Une vague de contestation inédite s’est poursuivie pour la troisième journée consécutive en Irak, malgré «une répression sans précédent», selon le titre du site local d’information indépendant Al-Alam Al-Jadid.
Le bilan des victimes de tirs à balles réelles par les forces de sécurité s’élevait à 100 morts et 1 millier de blessés, au 6 octobre. L’explosion de colère des jeunes Irakiens exprime un ras-le-bol globalisé, dans un pays devenu l’exemple de l’Etat failli, alors qu’il est le cinquième pays au monde pour ses réserves de pétrole. «Rendez-nous notre patrie», «Le peuple veut un changement de régime», «Non aux partis politiques», «Au nom de la religion, les voleurs nous ont pillés», etc.
Les slogans brandis ces derniers jours par les manifestants, visent les différents responsables de la faillite de tout le système de gouvernement depuis la chute de la dictature de Saddam Hussein en 2003. L’influence déterminante de l’Iran dans leur pays est également dénoncée par les protestataires irakiens. Des drapeaux de la République islamique ont pour la première fois été brûlés au cours de manifestations dans les villes du sud irakien, peuplés pourtant majoritairement de chiites.
C’est d’ailleurs une caractéristique relevée ces derniers jours, les quartiers sunnites de Bagdad comme les provinces du nord et de l’ouest de la capitale, principalement sunnites, restent à l’écart de la contestation. La minorité marginalisée depuis l’éviction du régime de Saddam Hussein craint d’être accusée, comme par le passé, d’être à l’origine des troubles, en permettant au gouvernement d’instrumentaliser la révolte comme un mouvement communautaire.
Patrice Zehr