Le président du Conseil de la concurrence, Driss Guerraoui, présente la vision du Conseil concernant la gestion de l’après-pandémie du nouveau coronavirus (Covid-19), insistant, dans ce sens, sur l’importance d’élaborer un nouveau modèle de développement, basé sur un contrat social qui renforce la confiance dans les instituions, et de développer un système de concurrence fort pour contribuer aux efforts du Maroc visant à contrecarrer les répercussions de cette crise.
1 – Quelle évaluation faites-vous des répercussions de la pandémie du Covid-19:
Le Conseil de concurrence suit de près l’évolution de la situation économique dans le contexte de cette pandémie, ainsi que ses répercussions sur les marchés nationaux. D’ailleurs la gestion de cette crise, sous la conduite de SM le Roi Mohammed VI, est exemplaire en comparaison avec ce qui se fait aux niveaux régional et international.
Les mesures prises en faveur des familles vulnérables, des travailleurs des secteurs formel et informel et des entreprises touchées sont de nature à réduire l’impact de cette crise. Dans ce sens, le Conseil de la concurrence a émis un avis relatif à la décision du gouvernement visant à fixer les prix des masques, des fournitures médicales et produits de base afin d’éviter toute spéculation et assurer l’approvisionnement du marché national.
La crise actuelle a montré la nature des défis que doit relever le Royaume et a mis en avant la nécessité d’accélérer la mise en place d’un nouveau modèle de développement. Ce nouveau modèle devra définir de nouvelles priorités permettant d’assurer la sécurité alimentaire, industrielle, sanitaire, sociale et financière du pays, tout en renforçant le développement de l’économie verte et numérique grâce aux avantages comparatifs dont dispose notre pays.
Le développement d’un système national de concurrence fort est un élément principal dans la réalisation de ces objectifs. La concurrence est une composante de la solution que le Maroc s’attèle à trouver pour faire face aux répercussions de cette crise, mais également une composante essentielle du nouveau modèle de développement.
2 – Quelles sont les actions du Conseil de la concurrence durant cette crise ?
Depuis le début de l’état d’urgence sanitaire, le conseil de la concurrence a renforcé son rythme de travail en adoptant le télétravail, tout en respectant scrupuleusement les procédures et délais de traitement des cas qui lui sont soumis.
Durant cette période, la commission permanente du Conseil a tenu huit réunions, approuvé 23 décisions relatives aux concentrations économiques et émis un avis, après avoir été saisi par le gouvernement, concernant la fixation des prix des masques et des fournitures médicales imposées par la crise.
Le Conseil tiendra sa séance plénière jeudi en vue d’approuver le rapport annuel de 2019 et le projet d’un avis relatif à la situation de la concurrence dans le marché du paiement électronique via cartes bancaires. Il tiendra également des réunions des différentes branches et directions en vue de parachever les chantiers structurants prévus par le conseil dans le cadre de son plan 2019-2023, avec à leur tête la mise en place d’un baromètre national de concurrence et un observatoire de veille juridique, économique et concurrentielle, ainsi qu’un sondage annuel sur la situation concurrentielle des marchés.
3 – Quelles sont les activités qui retiendront l’attention du Conseil après le confinement ?
Cette étape imposera au Conseil de nouveaux défis en matière de surveillance de la situation concurrentielle des marchés, conformément à la loi de la concurrence. Ainsi, trois domaines, liés aux répercussions de la pandémie, retiendront particulièrement l’attention du Conseil.
Le premier est relatif à la situation économique générale qui pourrait être marquée par la rareté de certaines produits de base, ce qui engendrera une action du Conseil pour éviter aux consommateurs d’être victimes des spéculateurs qui s’adonnent au stockage illicite pour faire flamber les prix et mettre à mal le pouvoir d’achat des citoyens.
Le second sera de veiller à ce que les aides, exemptions et incentives offertes aux entreprises n’impactent ni les marchés publics ni la situation concurrentielle des marchés, notamment si elles sont pratiquées de façon sélective entre les secteurs productifs et les champs territoriaux, les catégories sociales, les matières premières et les fournitures essentielles.
Le troisième domaine concerne les opérations de concentration économique qui connaîtront une évolution notable et une dynamique nouvelle après le confinement comme c’est le cas dans toutes les étapes post-crises. Cette étape verra également l’émergence de nouvelles concentrations imposées par la restructuration des marchés et des secteurs économiques nationaux et internationaux.
Les opérations de concentration économique imposeront la mise en place de procédures adéquates et sévères pour veiller au contrôle de ces opérations et éviter qu’elle ne se transforment en situation de monopole sur certains marchés. Toutefois, il faut également veiller à ce que ces procédures n’entravent pas la mise en place de groupements d’entreprises forts.
S’agissant de ce dernier point, le Maroc s’est montré résilient face à la violence de la crise durant la première phase de la pandémie du nouveau coronavirus (covid-19) et prouvé qu’il est en mesure de relever le défi de l’édification d’un nouveau modèle de développement qui met à profit le génie national et valorise l’intelligence collective de l’ensemble des composantes de la société en vue de renforcer son immunité économique et sociale.
La réalisation de cet objectif nécessite de mettre en place un nouveau contrat social, comme préconisé par SM le Roi Mohammed VI, basé sur une nouvelle ambition nationale qui dessine les contours d’un nouveau Maroc mobilisant l’ensemble de ses composantes et forces vives pour réussir ce projet. De son côté, le Conseil de la concurrence œuvrera, selon ses prérogatives, à faire réussir ce chantier national prometteur.
Avec MAP