Ce premier texte signé par Rachida Belkacem, revendique sa partialité dès les premières lignes. L’auteur revendique son droit de mettre en lumière ce qui fait des femmes des créatures uniques pour peu qu’on leur laisse la chance d’aller au bout de leurs rêves.
Publié aux Éditions Orion, «La révolte des secrets», est le cri d’une femme qui fait le bilan d’une vie et d’une culture. «C’est aussi une belle plongée dans l’histoire à travers le vécu d’une femme qui vit au-delà de toute frontière. C’est un chant lyrique pour la liberté», comme le souligne l’écrivaine pour qui le pari dans ce roman est de donner toute la place à la femme, qui devient le personnage principal d’une histoire qui va au-delà de la personne pour embrasser toute une culture, un environnement social et une région du monde. Le but étant de ne pas «tomber dans le déjà vu ou alors certains clichés éculés qui réduisent la portée du caractère et en donnent une vision, sinon caricaturale, du moins tronquée», comme le souligne Rachida Belkacem. Pour cette figure de la culture en France, maghrébine de cœur, aux identités multiples, La révolte des secrets, se veut un regard nouveau et sans compromis sur la femme maghrébine, berbère, arabe et africaine. Dans ce roman, il n’y a aucune place pour le féminisme, ni le militantisme primaire, à la fois pétri de rancune et de ressentiment, mais le cheminement d’une femme, qui va vers sa lumière. «Ce livre aborde le sujet de la résilience et de la transmission d’un traumatisme (devenu secret) et ce, sur plusieurs générations. La place de la femme y est centrale comme un fil conducteur. La singularité de chacune de ces femmes se complétant pour finir par ne parler que d’une seule voix. Femmes qui, grâce à leur courage, à leur force, à leur persévérance et leur union, font avancer le monde pour être libres et dignes. La narratrice traversant une maladie découvre peu à peu l’histoire des femmes dans sa vie. Elle se rend compte du même coup de sa propre histoire et condition en se dépassant pour être libre et apaisée», affirme Rachida Belkacem.
En effet, ce texte va au bout des méandres d’une vie avec ses nombreuses ramifications, à travers les souvenir, les rêveries, les espoirs, les attentes et le désir de ne rien céder de sa féminité à un monde cruel. Nous sommes de plain-pied avec une femme qui revient sur sa vie, une femme qui nous parle de ses désirs, qui nous met devant les yeux ses craintes les plus secrètes, qui n’hésite pas à mettre le doigt sur ses non-dits pour plonger en spéléologue de l’âme dans ses propres mystères. «Là où la lumière nous inonde il y a la vie. Pourtant nous naissons avec cette lumière. Il nous suffit d’être prudent, non pas qu’elle soit volatile, bien au contraire, sa puissance jaillit presque toujours dans ces moments les plus obscurs. Cette lumière peut prendre parfois la forme d’un mot, d’un visage, d’un lieu, d’un moment ou même d’un partage. Il faut de la beauté intérieure pour reconnaitre cette lumière et de la persévérance pour la garder intacte. Il faut tenter de préserver cette lumière si fragile dans ce monde, elle nous humanise et sa grâce est infinie», écrit l’auteure.
Rachida Belkacem nous offre à lire un parcours de vie avec une grande présence de l’amour qui unit et qui finit par vaincre tous les clivages. C’est dans ce sens que Rachida Belkacem affirme avec conviction: «Je crois profondément qu’être femme, c’est un don. C’est aussi une chance de pouvoir écrire sur toute une vie, avec ses hauts et ses bas, avec ses espérances et ses illusions, avec ce va-et-vient entre la volonté de créer à soi des univers épars où l’on peut laisser déployer notre folie et notre désir de faire éclater en morceaux toutes les formes de frontières. Je pense que mon roman est un récit qui dit non aux lisières et qui ouvre sur tous les champs du possible», résume Rachida Belkacem.
(La révolte des secrets. Rachida Belkacem. Éditions Orion. Disponible en librairie).
Par Abdelhak Najib
Écrivain-éditeur
LR