Les tensions politiques s’exacerbent au Kenya après le double raid sanglant revendiqué par les islamistes somaliens shebab mais qui, selon Nairobi, porte la marque de réseaux politico-criminels locaux. «La température politique au Kenya a atteint des niveaux dangereux», alertait le journal The Star.
Les raids nocturnes perpétrés contre des localités proches de l’archipel de Lamu (est) -joyau du tourisme kényan- ont créé un choc. Avec un bilan d’une soixantaine de morts, il s’agit de l’attaque la plus grave depuis l’assaut par un commando shebab du centre commercial Westgate à Nairobi (67 morts en septembre 2013). Bien que les islamistes somaliens liés à Al-Qaïda aient une nouvelle fois assumé les attaques des derniers jours, le président kényan, Uhuru Kenyatta, a nié leur implication et accusé des «réseaux politiques locaux» liés à «des gangs criminels».
Ces accusations ont été accueillies avec scepticisme, mais le fait que le chef de l’Etat ait qualifié (mardi 16 juin) ces attaques de «violences ethniques aux motivations politiques» a réveillé les pires craintes. Même si le président Kenyatta s’est bien gardé de désigner nommément qui que ce soit, pour les observateurs, le doute n’est guère permis: il visait son grand rival Raila Odinga qu’il avait battu à la présidentielle de 2013.