Un commando d’islamistes somaliens shebab a pris d’assaut, le jeudi 2 avril à l’aube, un campus de l’université de Garissa, dans l’est du Kenya, tuant les deux vigiles avant d’investir des chambres d’étudiants. Dans la soirée, on comptait au moins 147 personnes tuées et 79 blessées. Seize heures après le début de l’attaque, les autorités annonçaient la mort des quatre terroristes. «Depuis l’intervention des troupes kényanes en Somalie en 2011 aux côtés de troupes de l’Amisom (la mission de l’Union africaine lancée en 2007), les shebab ont multiplié les actions le long des 700 kilomètres de frontière», rappelle Philippe Hugon, de l’Iris, l’institut de relations internationales et stratégiques.
D’abord sur la côte touristique du pays, notamment à Mombasa, principal port d’Afrique de l’Est, ou à Lamu, perle swahilie (100 morts). Ce sont eux qui ont réalisé l’assaut en septembre 2013 contre le centre commercial Westgate de Nairobi (67 morts). Eux qui ont multiplié les raids sanglants contre des villages de la côte kényane en juin-juillet 2014 (96 morts). Eux encore qui, en novembre, avaient massacré 28 passagers -en majorité des enseignants- non musulmans d’un bus à Mandera (nord). Eux, enfin, qui ont tué 36 ouvriers le mois suivant dans un raid nocturne. En tout, Nairobi comptabilise pas moins de 135 attaques dans le pays.
«Ils cherchent à multiplier l’instabilité au Kenya pour que les troupes kényanes quittent la Somalie, note Roland Marchal, chercheur au CNRS et auteur en 2011 d’une étude sur les shebab. Et puis, ils rêvent d’étendre le mouvement djihadiste au Kenya par les Kényans eux-mêmes».