L’Afrique atlantique est un espace où se mêlent ‘’identité, opportunités et enjeux’’, a affirmé l’ambassadeur du Maroc en Afrique du Sud, Youssef Amrani, qui était l’invité de BBC World News pour une émission focus sur la première réunion ministérielle des États Africains de l’Atlantique, tenue récemment à Rabat.
Dans cette interview, le diplomate marocain a expliqué les tenants stratégiques de cette initiative qui dessine l’avenir de l’Afrique atlantique, soulignant que la rencontre de Rabat a été l’occasion de dresser des constats largement convergents sur ‘’la nécessité d’une prise en charge plus prononcée de cet espace par l’ensemble des pays riverains de l’Atlantique’’.
‘’La face ouest du contient est un espace de projection fondamentalement enclin à constituer l’objet de discussions, de démarches et d’actions conjointes pour le bénéfice des populations qui ont cette ouverture atlantique en partage’’, a indiqué M. Amrani.
Relevant que l’ensemble des 21 pays africains représentés à Rabat ont partagé une même préoccupation sur ‘’le caractère de plus en plus complexe des menaces posées par le terrorisme, la criminalité transnationale organisée et la piraterie maritime dans la région’’, l’ambassadeur a fait observer qu’au-delà de la menace sécuritaire, les discussions se sont surtout focalisées sur ‘’les défis environnementaux et leurs conséquences sur la sécurité alimentaire et les flux humains’’.
Et d’ajouter que les questions de développement économique, de compétitivité et d’attractivité ont été abordées au cours de la réunion, sans oublier que les ministres ont également souligné l’importance d’optimiser la zone Atlantique africaine pour une gestion plus concertée et coordonnée de la gouvernance des migrations.
‘’Face à ces enjeux transversaux, l’exigence d’une unité renfoncée a été soulevée par l’ensemble des ministres qui ont exprimé cette ambition dans la Déclaration de Rabat adoptée à l’issue des travaux, laquelle souligne expressément la nécessité d’agir collectivement par la coordination des actions sur un ensemble de secteurs stratégiques, afin de répondre aux impératifs de sécurité, de développement durable et de prospérité dans cet espace commun’’, a-t-il noté.
Rappelant qu’’’il y a toujours eu un intérêt pour les pays africains à développer une coopération pertinente dans l’Atlantique’’, le diplomate marocain a indiqué que la Conférence de Rabat s’est à cet effet concentrée sur des résultats concrets en créant trois groupes thématiques, chargés du dialogue politique et sécuritaire, de l’économie bleue et de la connectivité maritime, et de l’énergie et du développement durable.
‘’C’est par souci d’instrumenter cette ambition, en mécanismes de coopération appropriés qu’il a été décidé d’établir un processus de Rabat afin de renforcer la coopération entre les États’’, a-t-il relevé, expliquant que les ministres ont convenu de réactiver le Secrétariat permanent de la Conférence, basé à Rabat, chargé de coordonner les actions et de préparer les réunions. Le Secrétariat permanent servira également de plate-forme pour l’échange sur les défis et les opportunités dans la région de l’Afrique Atlantique, a-t-il expliqué.
Selon lui, l’objectif est de ‘’générer des synergies et de produire des réponses efficaces et proactives aux enjeux de cet espace partagé, à travers la désignation de points focaux dédiés à la coopération Atlantique Africaine’’.
S’agissant de la cohérence de cette initiative dans l’architecture globale de la coopération africaine, M. Amrani a tenu à souligner qu’il ‘’n’y a pas de chevauchement institutionnel. Chaque institution a son propre mandat, son propre programme et sa propre sphère d’action géographique. Mais bien sûr, il est important de souligner que la cohérence est au cœur de notre initiative. Les valeurs de l’Afrique doivent se refléter dans chaque institution africaine, qu’il s’agisse de l’UA ou de l’initiative d’aujourd’hui, engagée par les États africains de l’Atlantique’’.
‘’Nous nous concentrons sur la construction de ponts, le renforcement de notre dialogue et l’amélioration de nos capacités à fournir des réponses communes aux menaces communes. Nous sommes un espace ouvert, désireux de renforcer la coopération Sud-Sud en promouvant les valeurs d’unité et de solidarité africaines’’, a-t-il assuré.
Et de conclure ‘’qu’aucun pays ne peut négliger la nécessité d’une coopération régionale et internationale plus efficaces. Aujourd’hui, la question de la géographie n’est même plus réellement pertinente. Les menaces auxquelles nous sommes confrontés ne connaissent pas de frontières et évoluent rapidement. Aucun pays ne peut fournir seul des solutions pertinentes, quelles que soient sa taille ou sa force’’.
LR/MAP