nouvelle pour sortir de ce statu quo, se contentant d’appeler les parties à faire preuve de volonté politique pour le surmonter.
Une chose est sûre : le statu quo est réellement intenable pour les habitants de camps de Tindouf qui vivent dans les conditions difficiles que tout le monde sait et que rapportent régulièrement ceux qui arrivent à fuir ces camps. Indépendamment de la solution finale au conflit du Sahara, que fait l’ONU pour ces populations ? Que fait le HCR qui n’a même pas le droit de les recenser, l’Algérie s’y opposant fermement ?
Christopher Ross semble en être conscient, lui qui a rappelé que «Les échanges avec le président Bouteflika et son équipe ont porté sur les aspects principaux du dossier, ainsi que sur la nécessité de relancer les mesures de confiance actuelles et de mettre en oeuvre les nouvelles mesures prévues par le Haut commissariat pour les réfugiés (HCR)». Mais il a bien dû admettre que le statu quo, à ce niveau-là, reste l’otage du bon vouloir d’Alger.
Le statu quo est également intenable pour une nouvelle victime de ce pourrissement : Mustapha Ould Salma qui croupit dans une geôle mobile du Polisario et dont nul ne sait dans quel état de souffrance il attend de retrouver sa liberté. Alors que le Polisario tire des plans sur la comète, espérant finir par trouver une instance crédible qui accepte d’assister à la libération de Ould Salma dans ce qu’il appelle «les territoires libérés». Christopher Ross commencera-t-il par évoquer la libération de Ould Salma, lorsqu’il rencontrera le Polisario ?
Quant à la préparation d’une nouvelle réunion informelle, elle s’impose, certes, mais c’est une autre paire de manches que de réussir la réunion en elle-même. Ce n’est pas sur son bâton de pèlerin que Christopher Ross devra compter, mais sur une baguette magique !