La peur d’une puissance hégémonique de l’Iran a rapproché l’Arabie saoudite et Israël dans une vision commune. «On se comprend très bien avec l’Arabie saoudite et les pays du Golfe. Cela ne veut pas dire que l’on va prendre un café ensemble». Boaz Bismuth, ancien ambassadeur d’Israël en Mauritanie et aujourd’hui rédacteur en chef du quotidien gratuit de droite «Israël Hayon», désigne l’Iran comme principale menace pour Israël, à côté, si ce n’est même avant le terrorisme islamiste. Cette inquiétude, fondée ou infondée, est largement partagée par l’Arabie saoudite et d’autres Etats sunnites de la région. Leur première crainte est de voir Téhéran reprendre son programme nucléaire à des fins militaires dans dix ans, après la date fixée par l’accord du 14 juillet 2015 avec les grandes puissances. Une inquiétude d’autant plus forte que l’Iran poursuit apparemment son programme de missiles intercontinentaux. L’autre préoccupation est que l’Iran chiite profite de l’affaiblissement de l’Irak et des difficultés de la coalition emmenée par Riyad au Yémen contre les Houtis, dont le zaïdisme est proche du chiisme, pour s’imposer comme la puissance hégémonique au Moyen-Orient. D’après le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Emmanuel Nahshon, l’Iran pourrait constituer «un pont terrestre allant de Téhéran à la Méditerranée», en passant par l’Irak, la Syrie et le Liban. Pour Israël, la présence de la branche armée du Hezbollah en Syrie (soutenue par l’Iran) et de conseillers militaires iraniens, qui ont avec la Russie contribué au sauvetage du régime de Bachar Al-Assad, nourrit très largement cette inquiétude.
Patrice Zehr