La maîtresse de mon père…

Saif, 23 ans, est étudiant. Ce jeune homme raconte avec culpabilité la liaison que son père entretien avec sa maîtresse qui se trouve être la femme de son meilleur ami.

«Il fut un temps où, pour moi, le couple que formaient mes parents était un modèle de perfection. Cette image de deux anges bien sous tout rapport qu’ils donnent encore d’eux-mêmes, en apparence, n’est en vérité que du pipeau. Ce qui est malheureux et triste dans cette histoire, c’est que ce soit moi, leur fils, qui le certifie. Il me faut expliquer que l’un d’eux joue la comédie du conjoint idéal aux yeux du monde, surtout aux yeux de l’autre, ma mère, qui n’est qu’une naïve, une pauvre oie en somme.
Je serais trop ingrat de ne pas admettre qu’ils nous ont toujours donné la chance de grandir dans un climat serein. Des parents aimants et réconfortants, tenant très à cœur leur rôle de parents. De ce côté, il n’y a pas l’ombre d’un reproche à leur faire. Aussi, les avons-nous toujours vus s’entraider pour faire évoluer leur petite entreprise de fourniture en matériel électrique.

Une belle réussite dont on profite tous très largement. Bien qu’au départ de leur vie commune, ils aient eu beaucoup de difficultés. Quelques rares fois, mon père y fait allusion sans jamais s’attarder sur le sujet. On sait qu’il n’aime jamais en parler. Il le fait seulement lorsque nos demandes sont vraiment démesurées ou quand nous ne voulons pas les aider à tenir la caisse. Il n’y a jamais eu de drame ou de dispute chez nous. Pourtant, le grand danger existe. Il pourrait tout faire écrouler en une fraction de seconde. J’ai vraiment de la peine pour ma mère qui ne mérite pas d’être humiliée de la sorte, à son insu. Une femme docile, tranquille qui nous a élevés dans la tendresse et la douceur, s’occupant de nous tout en aidant mon père dans sa comptabilité et cela sans jamais se plaindre. Ma sœur et moi avons toujours été plus à l’aise avec elle. Mon père, quant à lui, c’est le décideur, celui qui sacrifie la majorité de son temps à faire évoluer son affaire. Mais son entreprise, c’est aussi son meilleur alibi, je le sais maintenant. Sa tendance à être renfermé sur lui-même et à être assez distant avec nous, j’en comprends mieux aujourd’hui les raisons. Cet homme consciencieux, vieux jeu et vraiment trop sérieux qui a toujours satisfait assez facilement toutes nos lubies, n’est qu’un goujat sournois. Ce qui me fait dire cela, c’est que j’ai découvert quelque chose d’effroyable à son sujet. Un secret qui fait mal et que je suis obligé de garder pour moi, malheureusement.
En me rendant à mes cours un après-midi, je me retrouve au feu rouge près du véhicule de mon père censé être en déplacement ce jour-là. Je constate, ahuri, qu’il n’était pas seul: une femme est assise à côté de lui. Mais ce n’est pas n’importe quelle femme. C’est celle de son meilleur ami. Quel grand «ouf» de soulagement! Parce que cette personne et son mari sont des habitués de la maison. Pourtant, c’est en les saluant que les choses prennent une tout autre tournure dans ma tête. Je me suis senti vraiment très mal. La réaction de mon père n’a pas été bonne. Elle l’a trahi. Il m’a rendu mon salut en faisant une grimace que je connais trop bien. Un rictus de la bouche qu’il fait en général lorsqu’il est vraiment très embarrassé. J’ai passé mon chemin, le cœur en effervescence, m’activant déjà à dénicher des pièces à conviction ou des détails compromettants passés sous silence durant toutes ces années de fausse amitié. Je me sentais idiot de n’y avoir jamais vu que du feu. Le soir même à la maison, ni moi, ni mon père n’avons évoqué cette rencontre. Mon idée sur la question était au poil. Mon père avait une relation avec la femme de son meilleur ami qui se disait être une bonne copine de ma mère également. Et moi maintenant, j’étais leur complice! Ils étaient très forts, ces deux-là. Il n’y avait de meilleure façon de tromper son conjoint en toute quiétude. Je me suis auto-flagellé en poursuivant mon enquête, des tentatives machiavéliques. Je me suis mis à les épier, les suivre. Auprès des autres, aucun détail ne filtrait. Or, il y en avait tellement. Je les ai vus à maintes reprises ensemble. Ce n’était pas des rencontres fortuites. Ils étaient bel et bien amants. Je ne pouvais en parler à personne et encore moins agir. Mettre à jour une histoire pareille ne peut être qu’un sacré foutoir. Le minuteur de cette bombe à retardement était enclenché dans notre existence. Je n’arrive toujours pas à gober cette situation, j’ai très mal. Que ma mère puisse être bernée de cette façon ignoble est indécent, indigne. Je me sens sale dans mon âme d’être un complice dans cette dégoutante histoire. Ce n’est pas l’envie de tout déballer qui me manque, bien au contraire… Ce sont les conséquences qui m’en empêchent. Et puis, que faire lorsque se mettent en travers de mes désirs violents de tout dévoiler, le visage de ma mère et celui de ma sœur? Je n’ai pas le droit de les faire souffrir. Quant à mon père, lui qui a fait de moi son complice, je lui voue une haine sans limites. Son chantage est monstrueux, parce qu’il sait que si je parle, je risque de causer un drame familial. Sans compter que nous y perdrions aussi ce petit statut et vernis de la société dont jouit notre famille, grâce à mon père… Et, en plus, au profit de celle que j’exècre!».

Un bébé dans la rue

Mariem Bennani

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