Au moment où Jean-François Zévaco construisait la mosquée Assounna, d’une capacité de plus de 8.000 fidèles, Casablanca était encore déficitaire en édifices religieux musulmans.
A l’époque, la capitale économique ne comptait comme mosquées d’importance, notamment dans la nouvelle ville, que celles de Cadet et de Brion aux Habous et celle de la cité d’Aïn Chock d’Edmond Brion. Depuis une trentaine d’années, ce manque a été largement comblé dans presque tous les quartiers périphériques. De plus, Casablanca allait connaître l’édification de la Grande Mosquée Hassan II, troisième plus grande mosquée du monde et véritable joyaux architectural et identitaire, puisque cet imposant et colossal monument a donné une nouvelle identité à toute la ville de Casablanca qui compte aujourd’hui plus de 1.300 mosquées.
Toutefois, la mosquée Assounna demeure ce lieu de culte qui représente une réelle révolution dans l’architecture et la conception des lieux du culte.
L’originalité de cette mosquée, conçue par Zévaco, réside dans le fait que l’architecte n’a fait appel à aucun élément décoratif traditionnel de l’architecture arabo-andalouse. Le minaret est entièrement en béton brut de décoffrage et les toitures voûtées sont dans une singulière interprétation des fameuses toitures de la Qaraouiyine, puisqu’elles ne sont pas recouvertes de tuiles vernissées. Les ouvertures sont, quant à elles, soulignées par des claustras en briques.
C’est probablement une des seules mosquées dans le pays d’esthétique exclusivement «brutaliste». Néanmoins, des transformations ont fait leur apparition, ces dernières années, sur l’une des entrées, introduisant zellijs et tuiles vertes.
H. Dades