Ni populisme, ni leadership familial. Nizar Baraka, nouveau patron du Parti de l’Istiqlal, entend s’en démarquer et tout mettre en œuvre pour la grande réconciliation entre les Istiqlaliens.
Vendredi 13 octobre 2017, a eu lieu au siège du parti à Rabat la cérémonie de passation des pouvoirs entre le nouveau Secrétaire général, Nizar Baraka et le SG sortant, Hamid Chabat… Dernière formalité, après un 17ème Congrès de l’Istiqlal riche en péripéties, où les Istiqlaliens ont finalement réussi le pari d’élire leur nouveau Secrétaire général, Nizar Baraka, petit-fils de leur leader charismatique Allal El Fassi et de former un nouveau Comité exécutif…
Cette cérémonie de passation de pouvoirs a été l’occasion pour le nouveau dirigeant de l’Istiqlal de tracer la voie à suivre. Il s’agit en l’occurrence de surmonter les difficultés et de surpasser les crises intestines qui, selon les Istiqlaliens, ont duré les quatre années de direction du PI par Hamid Chabat.
Baraka, homme de consensus, aspire à mettre en œuvre le programme annoncé à la presse la veille de son élection. Il s’agit aussi, pour lui, de rassurer quant à l’avenir du Parti de l’Istiqlal et à son rôle de grand parti actif au niveau du paysage politique national.
Appel à la mobilisation
Avec son sourire, Nizar Baraka appelle à la mobilisation, au resserrement des rangs des militants istiqlaliens et, surtout, à une nécessaire réconciliation entre les frères ennemis, pour redorer le blason du parti et le re-crédibiliser auprès de ses militants, comme de l’ensemble des Marocains. C’est dans ce sens, justement, que s’est acheminé le Comité exécutif du parti, à peine élu. Celui-ci a insisté sur «l’importance de resserrer les rangs des istiqlaliens et de procéder à une véritable réconciliation interne, en vue de revigorer le parti et de lui restituer son lustre et son aura sur les fronts politique et militant».
La vigilance est de mise
Nizar Baraka sait pertinemment que, même s’il a confortablement battu son adversaire Hamid Chabat, il n’est pas à l’abri d’éventuelles réactions des partisans. Il sait aussi que, s’il a réussi à désarçonner Chabat, c’est grâce au soutien de Hamdi Ould Errachid qui s’est taillé une grosse part du gâteau du Comité exécutif. Encore, s’il a gagné, c’est grâce à son projet fédérateur qui reflète une nouvelle manière de travailler; celle d’un Nizar Baraka avec un profil académique et un cumul d’expériences, du fait de responsabilités publiques: il a été ministre de l’Economie et des Finances et est toujours président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), entre autres. Il apparaît aujourd’hui comme un fédérateur qui arrive à point nommé pour réunifier un Parti de l’Istiqlal donnant les signes d’une organisation politique déchirée par les crises intestines, sous la houlette d’une direction de plus en plus essoufflée et déstabilisatrice… Cette direction qui, avec ces turbulences -tantôt au gouvernement, tantôt dans l’opposition- a réussi à faire perdre le nord à un parti qui s’est toujours positionné dans la majorité.
Une dure tâche attend donc Nizar Baraka qui doit mettre les bouchées doubles, pour réussir le pari de réunifier le Parti de l’Istiqlal, le redynamiser, le réconcilier avec ses militants et, surtout, le repositionner et lui imprimer une dynamique intense.
Un challenge difficile
Pour réussir le challenge de redonner vie au parti, Nizar n’a d’autre choix que d’œuvrer à une restructuration profonde de la démocratie interne, histoire de couper court avec une direction qui avait opéré une réelle coupure avec la base. Dans son rôle de fédérateur, animé par la force de la jeunesse et une énergie sans cesse revigorée dans les responsabilités publiques, Nizar devra maintenir un dialogue continu avec les Istiqlaliennes et les Istiqlaliens, rétablir le courant court-circuité par un prédécesseur qui, quatre années durant, a gouverné seul, loin des attentes pressantes des militants.
Unioniste, mobilisateur, respectueux des valeurs du Parti de l’Istiqlal et soutenu par les figures de proue du parti, Baraka s’embarque, dans un parcours de refondation profonde du parti. Un défi qu’il ambitionne de relever et c’est désormais son combat.
Mohammed Nafaa