Le président kurde irakien Massoud Barzani (au centre)
Enjeu économique autant que territorial, le processus menant à l’indépendance est encore loin d’aboutir, malgré une large victoire du oui au référendum organisé, le 25 septembre, dans la région autonome irakienne. Maîtres d’une région qui n’a pas encore fixé ses frontières, car toute une partie du territoire demeure contestée par Bagdad, les Kurdes d’Irak ont organisé un référendum consultatif à l’intérieur des seules zones sous leur contrôle, pour demander que les populations se prononcent sur une indépendance prochaine. En attente d’un Etat depuis près d’un siècle, la quasi-totalité des Kurdes soutient l’idée même d’une indépendance. Selon les résultats, proclamés mercredi 27 septembre par la commission électorale, le oui l’a emporté avec plus de 92%. Un des enjeux du référendum sur l’indépendance du Kurdistan est territorial. Il s’agit de montrer à Bagdad que les populations des ex-«territoires disputés» sont acquises à la cause kurde et qu’elles soutiennent le processus de séparation de la région kurde du reste de l’Irak.
Changer le statut du Kurdistan ne pourra se faire qu’avec l’approbation d’une partie de la communauté internationale, via l’ONU. En forçant la main à tous ses partenaires de la coalition internationale contre l’Etat islamique, le président Barzani les oblige aussi à se positionner vis-à-vis des nouvelles lignes de fractures qui reconfigurent un Moyen-Orient dorénavant dominé par l’Iran et à poser la question du rôle que pourraient y jouer les Kurdes.
Personne en réalité ne veut d’un Etat kurde, ni l’Irak, ni la Syrie, ni l’Iran et surtout pas la Turquie. Dans le contexte actuel les puissances engagées dans la région ne veulent pas ajouter un conflit aux autres conflits.
Patrice Zehr