Les Marocains commencent à avoir des doutes sérieux sur l’objectivité des dirigeants de la Confédération africaine de football.
Après avoir disqualifié le Maroc de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), Issa Hayatou, président de la Confédération africaine de football (CAF) continue de s’acharner contre le Royaume. Il a évoqué les sanctions qui seraient infligées au Maroc. Il s’agit d’une suspension de 4 ans et d’un préjudice financier à calculer. On estime que la demande de report de la compétition était un désistement de la part du Royaume.
Or, le gouvernement marocain a tenté de faire entendre raison à la CAN depuis plus d’un mois. Mais la Confédération s’est obstinée à maintenir coûte que coûte le tournoi continental aux dates prévues. Malgré la menace de la propagation du virus Ebola, notamment dans les grands rassemblements de l’ordre de la CAN, elle n’a pas voulu reporter la compétition. Sur des dossiers d’une gravité presque similaire, la CAF a été plus clémente. Ce fut le cas vis-à-vis d’autres pays comme la Libye (non organisation de la CAN 2013 et de celle de 2017), l’Algérie (mort d’un joueur par des coups de supporters) ou l’Egypte et l’Angola (jets de pierre sur le bus des joueurs algériens (premier cas) et mitraillage du car de l’équipe du Togo (second cas). La question qui se pose est: est-ce que la CAF est entre de bonnes mains?
Au Maroc, nombreux sont ceux qui pensent que ce n’est pas le cas. Il y a des doutes sérieux sur l’objectivité des dirigeants de la CAF. L’instance aurait pu très bien refuser la demande marocaine, mais seulement après étude sérieuse, en consultant les sélectionneurs des autres équipes et les clubs employant les stars africaines et en sollicitant un avis clair et personnalisé de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), comme l’a fait la Fédération internationale de football association (FIFA).
Il faut dire que le Maroc n’a jamais fait preuve d’un lobbying efficace dans cette instance. En effet, certains pays y ont une position favorable grâce au verrouillage d’une représentation permanente dans les instances, quand d’autres comme l’Algérie usent du forcing pour faire avancer leurs dossiers.
La Guinée équatoriale, de banni à sauveur de la CAF
La Guinée équatoriale a volé au secours de la CAF. Cette république organisera la CAN 2015. Elle sera donc directement qualifiée en tant que pays hôte, alors que cette ancienne colonie espagnole avait été écartée des qualifications en juillet pour avoir aligné un joueur non éligible en tour préliminaire. Le choix de ce pays ne fera pas plaisir à de nombreuses organisations non gouvernementales (ONG). Arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en 1979, Teodoro Obiang Nguema a été réélu en 2009 avec 95,37% des voix. Son régime est régulièrement dénoncé par les organisations de défense des droits de l’Homme qui déplorent notamment une violente répression à l’encontre des opposants politiques, des instances indépendantes de la société civile et des médias, ainsi qu’une corruption de grande ampleur.
En tout cas, le pays est partagé. D’un côté, ceux fiers d’accueillir la compétition et, de l’autre, les inquiets qui craignent l’épidémie d’Ebola. «La décision d’accueillir la CAN dans ces délais est peu responsable. On ne devrait pas l’accepter. Il fallait un peu plus de prudence. Je doute fort de la capacité organisationnelle du pays et il y a Ebola», a avancé Alfredo Okenvo, dirigeant associatif à Bata. «La décision du Maroc, qui nous est supérieur en matière d’infrastructures de football et de santé, a été prudente et responsable. Si la Guinée équatoriale a pris la CAN, je ne sais pas s’il y a des contacts avec les pays avancés en médecine», toujours selon la même source.
Le Maroc invité aux tournois des pays du Golfe
Le président de l’Association de football des Emirats Arabes Unis (EAU), Youssef Yacoub Al Serkal, a déclaré que son pays est favorable à l’idée que le Maroc participe à la Gulf Cup of nations, une compétition qui regroupe les pays du Golfe. «Je salue et soutiens la participation du Maroc et de la Jordanie à la Gulf Cup of Nations, car leur participation est susceptible de contribuer à l’enrichissement et au développement de cette compétition et d’apporter un nouvel élan à la suite de l’augmentation des équipes participantes et l’élargissement de la base de fans», a avancé Youssef Yacoub Al Serkal. Toutefois, il ne s’agit pour l’instant que de l’avis personnel du président de Fédération émirati de football. La FRMF n’a quant à elle pas encore fait de commentaire à ce sujet.
Anas Hassy
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CAN 2015: les clubs européens inquiets
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Ils ont déclaré…
Claude Leroy, sélectionneur français du Congo
«Je suis surpris par la décision de la Confédération africaine de football de confier à la Guinée équatoriale l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations 2015, du 17 janvier au 8 février prochain. Je ne savais pas que la Guinée avait 4 stades capables d’accueillir des matches de foot de la CAN. C’est une drôle de décision dans la mesure où la Guinée avait été disqualifiée pour tricherie lors d’un match de qualification face à la Mauritanie, le 17 mai dernier. Finalement, ils ont été récompensés».
Hassan Farid, vice-président de la Fédération égyptienne
«On aurait aimé porter secours à la CAF qui nous aide beaucoup en temps normal. Toutefois, la santé du peuple égyptien est plus importante que la CAN et le football. Nous avons les mêmes craintes que le Maroc au sujet d’Ebola. Notre politique de sécurité intérieure est efficace et protège tous ceux qui passent par l’Egypte. Mais nous ne voulons pas mettre le pays en péril à cause de cette épidémie».
Jean-Michel Aulas, président de l’Olympique Lyonnais
«Deux des joueurs de l’OL, l’attaquant Clinton Njie et l’arrière gauche Henri Bedimo, ont été sélectionnés avec le Cameroun lors de cette trêve internationale. Je confirme que nous avons effectivement eu une réflexion sur ce sujet à l’OL. C’est bien sûr un sujet d’interrogation et de sécurité quand on est responsable. Il faut que l’UCPF, le syndicat des clubs français, mais également l’ECA (Association des clubs européens, Ndlr) se saisissent du sujet de la défense de l’intérêt des clubs, mais aussi des joueurs. Les points de rassemblement ont été maintenus dans le pays où les matches ne pouvaient avoir lieu».
Jean-Louis Borloo, ancien ministre français
«Je suis consterné par la manière dont cette organisation (la CAF, Ndlr) a géré le report de la CAN-2015. Je ne trouve aucune légitimité à la CAF pour prendre une telle décision en parlant du refus du report. On est chez les fous. Je trouve le ton utilisé invraisemblable. C’est une organisation délictueuse et délinquante. J’appelle à une enquête internationale sur cette Confédération».
Vous pouvez écrire tout et n’importe quoi contre la CAF, la décision marocaine de vouloir le report ou l’annulation de la CAN est aussi discutable. Je suis tout simplement déçu que votre argumentaire s’appuie sur des propos des occidentaux, surtout des francais, j’indexe leurs gouvernants qui ont élaboré de méthode systématique de pillage des matières premières des pays francophones au sud du Sahara. La désolation que sème Ebola, par exemple en Guinée, est un corrolaire de l’appauvrissement des population et donc de la faillite du système de santé.
Certes le Maroc est souverain et sa décision se respecte mais vouloir discréditer à tout prix la CAF et la Guinée-equatoriale me paraît inacceptable.