Au moins 63 personnes ont été tuées au cours des derniers jours en Irak, dans des manifestations réclamant la chute du régime. Ces manifestations constituent l’aboutissement d’un malaise social qui dure depuis un bon moment.
L’Irak vit, depuis 2003, au rythme de l’instabilité politique et de l’insécurité. Ce mélange explosif a été à l’origine de la dégradation de la qualité de vie des citoyens. Dans un contexte où pauvreté, misère et chômage battent leur plein, les Iraquiens ont laissé s’exprimer leur colère contre leur classe dirigeante. Effectivement, l’Irak a connu plusieurs vagues de protestations avant que la situation ne dégénère gravement, ces derniers jours. Entre 2015 et 2016, Bagdad a connu une première vague de manifestations appelée «Mouvement de la Zone Verte», un quartier ultra-sécurisé de la capitale iraquienne où se trouvent les principales institutions politiques du pays et plusieurs ambassades.
Après une accalmie qui n’a pas duré longtemps, les manifestations en Irak, ont repris de plus belle, dès le début 2018. Dans un premier temps, la rue réclamait l’amélioration des conditions de vie des citoyens. Face au malaise de la population, le gouvernement iraquien a opté pour la répression plutôt que l’écoute des revendications d’une jeunesse désœuvrée. Cette attitude hautaine a donné lieu à une escalade de la situation. Fin octobre, 2019, un rapport d’une commission iraquienne des droits de l’Homme, annonçait que 70% des personnes décédées lors des manifestations qui secouent actuellement le pays, ont été atteints au niveau de la tête et du torse par des balles réelles tirées sciemment par les forces de l’ordre iraquiennes.
Face à la politique de sourde oreille adoptée par le gouvernement, les manifestants ont élevé le plafond de leurs revendications. En effet, il n’est plus question aujourd’hui seulement d’appels à des réformes économiques et sociales. Ayant touché le fond ou presque, les Iraquiens veulent la chute du régime, une classe politique entièrement renouvelée et l’élaboration d’une nouvelle Constitution. La mobilisation des Iraquiens n’a pas faibli d’un pouce, malgré les mesures sociales (aides au logement, allocations pour jeunes chômeurs, construction de 100.000 logements, installation de halles pour les marchands ambulants et limogeage de responsables militaires), annoncées il y a quelques jours par le gouvernement.
ML