Parmi les fromages les plus populaires et les plus consommés par les Marocains, on retrouve La Vache qui rit et Kiri.
Commercialisées sous différentes formes, goûts et textures, ces deux marques de fromage sont fabriquées par Bel Maroc, filiale du groupe international Bel.
60 ans au service des consommateurs
Alors que l’histoire de Bel au Maroc commence au début des années 70 avec l’importation de La Vache qui Rit, la Société Industrielle d’Alimentation (SIALIM) crée dès 1977 une première fromagerie à Rabat, d’une capacité de 500 tonnes avec un effectif de 35 collaborateurs. Afin de répondre à la demande nationale croissante, l’usine déménage en 1983 pour la zone industrielle de Moghogha à Tanger. En 1995, l’usine démarre ses activités à l’export vers l’Afrique subsaharienne et le Moyen-Orient. En 2004, la Société Industrielle de l’Alimentation (SIALIM), devient Fromagerie Bel Maroc, augmentant en 2005 ses capacités de production par la création d’une nouvelle unité industrielle, dédiée à la production du fromage Kiri.
Avec plus de 1.100 collaborateurs et trois sites majeurs (usine de Tanger, Centre de distribution nationale de Mohammedia et le siège de Casablanca), Bel Maroc produit plus de 500 références de fromage. Par son dispositif logistique propre, l’entreprise fournit aujourd’hui plus de 27.000 détaillants et pas moins de 800 grossistes à travers le Maroc, consolidant une part de marché de 50% en volume du segment des fromages à tartiner, disponibles en portion ou en pot.
Un quart de la production de l’usine Bel de Tanger, est dédiée à l’exportation vers une vingtaine de pays. Première unité hors Europe du groupe Bel, en termes de volume pour la production de fromage fondu, l’usine de Tanger fait figure de site pilote en ce qui concerne l’optimisation de la qualité et de la performance industrielle.
Les secrets du fromage dévoilés
C’est donc en toute logique que les représentants des médias marocains et étrangers, dont Le Reporter, ont été conviés à une visite découverte au cœur de l’usine Bel de Tanger, sise quartier Moghogha. Ce fut l’occasion de constater de visu, le processus de fabrication de bout en bout, de La Vache qui rit et Kiri, deux produits vedettes de la marque Bel Maroc. Le tout, sous la supervision du top management de l’entreprise. Après un trajet de deux heures, à bord du Train à Grande Vitesse (TGV) Al Boraq, nous arrivons à la gare de Tanger-ville, première étape de ce voyage de presse qui nous a permis de lever le voile sur les secrets de fabrication de deux marques de fromage qui défient le temps.
Le trajet de la gare Tanger-Ville vers l’usine Bel, s’est fait à bord de deux minibus spécialement affrétés pour l’occasion, par l’Agence Conseil en communication et relations presse, Mosaik. Après un quart d’heure de route, nous arrivons à ladite usine. Devant la porte principale, des employés du Groupe Bel Maroc nous accompagnent jusqu’au premier étage, là où nous attend avec le grand sourire, Chakib Seddiki, Directeur Général (DG) de l’entreprise. Ahmed Andaloussi et Najiba Ouriaghli, respectivement Directeur RH et responsable qualité se tiennent aux côtés du numéro un de la filiale marocaine du géant français de l’agroalimentaire. Ce sont Andaloussi et Ouriaghli qui se chargeront, plus tard, de nous guider à travers les différents services de l’usine tangéroise de Bel Maroc.
Un processus de fabrication strict
Le nouveau Coronavirus (Covid-19) a chamboulé tous les aspects de la vie quotidienne. Pour freiner la propagation du virus et ses nouvelles souches dont celle britannique, les autorités marocaines ont reconduit les mesures préventives, notamment celle liée au couvre-feu nocturne à partir de 21 heures dans toutes les villes du Royaume. Par conséquent, il fallait gagner le maximum de temps. C’est la raison pour laquelle, il a été demandé aux journalistes et photographes-reporter d’images, de se répartir en deux groupes distincts. Charlottes, chaussures spéciales, gants et casques de protection enfilés, la visite de l’usine pouvait enfin démarrer. Sas de décontamination, personnel en combinaison étanche, pièce à l’atmosphère contrôlée… La vigilance est de tous les instants pour les employés, ingénieurs et machinistes qui travaillent dans l’usine Bel de Tanger. Ici, chacun s’affaire à sa tâche avec énergie et détermination.
Pour obtenir du bon fromage (La Vache qui rit, Kiri…), un processus strict et des étapes clés doivent être respectés. Aucune erreur n’est tolérée, d’autant plus qu’il s’agit de la fabrication de produits laitiers de grande consommation. Beaucoup veulent savoir comment sont fabriqués les fromages La Vache qui rit et Kiri. Malgré le temps serré, Ahmed Andaloussi et Najiba Ouriaghli ont accepté de répondre aux interrogations du Reporter au fur et à mesure que nous avancions dans notre visite de l’usine Bel de Tanger. «La première étape consiste à réceptionner le lait. Sous forme liquide, il est ensuite stocké dans des cuves à faible température et ce, pendant 24 heures. Vient ensuite une deuxième phase qui consiste à cailler le lait. Ce dernier se transforme alors en un gel homogène appelé caillé. Cette coagulation se fait sous l’action d’un ferment. Le lait caillé est ensuite fragmenté en petits morceaux. Plus les fragments sont gros, plus ils contiennent d’eau. À l’inverse, plus ils sont petits, plus leur taux d’humidité est faible et plus la pâte est ferme», a expliqué Andaloussi. Après démoulage, le fromage est placé en phase de maturation, dans une cave naturelle ou artificielle. Le respect de cette étape est déterminant pour la qualité du produit fini. C’est lors de cette dernière que se développent et s’uniformisent la texture, la couleur et le goût du fromage. Après le caillage, la fragmentation, l’égouttage et le moulage, le fromage doit passer l’étape dite de Salage. En effet, le sel agit à titre d’agent de conservation et d’antiseptique. Il peut être ajouté au fromage lors du brossage avec une saumure (eau salée) ou à la fin du procédé de fabrication». Pour la responsable qualité au groupe Bel Maroc, Najiba Ouriaghli, «selon le type de fromage que l’on souhaite fabriquer, l’étape du salage peut durer de quelques minutes à plusieurs heures».
Enfin, la dernière phase de fabrication consiste à conditionner le produit fini, pour être expédié aux clients finaux (grandes surfaces, épiceries, laiteries…). Au sein de l’usine Bel de Tanger, la mise en boîte et l’emballage des fromages, est réalisée grâce à une énorme bobine d’aluminium. Par étapes successives, le papier est découpé, installé dans des petits godets triangulaires ou carrés, où le fromage chaud liquide est coulé. La chaleur du fromage pasteurise la feuille d’aluminium. Et les opérations continuent, sur la ligne automatisée. Pliage de l’aluminium, regroupage des portions en plusieurs couches dans les boîtes, jusqu’à la machine de dépose d’étiquettes automatique pour fromage. Les portions sont ensuite mises en carton.
Le cœur de l’activité de Bel Maroc, la conception du fromage, requiert expertise technique, savoir-faire fromager et un haut degré d’exigence en termes de qualité et de sécurité. Avant d’arriver sur vos tartines et sandwichs, les différentes variétés de fromages Bel, passent par un processus des plus exigeants. De la fabrication, à l’emballage jusqu’à la dégustation et le contrôle qualité, rien n’est laissé au hasard. L’objectif étant de proposer au consommateur, des produits de qualité qui permettent aujourd’hui de reconnaître les fromages Bel, les yeux fermés.
DNES à Tanger: Mohcine Lourhzal
Reportage Photo: Soufiane Benkhadra
3 questions à…
Chakib Seddiki, DG de Fromageries Bel Maroc
«Nous espérons un retour à la normale de notre activité à l’export en 2022 »
L’usine Bel de Tanger a accepté d’ouvrir ses portes à la presse, jeudi 1er avril 2021. Le timing était-il fortuit?
Absolument pas. Cela fait plus de quarante ans que l’usine Bel de Tanger est opérationnelle. Sur une quinzaine de sites de production, notamment de l’emblématique fromage La Vache qui rit à travers le monde, celui de Tanger est une référence pour le Groupe Bel. L’usine est un site pilote et centre de compétences clé au service de la performance industrielle et en matière de gestion autonome. Il faut savoir que le site de Tanger a pratiquement un ou deux ans d’avance sur l’ensemble de nos sites industriels à travers le monde. Nos équipes sont en ordre de bataille pour assurer la pleine disponibilité des produits avec une flotte d’une centaine de camions. Au Maroc, 50% de la consommation de fromage se fait sur l’axe Casablanca-Rabat, les villes situées dans l’ouest du Maroc absorbant les 50% restants. 80% de la consommation de fromage se fait par le circuit traditionnel, et 20% par le circuit de distribution moderne.
Quelles ont été les répercussions de la pandémie due au nouveau Coronavirus (Covid-19) sur l’activité de Bel Maroc?
Comme je l’ai déjà mentionné, l’une des caractéristiques du marché marocain est que 70% de la consommation de fromage se fait par achat de la portion individuelle. Une grosse partie de cette consommation se fait hors foyer, dans les épiceries et laiteries (Mahlaba). Mais avec le confinement, tout ce pan de la consommation a connu une chute considérable. Heureusement, de nouveaux usages ont émergé avec le confinement sanitaire, notamment l’utilisation du fromage dans les recettes culinaires à la maison. Ce nouveau mode de consommation, observé partout dans le monde, s’est traduit par une augmentation de la demande sur le pôle culinaire.
Quid de l’export?
En 2020, le chiffre d’affaires à l’export a représenté 25% des ventes globales, contre 30% en 2019. Pourtant, l’export représente une part très importante de la production de la fromagerie Bel Maroc. La crise économique que connaît le Liban, l’un des plus importants marchés de destination, la forte dépréciation de sa monnaie et la quasi faillite de son système bancaire, combinées aux effets de la pandémie, et la problématique de sécurité dans plusieurs pays africains, ont contribué à cette contraction du volume à l’export du groupe Bel Maroc.
La situation de crise sanitaire est toujours là, dans différents pays. On voit un petit bout de lumière mais on n’est pas encore sorti de l’auberge. Je pense qu’en Afrique comme au Moyen-Orient, nous espérons un retour à la normale de notre activité à l’export en 2022.
Propos recueillis par ML
Fromagerie Bel Tanger Amélioration et innovation continue Depuis 2014, une station d’épuration destinée à traiter les effluents a été mise en place à l’usine Bel de Tanger pour un budget de près de 20 millions de dirhams. Développée en étroite collaboration avec le Centre Marocain de Production Propre (CMPP), ainsi que le Fonds de Dépollution Industrielle (FODEP) qui est rattaché au ministère de I’Energie, des Mines et de l’Environnement, cette station est une première au niveau international pour le Groupe Bel. La station a une capacité de traitement allant jusqu’à 300 mètres cube par jour. En outre, un projet de chaudière à biomasse utilisant des matières organiques en remplacement du fuel est en cours de réalisation par le groupe Bel Maroc. Elle devrait permettre d’atteindre la neutralité carbone à moyen terme. En 2020, l’usine a adopté un programme de performance industrielle innovant en mettant en place des Ilots Autonomes de Production (IAP). Il s’agit d’équipes d’opérateurs qui gèrent leurs ressources de façon autonome. Cette démarche, supportée par un programme de formation et d’accompagnement, favorise la responsabilité et la montée en compétence des collaborateurs. Initiée au sein de l’unité industrielle de Tanger, les IAP sont devenues une best practice adoptée par l’ensemble des filiales du Groupe Bel à l’international.
Fromages La Saga Bel Maroc en images !