Mercredi 29 mai, vers minuit, par 74 voix contre 45, les députés de la 21ème Knesset ont voté la dissolution de leur assemblée, élue le 9 avril.
A minuit, expirait le délai maximal dont disposait Nétanyahu, pour constituer une majorité d’au moins 61 députés sur 120. Malgré ses efforts les plus désespérés, il n’est pas parvenu à ses fins. Il a donc poussé la seule carte encore disponible, la dissolution de la Knesset à peine élue et la convocation de nouvelles élections, le 17 septembre prochain.
Dès la fin du vote, Benyamin Nétanyahu s’est présenté, les traits tirés, devant les caméras. Il a pris des accents outragés pour incriminer celui qui serait à ses yeux l’unique responsable de la crise: Avigdor Lieberman, son ancien ministre de la Défense, qui avait démissionné en novembre 2018. Depuis 48 heures, l’obstruction de Lieberman apparaissait comme un obstacle majeur.
Le prétexte retenu était le service militaire pour les ultra-orthodoxes. Il réclamait l’inscription fidèle, dans l’accord de coalition, du projet de loi sur la conscription, voté seulement en première lecture en juillet 2018. Sur le fond, le débat sur la conscription, qui dure depuis deux décennies, est fondamental.
D’un côté, les responsables religieux ultra-orthodoxes se voient en protecteurs du monde de la Torah, d’un mode de vie et de pensée conforme aux sources littérales du judaïsme, qui serait la seule manière d’en assurer la perpétuation. Pour eux, le métissage, le brassage ethnico-religieux, signifie le dépérissement programmé du judaïsme. La vocation première des hommes est d’étudier les textes sacrés. Servir sous les drapeaux représente une possible corruption, en exposant les jeunes à d’autres façons de vivre, plus souples.
De l’autre côté, M. Lieberman représente une communauté -les russophones- qui contribue très largement au service militaire. Il se pose en porte-voix des laïcs qui réclament l’égalité des citoyens devant ce devoir et en ont assez de l’exemption accordée aux ultra-orthodoxes.
Patrice Zehr