Le grand dauphin noir «Negro» continue de faire des dégâts énormes dans les filets des sardiniers, dans la zone allant de Fnideq à Saïdia, contribuant ainsi à la crise des pêcheurs. Ce poisson met en danger l’emploi de milliers de marins-pêcheurs dans cette zone. Pour les professionnels, le ministre de tutelle se doit d’intervenir.
Les armateurs sardiniers opérant au nord du Maroc ne décolèrent toujours pas. Raison de ce mécontentement, les pêcheurs de la zone méditerranéenne continuent d’avoir des ennuis énormes avec le dauphin noir, affirme Abdelouahed Chaer, vice-président de la Chambre des pêches maritimes de la Méditerranée. Selon lui, le problème de la surpopulation de ce gros poisson «communément appelé «Negro»- se pose toujours dans l’ensemble des ports où les sardiniers opèrent.
«Ce poisson continue d’envahir la zone de la Méditerranée. Il détruit les filets des pêcheurs, qui perdent leur capture à cause des frappes du Negro», dit-il.
Selon cet armateur, les dégâts que ce gros poisson cause aux sardiniers de la zone nord sont très importants, aussi bien sur le plan financier que celui matériel. C’est ce qui a, dit-il, obligé un certain nombre de bateaux pélagiques à quitter cette zone vers d’autres ports du royaume. Et d’autres professionnels n’hésiterons pas à quitter, eux aussi, si aucune solution n’est portée pour régler le problème, s’alarme cet armateur.
Dans la zone, allant de Fnideq à Saïdia, précise-t-il, la pêche pélagique demeure une activité principale pour plus de 3.000 pêcheurs. Soit, quelque 15.000 postes d’emploi indirect, indique Abdelouahed Chaer, également président de la Commission de la pêche maritime auprès du Conseil régional de Tanger-Tétouan-Al Hoceima.
Celui-ci ne manquera pas de confirmer que les enjeux socio-économiques sont très graves. «Les professionnels opérant dans les ports du nord l’ont d’ailleurs fait savoir à travers plusieurs lettres adressées aux responsables du secteur et aux autorités locales, ainsi qu’à la région de Tanger-Tétouan-Hoceima», dit-il.
La dernière en date a été envoyée, le 10 septembre 2019, au ministre de la pêche, Aziz Akhannouch, pour l’interpeller sur ce sujet préoccupant de ce gros poisson qui avale plusieurs tonnes de poisson.
Dans cette lettre, dont Le Reporter détient copie, les armateurs opérant dans la pêche côtière soutiennent que le Negro a envahi les côtes méditerranéennes du Maroc et demandent l’intervention du ministre pour le dédommagement des dégâts causés par ce poisson dans cette zone.
Rappelons qu’une vaste opération d’indemnisation a été lancée au profit de 114 navires opérant dans la pêche côtière, dans la zone allant de Fnideq à Saïdia. En effet, en vertu d’un accord, signé en 2017 en présence du ministre de tutelle et de celui de l’Intérieur, il a été décidé que les professionnels protestataires soient indemnisés à hauteur de 100% (800.000 DH pour chaque bateau). C’est ce qui leur a permis d’acquérir un nouvel engin de pêche de poissons pélagiques.
Toutefois, le problème n’était pas pour autant résolu. Car les côtes de la Méditerranée sont toujours envahies par le dauphin noir, lequel a beaucoup contribué à la crise de la pêche locale dans les ports du nord, selon des sources professionnelles.
Pour désamorcer la grogne des professionnels, un appel d’offres a été lancé, en mars 2018, pour l’acquisition d’un nouveau filet de pêche de poissons pélagiques, en remplacement des filets actuels. A noter que le nouveau filet de pêche -conçu en France- a fait l’objet d’une expérimentation dans certains ports du nord. A savoir notamment Saïdia, cap de l’eau, Nador, Jebha, M’diq, El Hoceima…etc.
Selon des sources concordantes, les résultats des tests du nouveau filet français ne sont pas satisfaisants. Les signataires de la lettre l’ont d’ailleurs clairement dit. «Ce nouveau filet est plus lourd que celui utilisé actuellement. Les pêcheurs doivent fournir un grand effort pour le soulever. En plus, son prix est très élevé», explique un pêcheur, à M’diq. Lequel confie que de nouvelles manifestations pourraient se tenir dans les jours qui viennent pour tenter de sensibiliser les responsables et les autorités aux problèmes que causent le Negro aux pêcheurs du nord.
«Depuis les années 90, les pêcheurs du nord cohabitaient avec le dauphin noir. Mais depuis neuf ans, les frappes de cet animal ont explosé», raconte un marin pêcheur à M’diq.
«Quand ce gros poisson attaque, il ne nous reste parfois que très peu de caisses de sardines, avec à chaque fois des dommages énormes dans les filets et une lourde facture», se plaint, non sans colère, un armateur opérant dans ce même port.
Naîma Cherii