Istiqlal : Le jour où Nizar Baraka a «tuer» Chabat

Istiqlal : Le jour où Nizar Baraka a «tuer» Chabat

Les Istiqlaliens ont élu Nizar Baraka. Il s’agit, disent-ils, d’un vote pour le changement. Ils ne veulent plus regarder dans le rétroviseur: le passé leur rappelle quatre années de souffrances avec Chabat.

Cette fois, c’est pour de bon! Après un report d’une semaine, le rideau est tombé sur le processus d’élection du nouveau Secrétaire général du Parti de l’Istiqlal qui est, sans surprise, Nizar Baraka, avec un score qui ne souffre aucune équivoque: 924 voix, contre 230 voix pour Hamid Chabat, littéralement écrasé. Le Secrétaire général sortant a reconnu sa défaite et a félicité son adversaire.

Victoire de la démocratie

Concernant l’heureux gagnant, en l’occurrence Nizar Baraka, ses premiers mots, après l’annonce de sa victoire par le président du 17ème Congrès national, Noureddine Modyane, ont qualifié cette victoire de «victoire de la démocratie». Et, profitant de l’élan de joie qui régnait, Baraka a rappelé les axes de son projet fédérateur qui lui a valu de se hisser, haut la main, sur le podium. Entre autres, il a cité la réconciliation, le repositionnement du Parti de l’Istiqlal au sein de l’échiquier politique national, la pensée istiqlalienne qui garantit la dignité des militants et des Marocains et la bonne gouvernance.

Corriger les erreurs

Le Parti de l’Istiqlal avait ouvert son 17ème congrès national le 29 septembre dernier. Mais il avait été contraint, le 1er octobre (guerre des assiettes et des chaises oblige) de reporter l’élection du Secrétaire général. Pour le PI, cette décision de report avait été «prise pour permettre de corriger les erreurs matérielles dans la liste des membres du Conseil national du Parti et pour réimprimer les cartes des membres du Conseil national, après la perte de quelques-unes d’entre elles et ce, après la bousculade qu’ont connue les bureaux d’accueil.

Arrivée des figures de proue

Tout au long de la journée du samedi 7 octobre 2017, congressistes istiqlaliennes et istiqlaliens, réunis au complexe Moulay Abdallah à Rabat, ont retenu leur souffle. Alors que le lancement de l’opération de vote du Secrétaire général avait été annoncé pour huit heures, il n’a eu lieu, en fait, que vers 11 heures. Les retardataires arrivaient au fur et à mesure que le temps passait, particulièrement les figures emblématiques du parti: Abbas El Fassi, Ali Kayyouh, Hamdi Ould Errachid, Abdelhaq Tazi, Yasmina Baddou et, peu de temps avant eux, les candidats Nizar Baraka et Hamid Chabat. Ce dernier, comme d’habitude, s’offrait un bain médiatique, pour faire passer ses messages.

Mais une surprise de taille pour les représentants des médias: ils n’allaient pas être autorisés à assister au déroulement de l’opération électorale de la nouvelle direction du parti. Ils se sont donc contentés d’attendre les résultats de l’élection, dans une petite tente, avec une douzaine de chaises pour plus d’une centaine de journalistes, sous un soleil ardent, une chaleur torride et sans une goutte d’eau. Il fallait donc aller se désaltérer au café voisin, sachant que le vote a duré plus de dix heures.

Retraite : Ça va chauffer, côté syndicats !

Pendant ce temps, l’ambiance était plutôt tendue. Les adeptes du candidat Hamid Chabat ont essayé de semer le trouble en essayant, pour certains d’entre eux, de forcer les barrières. Mais un service de sécurité, cette fois, visiblement bien expérimenté, était là. Pour avoir accès à la salle du Congrès, il fallait montrer patte blanche, être muni d’un nouveau badge biométrique et présenter sa carte d’identité nationale. Les participants craignaient -le souvenir du fameux samedi était encore présent- que les choses se corsent davantage et déclenchent une vague de protestations à même de reporter une seconde fois l’élection du Secrétaire général du parti.

L’annonce de Modyane

A la fin de la soirée du samedi 7 octobre 2017, le président du Congrès, Noureddine Modyane, a annoncé la nouvelle tant attendue: Nizar Baraka a été élu haut la main comme Secrétaire général du Parti de l’Istiqlal, avec 924 voix, contre 230 pour Hamid Chabat. Les applaudissements retentissent, puis «zagharite» (youyous) et hymne du parti. Les partisans échangeaient les vœux sous les yeux hagards des partisans de Chabat. On craignait alors que cette élection ne déclenche de nouveaux tumultes. Mais «la raison et l’amour du parti et de la Patrie l’ont emporté sur toutes autres considérations», nous a confié un membre du Conseil national, qui poussait un réel soupir de soulagement.

Réagissant à ce vote, Abdelouahad El Fassi (fils du Zaïm Allal El Fassi) a dit: «Personne ne peut, aujourd’hui, s’aventurer à dénigrer ce vote, vu l’énorme différence du nombre des voix: 924 contre 230». L’on se souvient que lui-même s’était porté, en 2012, candidat opposé à Hamid Chabat, pour ce même poste de Secrétaire général qu’il avait perdu avec un vote très serré (20 voix seulement de différence).

La revanche des El Fassi

Aujourd’hui, avec ce vote écrasant, les El Fassi ont leur revanche sur un certain Chabat qui avait osé, à l’époque, se dresser seul contre la dynastie El Fassi et devenir le 5ème Secrétaire général du parti du Zaïm Allal El Fassi.

Durant toute la période de campagne pour l’élection du Secrétaire général de l’Istiqlal, les partisans de Hamid Chabat ont crié au complot pour désarçonner Nizar Baraka. Chabat, lui-même, n’a pas ménagé son rival qu’il a accusé d’être soutenu par le makhzen et de profiter du soutien de Hamdi Ould Errachid, milliardaire sahraoui et membre du Comité exécutif du Parti de l’Istiqlal, qui aurait financé la tenue du Congrès national à hauteur de 5 millions de dirhams.

Un homme de consensus

Nizar Baraka, que les Istiqlaliens ont désigné au poste de Secrétaire général du plus vieux parti politique marocain, est, estime-t-on, un homme de consensus, doté d’une assurance, de sagesse et d’une capacité de gestion. Le tout cimenté par une expérience reconnue, un profil technocratique et l’exercice de nombre de responsabilités publiques (ministre de l’Economie et des Finances, président du Conseil économique, social et environnemental, jusqu’à ce jour…). Il peut incontestablement jouer le rôle de fédérateur. Il devra, en outre, s’atteler à remettre les pendules du parti à l’heure, à réconcilier les Istiqlaliens entre eux et à réparer les préjudices que Chabat a faits, estiment ces derniers, durant les quatre années de son mandat, à la tête du Secrétariat général du parti. Les Ustiqlaliens en veulent également à Chabat d’avoir fait sortir le parti du gouvernement Benkirane sans fournir d’explications. Chabat est également dénigré pour avoir considéré la Mauritanie comme une terre marocaine. (Voir l’entretien avec Yasmina Baddou au Reporter).

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Vote pour le changement

Le vote écrasant en faveur de Nizar Baraka est assurément  un vote pour le nécessaire changement», nous ont confié plusieurs Istiqlaliens. L’Istiqlal a besoin d’une personnalité posée, en mesure de calmer les esprits, de motiver les Istiqlaliens et de leur faire oublier les quatre années de braises.

Les personnalités charismatiques de l’Istiqlal sont venues, ce samedi 7 octobre 2017, assister au sacre d’un des leurs et, du même coup, tourner une page dont la lecture rappelle de mauvais souvenirs, disent-elles à l’unisson.

Mohammed Nafaa

Le Roi félicite Nizar Baraka pour son élection à la tête de l’Istiqlal

SM Mohammed VI a adressé un message de félicitations à Nizar Baraka, suite à son élection à la tête du secrétariat général du parti de l’Istiqlal. Dans ce message, le Souverain félicite N. Baraka pour la confiance placée en lui par les membres du Conseil national du parti «en reconnaissance de ton engagement à défendre les principes du parti et ses valeurs, et de l’efficacité dont tu as fait preuve durant les diverses responsabilités gouvernementales et nationales que tu as assumées, outre ton expérience partisane et tes qualités humaines». Le Souverain exprime également à Nizar Baraka Ses sincères vœux de pleine réussite dans ce qu’il a l’intention d’entreprendre en vue d’améliorer l’efficacité du parti afin de consolider sa position historique dans le cadre d’un paysage politique pluraliste. Et ce, pour pouvoir poursuivre la contribution constructive de l’Istiqlal, aux côtés des autres instances politiques sérieuses, dans l’accomplissement de ses missions institutionnelles, pour l’encadrement effectif des citoyens et le renforcement de la crédibilité de la pratique politique, en tant que meilleur moyen de mobiliser les énergies au service de l’intérêt général. Et le Roi de conclure: «il ne fait aucun doute que tu n’épargneras aucun effort pour atteindre ces objectifs, vu ton patriotisme sincère, ton sens élevé de responsabilité et ton attachement fort aux constantes de la Nation.

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