Se présentant comme un simple exécutant du jugement de liquidation judiciaire prononcé par la juridiction commerciale, Mohammed El Krimi, syndic judiciaire de la Samir, fait savoir que cette décision a été suivie par un long processus marqué, le 8 février dernier, par la publication de l’appel à manifestation d’intérêt.
Cette publication a fait suite à la finalisation d’un cahier des charges et d’une procédure de cession des actifs de la Samir. En effet, après avoir constaté que la situation de l’entreprise est irrémédiablement compromise, le tribunal a décidé l’ouverture de la procédure de liquidation judiciaire, assortie d’une continuation d’exploitation.
Selon le syndic, le tribunal avait eu raison de décréter la liquidation judiciaire et, en même temps, la continuité de l’activité de l’entreprise. Il s’ensuivra, après la réception des propositions des investisseurs, des rencontres avec ces derniers et non pas avec des intermédiaires. Il sera dès lors signé un protocole de confidentialité, puis un échange d’informations, sauf, bien sûr, celles qui sont secrètes.
Pour aider les investisseurs, un cahier des charges de 135 pages et comptant 15 annexes a été élaboré. Ledit cahier des charges, sommairement présenté le 9 février dernier à la presse, est déposé auprès de la juridiction commerciale de Casablanca. Il comporte notamment les plans stratégiques de la Samir 2012-2014 et 2012-2016. Un cahier des charges assez particulier, puisqu’aucun prix d’ouverture n’est fixé!
Les investisseurs intéressés devront soumettre leurs offres dans un délai de trente jours. Ces offres devraient inclure, entre autres, des prévisions d’activité et de financement sur les cinq prochains exercices, le prix de cession, les modalités de paiement, le niveau et les perspectives d’emplois justifiés par l’activité considérée, ainsi que les garanties nécessaires pour l’exécution de l’offre.
Les intéressés, oui, ils sont déjà là et, selon le Syndic, on en compte une bonne vingtaine, à ce jour. Reste à savoir s’ils sont tous acceptables. Il y a lieu de remarquer que, sur cette liste, qui a d’ailleurs tendance à s’allonger en dépit d’un court délai, aucun prétendant national ne figure. Selon El Krimi, les vingt intéressés qui se sont manifestés «sont prêts, ils ont ramené leurs équipes, réalisé leurs études. Ils détiennent toutes les informations, hormis certaines données juridiques».
Le début de la fin
En tout cas, les choses sérieuses auraient bel et bien commencé, lundi 20 février, au Tribunal de Commerce de Casablanca, où la presse était conviée à une conférence de présentation de la procédure de consultation. Une conférence marquée surtout par la présence d’un visiteur surprise, en compagnie d’un avocat marocain. Ils consultent le cahier des charges de la Samir. Ils font ensuite un tour de table pour se pencher sur les quinze annexes du document. Ces annexes sont thématiques et portent sur plusieurs dossiers: patrimoine immobilier, contrats de leasing, de baux, sociétés filiales, produits pétroliers, formation interne et externe, patrimoine matériel, contrats d’assurances, convention collective, contrats courants avec les prestataires (au nombre de 200), attestations d’experts sur les équipements de raffinage, les marchandises et affaires Carlyle et ITFC…
Ces derniers, Carlyle et ITFC, revendiquent un stock de produits pétroliers auprès de la Samir. «Ces affaires sont classées. La justice a émis une décision pour que les deux sociétés déclarent leurs créances. C’est chose faite. Aujourd’hui, ce sont des créanciers chirographaires comme les autres, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas privilégiés et ne disposent d’aucune sûreté particulière. Et nos stocks appartiennent toujours à la Samir», explique le syndic judiciaire, avec lequel un prochain rendez-vous a été prévu pour un bilan de l’opération. D’ici là, cette dernière aura connu un nouveau revirement, c’est-à-dire que le repreneur définitif aura été connu. Reste juste à savoir quand le dénouement de cette affaire aura finalement lieu?
Hamid Dades