La propagation croissante d’internet, la rapidité de diffusion des informations grâce aux appareils mobiles et l’utilisation des réseaux sociaux, ont engendré un problème mondial: la cyberviolence à l’encontre des femmes et des filles. Un phénomène croissant dans le monde.
Il peut prendre de nombreuses formes, par courriers électroniques, ou sur les sites internet de réseaux sociaux, comme les menaces de viol et de mort, discours de haine, propos dénigrants, insultes et harcèlement fondés sur le genre, causant des traumatismes et des souffrances psychologiques pour les femmes et les filles.
Selon la Déclaration sur l’élimination de la violence contre les femmes, adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU en 1993, «Les termes « violence à l’égard des femmes » désignent tous actes de violence dirigés contre le sexe féminin, et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou la vie privée» (Article 1er).
En effet, cette forme de violence, qui doit être reconnue par le droit pénal afin de sortir de l’impunité, transforme trop souvent l’internet en un espace effrayant qui autorise la cruauté anonyme et rend possible de commettre des actes préjudiciables envers les femmes et les jeunes filles et fait obstacle à la réalisation de l’égalité entre les sexes et porte atteinte aux droits des femmes, alors que la plupart des pays ne parviennent toujours pas à agir efficacement pour résoudre ce problème, car souvent les agressions et le harcèlement en ligne à l’égard des femmes ne sont pas prises au sérieux.
Certes, le développement rapide de l’Internet et la gravité de la violence en ligne à l’égard des femmes et des filles, oblige les Etats du monde à mettre en place un système juridique et social efficace pour lutter contre les comportements criminels via l’internet. Ce dernier doit être une plateforme ouverte, libre et sûre pour l’échange d’idées et non pas un espace de criminalité.
Si quelques États ont adopté récemment des lois visant à lutter contre la cyberviolence à l’encontre des femmes et des filles, comme l’Allemagne, la France, Malte et le Royaume-Uni, il y a plusieurs Etats qui n’ont pas en mis en place des législations pénales contre cette forme de violence en croissance.
En réponse à cette situation, Il est essentiel que les États mettent en place des législations incriminant la violence en ligne à l’égard des femmes et les filles, adoptent des stratégies, programmes de lutte contre ce phénomène, construisent des sociétés dans lesquelles les femmes et les jeunes filles peuvent vivre une vie exempte de violence et s’attaquer aux causes profondes de la cyberviolence en condamnant plus généralement le sexisme, en remettant en cause les stéréotypes de genre.
Aussi, les États devront soutenir les organisations de la société civile engagées dans ce combat et coopérer avec elles, ainsi qu’avec les institutions nationales des droits de l’homme. En plus, il devrait y avoir des mécanismes en ligne, facilement accessibles, qui permettent aux femmes de signaler les abus aux autorités publiques et d’obtenir à la fois une protection et la suppression des contenus préjudiciables, en déclenchant les enquêtes judiciaires et poursuites contre les auteurs de ce genre de crime.
Par Khalid Cherkaoui Semmouni
Chercheur universitaire expert en droits de l’homme