Désormais, la vie et l’action associative seront gérées par une Charte. C’est une création du Dialogue national sur la société civile qui sera soumise à l’appréciation du parlement.
Le 13 mars de chaque année est décrété (Décret royal) «Journée nationale de la société civile». C’est un hommage solennel à l’action associative, a annoncé le ministre (PJD) chargé des Relations avec le parlement et la Société civile, Lahbib Choubani, invité du Forum de la MAP (mardi 27 mai 2014). Précisant que le Dialogue national sur la société civile est «made in Morocco» (une création marocaine), il a souligné que cette Charte devrait constituer une fierté pour les Marocains.
Comportements individuels
Aux multiples appels qui dénoncent le refus de délivrer les récépissés provisoires ou définitifs de création d’association, Choubani a qualifié ces agissements de comportements individuels qui ne reflètent nullement la politique gouvernementale. D’ailleurs, a souligné le ministre, les recommandations de la Commission nationale stipulent la nécessité de dénoncer les responsables de pareilles dérives et de citer les associations qui en ont fait les frais. Le ministre a dans ce sens indiqué que le Dialogue national sur la société civile souligne l’engagement du Maroc à mettre en œuvre les dispositions de la nouvelle Constitution de 2011.
Made in Morocco
Les réunions de la Commission nationale, a précisé Choubani, ont été marquées du sceau de la transparence. D’ailleurs, le constat de l’opinion internationale était catégorique. «On en a pour preuve, a rappelé le ministre, le fait que notre expérience »made in Morocco » a été sollicitée à l’international et est donc, nonobstant ses spécificités, concrètement exportable et profitable à l’international. De quoi être fiers… L’expérience marocaine a mijoté sur feu doux, loin de toute pression extérieure, protégée dans ce sens par le principe de l’approche participative».
La confiance rétablie
Parmi les objectifs de la Commission nationale sur le Dialogue social, il y a la remise sur les rails de la locomotive de la «relation de confiance» entre les Marocains et leur administration. Un défi difficile, mais que la Charte de la vie associative rendra plus aisé à relever. On en a pour preuve la recommandation de la Commission nationale de soumettre tout son bilan législatif à l’appréciation du parlement (à la fin de la session printanière) et, à travers lui, du grand public. Il s’agit d’un projet de loi organique qui autorise les citoyens à faire des propositions législatives et à présenter les fameuses pétitions et une loi-cadre sur la consultation publique.
Beaucoup d’argent en jeu
Le financement des associations a fait couler beaucoup d’encre ces dernières années du fait qu’il y a beaucoup d’argent en jeu, loin de toute transparence et malgré des Journées interminables de discussions et de concertation sur le sujet. Il semble que l’opacité est toujours de rigueur et qu’on a du mal à mettre le doigt sur la plaie et à appeler un chat, un chat.
Même en considérant que la société civile ne peut se targuer d’être crédible si elle n’est pas indépendante, transparente et démocrate, Lahbib Choubani a avoué, concernant ces sommes faramineuses (subventions) reçues de l’Etat par les associations, qu’elles restent non définies et échappent à tout contrôle. On s’en souvient d’ailleurs, un rapport publié en 2009 par le Haut-commissariat au Plan (HCP) avait montré que 95% des associations ne révélaient pas leurs finances, ce qui prouve «l’absence de culture de transparence des comptes, que ce soit pour l’Etat ou pour la société civile», a dit Choubani.
Choubani, les pieds sur terre
Bien que les faits permettent une certaine satisfaction quant au bilan de l’action de la Commission nationale du Dialogue social sur la société civile, le ministre Lahbib Choubani a tenu à garder les pieds sur terre en avouant qu’après une année de labeur, le Dialogue national n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière et qu’il reste beaucoup à faire pour mettre en œuvre les recommandations qui en ont découlé pour boucler la boucle, avec en tête l’arsenal juridique.
Observations bienvenues
Choubani n’a pas voulu clore le débat sans s’adresser à travers le «Forum MAP» à ses détracteurs qui l’accusaient de les écarter du grand bal de la Commission nationale sur le Dialogue social. «Le dialogue, leur a-t-il lancé, n’a éliminé que ceux qui se sont eux-mêmes marginalisés et toutes les observations seront les bienvenues».
Mohamed Nafaa