L’Irak a proposé de juger l’ensemble des jihadistes étrangers retenus en Syrie contre de l’argent. Jusqu’ici, indique un responsable gouvernemental irakien à l’AFP, aucun des pays membres de la coalition formée contre le groupe djihadiste Daech n’a répondu à la proposition de Bagdad qui porte sur près d’un millier d’étrangers, aux mains des Kurdes en Syrie.
Mais certains semblent déjà avoir fait le choix de s’en remettre à la justice irakienne. Cette dernière s’estime compétente sur l’ensemble des crimes commis sous le «califat» autoproclamé de Daech, un temps à cheval sur un tiers de l’Irak et de grands pans de la Syrie voisine. Bagdad s’apprête ainsi à juger prochainement 12 Français capturés en Syrie, avant d’être transférés en Irak. Ils encourent la peine de mort, mais les trois Français déjà jugés à Bagdad ont été condamnés à la prison à perpétuité, qui équivaut en Irak à vingt ans de prison ferme.
La détention de ces étrangers a un coût, font aujourd’hui valoir les autorités irakiennes, dont les prisons sont déjà peuplées de milliers d’Irakiens arrêtés au cours de la campagne contre Daech et de plusieurs centaines d’étrangers, pour beaucoup condamnés à mort ou à perpétuité. Paris, par exemple, n’a pas jusqu’ici mis en œuvre le plan très détaillé de rapatriement des jihadistes français de Syrie et de leurs familles, révélé par la presse et que le gouvernement a présenté comme une «hypothèse» de travail.
Selon l’un des responsables gouvernementaux qui a donné à l’AFP des détails sur la proposition de Bagdad, à condition de protéger son anonymat, «52 pays» en tout sont concernés. Il était plus simple de s’adresser à la coalition plutôt qu’à chacune des capitales, fait-il valoir. La coalition, elle, n’a pas répondu aux sollicitations de l’AFP.
De ces négociations pourrait naître un «tribunal spécial», ajoute l’un des responsables, alors que les Kurdes syriens ont déjà appelé à créer une cour internationale spéciale et à ce que l’ONU enquête sur les atrocités commises par Daech, possiblement un «génocide», crime le plus grave du droit international.
LR