Sofia, 30 ans, est complètement désespérée. Elle et son soldat de mari étaient pourtant bien partis, mais sa nouvelle vie de femme au foyer a tout changé. Son histoire.
«Mon couple bat de l’aile et nous ne nous supportons plus, mon mari et moi. Selon lui, je ne m’occupe plus que de choses vaines, inutiles et farfelues. Peut-il seulement comprendre que, depuis que j’ai lié ma vie à la sienne en fondant une famille, c’est sur mes maigres épaules que reposent le bon fonctionnement de la maison et l’éducation des enfants? Je ne le reconnais plus et je suis complètement désespérée. Il y a 6 ans, quand j’ai rencontré Fouad, il avait entamé sa carrière de militaire et ce, depuis 5 ans déjà.
Je l’ai trouvé irrésistible, mignon, intelligent et sérieux, avec en plus une bonne situation. Dès les deux premiers mois de notre relation, il m’a parlé de mariage. Je correspondais à ses attentes et cela à tout point de vue. Nous nous sommes entendus pour que je finisse ma dernière année d’études avant de nous marier. Très vite, nous avons officialisé notre relation en mettant nos deux familles au parfum. Tout s’est déroulé sans la moindre anicroche. Mes parents étaient très heureux et rassurés. Eux aussi avaient été conquis par son charme et sa droiture. De mon côté, j’ai été très vite adoptée par mes beaux-parents. Nous avons tout décidé ensemble et cela dans les moindres détails, du déroulement de nos cérémonies jusqu’au logement dans lequel nous allions vivre. Nous étions vraiment faits l’un pour l’autre. Au début, nous avions aussi projeté que je travaille, pour que nous puissions un jour acheter le logement de notre rêve et l’aménager à notre goût. Mais cela n’a pas été possible. Après nos noces, trouver du travail n’a pas été chose faciledans la capitale où nous avions emménagé. En plus, Fouad était pressé de voir arriver un enfant dans notre petit nid. Il était un peu plus âgé que moi et je le voyais toujours conquis par la présence des petits enfants de nos frères et sœurs. Notre aîné ne tarda pas à arriver et mon mari m’ordonna de stopper net mes recherches. Je ne m’occupais donc plus que de l’accueillir dans les meilleures dispositions. Neuf mois plus tard, après une ardente attente, nous avons eu un beau garçon. Rien ne comptait plus que d’être aux petits soins de notre petit prince. Mon mari était aux anges et s’occupait un peu de notre enfant pour me soulager, disait-il. Il faut dire que ma mère était venue m’assister; je n’avais pas d’aide à la maison.
Mais ça, ce n’était que les premiers temps! Après, mon mari ne m’aidait plus du tout. Il ne s’occupait que de son travail, son sport et de ses sorties après le boulot pour prendre un café avec ses collègues. Deux ans après, me voilà de nouveau donnant un petit frère à notre bout de chou. Finalement, j’ai eu un deuxième magnifique bébé et je passais le plus clair de mon temps à m’occuper de mes enfants, de mon mari et de ma maison, sans jamais me plaindre. Lors de nos réunions de famille, nous les femmes, nos sujets de prédilection ne tournaient qu’autour des recettes de cuisine, des dernières tendances en matière de biens mobiliers et de vêtements. Quand mes belles-sœurs et sœurs changeaient le tissu de leur salon marocain, il fallait que moi aussi je le fasse; pareil pour le frigo, la gazinière, la vaisselle, etc. Il fallait aussi habiller les enfants comme les autres. Tout cela devait être soigneusement orchestré pour ne pas être sujet de dérision qui animerait les repas dans les maisons des belles-familles. Il faut dire aussi qu’à trop travailler en mode domestique et nounou, j’essayais de me reposer un peu quand la maison était vide en regardant quelques feuilletons à la télé. Telle était devenue ma vie. Tous ces détails indisposaient terriblement mon mari, mais il évitait d’en parler, soucieux de ne pas me faire de la peine. Il tentait de me délivrer de ce qui l’agaçait et m’achetait des livres, des revues, essayait de m’initier aux nouvelles technologies, tentait des conversations philosophiques, politiques. Mais moi, je n’en avais pas du tout envie. Le pire était que je m’empiffrais de tout ce que je cuisinais, au point d’avoir définitivement perdu ma silhouette de jeune mariée. Seules les photos en témoignent aujourd’hui. C’est à partir de là que mon mari ne s’est plus gêné pour me balancer des reproches. Au début, ils étaient un peu moqueurs. Il disait aussi m’en vouloir de me laisser aller à ce point. Devant mes tristes silences, il me consolait en me disant qu’il ne fallait pas que j’oublie que j’étais une très jolie femme, diplômée d’une grande école et que je n’avais pas le droit de tout ficher en l’air, moi-même et tant d’années d’études aussi. Ensuite, ses remarques devenaient de plus en plus sarcastiques. Aujourd’hui, je ne peux plus le supporter et lui non plus, apparemment. Nous vivons chacun de son côté tout en partageant les mêmes murs et nos enfants. Il ne fait toujours rien pour m’aider à la maison, m’évite la plupart du temps. Sauf quand, par mégarde, je n’ai pas repassé la chemise qu’il désirait porter pour sortir avec ses amis. Alors là, il se met dans des colères noires et m’incendie d’insultes et de reproches vitriolés. Depuis quelques temps, il menace de ne plus m’accorder le moindre centime pour mon usage personnel. J’ai su dernièrement par une de mes belles-sœurs qu’il avait acheté un bien immobilier. A moi, il ne m’en a jamais parlé. Que faire? Partir? Oui, mais les enfants? Rester et changer de vie en devenant active? Est-ce que ça ne sera pas au détriment de la vie familiale? Et puis, cela nous rapprochera-t-il ou ni lui ni moi n’aurons plus envie de vivre ensemble quoiqu’il en soit? Je n’en sais rien…».
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