40 ans après, on peut se poser la question. Mais, bien sûr, n’en déplaise aux derniers disciples iraniens de Zoroastre, la réponse ne peut être manichéenne.
Sur le plan religieux, le régime se veut rigoriste, comme aux premiers jours, mais il cède devant les aspirations de la jeunesse frustrée économiquement et à qui il faut donner un peu d’air, pour éviter la révolte. C’est l’hypocrisie qui s’est répandue, notamment dans les classes bourgeoises.
Sur le plan économique, le retour des sanctions américaines pèse lourdement et le pays souffre.
Sur le plan international, l’Iran des mollahs poursuit finalement la stratégie du Shah et s’impose en Irak et en Syrie. Cela provoque l’inquiétude d’Israël et des pays arabes sunnites. Certains poussent à une coalition internationale et il y a des bruits de bottes inquiétants.
Donc, 40 ans après la révolution, le régime iranien, qui se veut un modèle d’Islam politique version chiite, se heurte à une population rétive, voire en colère. Téhéran affirme ses ambitions hégémoniques au Moyen-Orient.
L’Iran a célébré, le lundi 11 février, les 40 ans de la révolution qui a donné naissance à la République islamique. Mais avec le retour des sanctions américaines, le pays n’a pas le cœur à la fête. L’Etat avait misé sur l’accord international sur le nucléaire de 2015, pour attirer des investissements étrangers (notamment occidentaux) dans le pays. Le président modéré, Hassan Rohani, nourrissait l’espoir de faire évoluer au passage le «système», tout en garantissant la survie. C’est un échec pour les réformateurs.
La satisfaction est à l’international.
Les responsables d’Etat les plus confiants que l’on puisse trouver à Téhéran, ces derniers mois, sont ceux qui sont chargés de la politique régionale. Ils ont le sentiment d’avoir affermi la position iranienne: en Syrie, ils se tiennent debout dans les ruines du pays, aux côtés du régime allié de Bachar Al-Assad. Les Etats-Unis s’apprêtent à désengager leurs troupes du pays. L’Iran n’a pas les moyens de reconstruire la Syrie, mais estime avoir gagné la guerre.
Une guerre peut cependant en cacher une autre. Dans un message vidéo en hébreu, enregistré avant son départ pour la conférence de Varsovie sur le Moyen-Orient, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, se réjouissait qu’un dirigeant israélien s’apprête à discuter avec des officiels de «grands pays arabes», afin de «faire des progrès au sujet d’une préoccupation commune: combattre l’Iran». Une traduction parlant de guerre a affolé les chancelleries, mais le terme a été rectifié. Le Premier ministre, également ministre de la Défense, en visite dans la base navale de Haïfa, a de nouveau averti l’Iran qu’Israël était prêt à une confrontation militaire.
«Nous agissons constamment, conformément à notre besoin d’empêcher l’Iran et ses mandataires de s’établir à notre frontière nord et dans l’ensemble de la région», a assuré le Premier ministre.
Lundi 11 février, un cadre des Gardiens de la révolution avait déclaré, lors d’un rassemblement marquant le 40ème anniversaire de la Révolution islamique que l’Iran raserait de la carte de grandes villes israéliennes, en cas d’agression des Etats-Unis.
Benjamin Netanyahu avait riposté quelques heures plus tard en affirmant que, si l’Iran faisait la «terrible erreur» d’attaquer l’Etat hébreu, il «s’agira du dernier anniversaire de leur révolution qu’ils célèbrent».
Le vice-président américain, Mike Pence, a exhorté les Européens à se retirer de l’accord nucléaire sur l’Iran, accusé de déstabiliser le Moyen-Orient et a menacé Téhéran de nouvelles sanctions.
S’exprimant lors d’une conférence sur le Moyen-Orient à Varsovie, à laquelle participaient Israël et des hauts représentants de pays arabes, M. Pence a qualifié l’Iran de «plus grand danger» dans la région, lui reprochant de préparer «un nouvel Holocauste» en raison de ses ambitions régionales.
M. Pence a également dénoncé l’initiative de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni visant à permettre aux entreprises européennes de continuer d’opérer en Iran, en dépit des sanctions américaines. «C’est une mesure peu judicieuse qui ne fera que renforcer l’Iran, affaiblir l’UE et créer encore plus de distance entre l’Europe et les Etats-Unis», a jugé M. Pence.
«Le temps est venu pour nos partenaires européens de se retirer de l’accord sur le nucléaire iranien», a plaidé le vice-président américain.
L’Iran reste face à son grand Satan… L’Iran est une obsession américaine… et l’Amérique une obsession iranienne depuis 40 ans… Et ça dure!
Patrice Zehr