Le Secrétaire général du Parti de l’Istiqlal (PI), Hamid Chabat, n’arrive visiblement pas à se défaire de ses vieilles habitudes de syndicaliste, avide de confrontations et de sorties médiatiques démesurées. Cette fois-ci, il a peut-être poussé le bouchon un peu trop loin.
Tout a basculé le 9 février 2017. Dans son site officiel, le Parti de l’Istiqlal a publié un article intitulé «Que veulent-ils au Secrétaire général de l’Istiqlal?». Dans cet article, «certaines parties de l’Etat profond» sont accusées de préparer l’assassinat politique et physique de Hamid Chabat.
Suite à ces accusations qualifiées de gravissimes, le ministère de l’Intérieur, dirigé par Mohamed Hassad, a décidé de passer à l’action. C’est ainsi que Hamid Chabat, en sa qualité de représentant légal du Parti de l’Istiqlal, est visé par une enquête judiciaire, suite à la demande du ministère de l’Intérieur.
Dans un communiqué officiel, le département de Hassad a dénoncé le contenu de l’article en question. Il a précisé avoir adressé une correspondance au ministre de la Justice et des Libertés, Mustapha Ramid, lui demandant d’ouvrir une enquête à ce sujet, pour «faire éclater la vérité et poursuivre le ou les individus qui sont derrière ces accusations». Avant d’adresser la correspondance au ministre de la Justice et des Liberté, Hassad a eu l’aval du chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane. Selon les détracteurs de Hamid Chabat, il est inadmissible d’accuser l’Etat de vouloir s’en prendre à un personnage politique marocain.
Qui sème le vent récolte la tempête
La colère du ministre de l’Intérieur contre le SG du Parti de l’Istiqlal s’explique. Le département de Mohamed Hassad a ainsi indiqué que la politique de «la fuite en avant» n’est plus de mise au Maroc d’aujourd’hui. «L’article en question renvoie à un lexique archaïque et vise la propagation d’allégations erronées, dictées par des calculs politiciens opaques, pour adresser des accusations non fondées (…)», a encore précisé le communiqué en appelant le ministère de la Justice et des Libertés à dévoiler au plus vite les dessous de cette affaire. «Chaque fois que ce responsable partisan (en référence au SG du Parti de l’Istiqlal, Hamid Chabat), se trouve dans une situation politique délicate ne servant pas ses intérêts, il se met à lancer des accusations, au lieu de traiter les problématiques posées avec sagesse et selon les exigences d’une pratique démocratique noble», a noté le communiqué du ministère de l’Intérieur.
Chabat s’enfonce dans la victimisation…
Lors du Congrès régional du Parti de l’Istiqlal, organisé à Fès le 12 février 2017, le SG, Hamid Chabat, a réagi au communiqué du ministère de l’Intérieur et au courrier envoyé par Mohamed Hassad au ministre de la Justice et des Libertés, Mustapha Ramid, lui demandant d’ouvrir une enquête au sujet des accusations contenues dans l’article publié sur le site du PI. Aussi Chabat a-t-il estimé que, s’il était appelé à être jugé à cause d’un article, ce serait alors le «procès du siècle». Le SG du PI n’a pas manqué de s’en prendre à ses détracteurs au sein du parti, à savoir Yasmina Baddou, Karim Ghellab et Taoufiq Hejira, tous les trois frappés par une décision de suspension, pour une durée de 18 mois, de toute activité au sein du parti. Selon Chabat, le trio Baddou-Ghellab-Hejira- a organisé une fronde contre lui, ce qui a eu des répercussions négatives sur le parti qui aspirait à participer au prochain gouvernement.
… Et se met à dos le RNI et le GPM
Lors du Congrès régional du PI à Fès, Hamid Chabat s’en est également pris au Président du Rassemblement National des Indépendants (RNI) et patron du groupe Afriquia Gaz, Aziz Akhannouch. Il a accusé ce dernier de «profiter des milliards de dirhams destinés à la subvention du gaz butane». Cette accusation n’a pas manqué de faire agir le Groupement des pétroliers du Maroc (GPM). Par le biais d’un communiqué, le GPM a réfuté ce qu’il a qualifié de «propos tendant à diffuser de la désinformation et à induire l’opinion publique en erreur». Le Groupement a estimé qu’«en répandant de fausses informations sur la subvention de l’Etat au gaz butane, Hamid Chabat fait preuve d’un manque de maîtrise flagrant des principes de la compensation».
Le GPM n’est pas le seul à avoir ouvertement recadré le SG du Parti de l’Istiqlal (PI). Le Rassemblement National des Indépendants (RNI), lui aussi, a tenu à préciser que les accusations portées par Chabat contre son Président, Aziz Akhannouch, donnent le droit au parti de riposter de la manière qu’il jugera adéquate. «Le RNI se donne le droit de répondre au moment qu’il jugera opportun», a fait savoir la direction du parti de la colombe.
Hamid Chabat se met donc tout le monde à dos. Après s’être attiré les reproches d’un des Conseillers du Souverain, Taïeb Fassi Fihri, suite à sa malheureuse sortie médiatique au sujet des frontières avec la Mauritanie, voilà qu’il se brouille avec le ministère de l’Intérieur, le GPM et le président du RNI. Va-t-il précipiter sa dégringolade? Réponse après le prochain congrès du PI.
Mohcine Lourhzal