La Commission Spéciale sur le Modèle de Développement (CSMD) a appelé, dans son rapport général, à structurer le champ culturel autour d’une proposition centrale forte, qui (re)fait de la culture un service public d’importance, au même titre que la santé et l’éducation.
Le rapport a ainsi indiqué que la CSMD propose nombre de mesures visant à renforcer la place de la culture dans l’écosystème éducatif, à appuyer le rôle des médias en tant que vecteurs d’information et de débat public, à déployer et animer des lieux de vie culturels dans les territoires et à assurer la sauvegarde et la promotion du patrimoine national et de la mémoire collective.
S’agissant de l’intégration de la culture dans l’écosystème éducatif, la CSMD a proposé d’introduire les débats et les controverses thématiques comme formats d’enseignement de certaines matières comme l’histoire, la philosophie, et l’apprentissage des langues, en plus d’introduire de manière plus importante des enseignements optionnels liés aux arts dans les cursus scolaires et de développer des filières artistiques dès le secondaire qualifiant.
Elle a également appelé à appuyer le rôle des médias en tant que vecteurs d’information et de débat public et à les accompagner dans leur transformation numérique pour renforcer leur rôle d’information, de sensibilisation, de médiation, d’animation de la vie publique, de promotion de l’échange, et d’appui aux initiatives locales, soulignant la nécessité pour l’État d’accompagner cette dynamique de changement, en renforçant la transformation digitale des médias et en les appuyant dans leur recherche d’un modèle économique innovant et pérenne.
L’objectif étant d’aboutir à un secteur dynamique, produisant un contenu de qualité, qui contribue au rayonnement du Royaume à l’international et renforce la souveraineté du pays dans la production d’information et de contenus numériques, a ajouté la Commission.
Pour ce faire, poursuit la CSMD, il est nécessaire d’actualiser la politique publique de la communication pour définir le service public des médias et en rénover la gouvernance et les modes de financement. “Ces derniers doivent permettre un cadre de coopération efficace avec le Gouvernement, et une indépendance dans la gestion qui incite à l’innovation et à la qualité, dans le respect des normes de régulation du secteur et des orientations de la politique publique de la communication”, a-t-elle expliqué.
Le rapport a souligné, en outre, la nécessité du renforcement de l’offre médiatique régionale afin d’assurer que chaque région dispose d’au moins une chaîne qui consacre une partie de ses programmes à des débats, des informations et des enjeux locaux.
D’un autre côté, le document a proposé de favoriser le développement d’initiatives culturelles innovantes, à travers la professionnalisation des filières culturelles, un meilleur accès aux financements publics, à la commande publique et aux fonds internationaux, et un meilleur accompagnement en matière culturelle, qui s’oriente vers des contenus de meilleure qualité et des formats plus innovants, avec son ouverture à des acteurs nouveaux.
Dans ce contexte, la CSMD a appelé à favoriser et à dynamiser une production culturelle et médiatique innovante et de qualité contribuant au débat, à la sensibilisation et au rayonnement international du Maroc, proposant pour cela de mettre en place une labellisation des acteurs et des initiatives culturelles et médiatiques et de favoriser l’adhésion de ces derniers à une charte commune de valeurs et d’objectifs.
Cela pourrait passer par la mise en place d’une plateforme médiatique d’information, d’analyse et de débat public portée par un groupement de médias privés à but non lucratif, qui soit complémentaire du pôle médiatique public, ainsi que par la mise sur pied d’une plateforme numérique pour les industries culturelles tournées notamment vers la production de contenu audiovisuel innovant et de qualité, à vocation afro-méditerranéenne, en collaboration avec les structures cinématographiques et télévisuelles nationales.
D’autre part, le rapport général de la CSMD a invité à déployer, à animer et à revaloriser des lieux de vie culturels dans les territoires, outre leur animation par la société civile locale avec pour objectifs de valoriser le patrimoine culturel local, de sensibiliser et de promouvoir le débat, d’appuyer les acteurs culturels et artistiques locaux, et d’initier ou de former aux pratiques artistiques.
La sauvegarde et la promotion du patrimoine national et de la mémoire collective figurent également parmi les mesures proposées par la CSMD, en plus du renforcement du rayonnement international de l’histoire et de la culture marocaines et ce, à travers la mobilisation de tous les acteurs, pouvoirs publics, élus, société civile et secteur privé.
Selon la Commission, des actions d’inventaire, de collecte, de recherche académique, de préservation, promotion et valorisation du patrimoine matériel doivent être conduites, pour faire en sorte que les biens physiques soient entretenus et accompagnés d’un savoir et d’un récit qui les replacent dans leur cadre.
Le caractère plus diffus du patrimoine immatériel rend également sa sauvegarde urgente, notamment par l’adoption de mesures ciblées qui pourraient être mises en place, aux niveaux régional et local, tels que des musées dédiés au patrimoine immatériel local, la numérisation de tous les contenus culturels immatériels, l’organisation d’événements réguliers autour de biens culturels, en plus d’une collaboration renforcée entre artisans, artistes et chercheurs et le renforcement des guides culturels régionaux, labellisés, a conclu la CSMD.
LR/MAP