Quelles politiques face aux 3 défis : extrémisme, terrorisme et immigration clandestine? C’est pour répondre à cette question et faire face aux 3 défis qu’était réunie, à Rabat, l’Assemblée Parlementaire de la Méditerranée (APM).
Les défis de l’extrémisme, du terrorisme et des tragédies de l’immigration clandestine en Méditerranée étaient au menu de la rencontre des conseillers, chapeautée par l’Assemblée parlementaire de la Méditerranée. Les participants à cette rencontre ont débattu des politiques pour faire face à ces défis communs et renouvelés.
Le président de la Chambre des conseillers, Mohamed Cheikh Biadillah, a précisé que l’ensemble de la communauté, non seulement méditerranéenne, mais également internationale, devrait s’atteler à démystifier et à combattre ce fléau.
L’immigration clandestine a tenu à l’occasion une place de choix dans les débats, lesquels ont duré toute une journée et permis aux participants d’exposer leurs visions et stratégies respectives de lutte contre cette tragédie qui touche de plein fouet plusieurs points de transit, notamment l’Italie, la Grèce et le Maroc, malgré les efforts considérables de ces pays pour juguler ce mal. Des efforts reconnus par l’Agence de surveillance des frontières de l’Union européenne (FRONTEX) pour avoir donné des résultats probants. Le modèle marocain, cette stratégie de lutte contre l’immigration clandestine, était là pour en témoigner.
Pour un dialogue politique
Dans leurs exposés, les intervenants ont décortiqué les thématiques de la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme et les tragédies de l’immigration clandestine. Ils ont appelé à un dialogue politique renforcé entre les pays d’origine, de transit et d’accueil, comme l’a fait Maria da Conceição Pereira, Présidente de la 3ème Commission permanente de l’APM.
La peur se propage et la violence injustifiée fait tache d’huile, a lancé un participant qui a appelé à la nécessité de briser ce cercle vicieux et trouver une dynamique, en vue d’une solution à cette problématique qui interpelle l’ensemble de la communauté internationale. La Méditerranée connaît des problèmes qui s’accentuent du fait du sentiment d’oppression (crise israélo-palestinienne) et de la radicalisation dans le monde arabo-musulman et qui nécessitent la recherche urgente d’horizons nouveaux pour permettre à la jeunesse de trouver sa place au soleil et ne plus se voir victime de la violence.
La situation en Méditerranée
Les problèmes politiques et humains à Gaza et le dialogue interculturel, inter-religieux et d’intégration socio-économique ont été soulevés lors de la réunion de l’APM. La situation en Egypte était en bonne place, décortiquée par l’ambassadeur Ezz El Din Fahmy, ministre adjoint des Affaires parlementaires d’Egypte. «L’Egypte et son président, a-t-il dit, ne doivent pas être laissés seuls à leur sort. Ils ont besoin d’être soutenus. Votre assemblée doit renforcer les capacités du pays dans ses revendications».
Federico Soda, directeur du Bureau pour la Méditerranée, organisation internationale pour la migration, n’a pas versé dans la langue de bois. La situation, a-t-il matraqué, se détériore en Méditerranée comme dans le désert (Syrie et Somalie), pour arriver en Afrique du Nord et traverser le détroit». En citant des chiffres percutants, il a parlé de 80.000 arrivées d’immigrés clandestins (plus de 40.000 en Italie, 36.000 en Grèce, 1.100 en Espagne…). Des chiffres qui sont le fait de la guerre en Somalie, ainsi que des personnes qui quittent l’enfer de la guerre dans leurs pays respectifs et tombent dans les bras des trafiquants d’armes ou de drogue.
Federico Soda a appelé à œuvrer pour un partenariat à long terme, afin de réduire le nombre des morts en mer et sur terre, de trouver une solution au drame des réfugiés et des immigrants clandestins et de garantir l’arrivée dans les pays de transit ou d’accueil dans des conditions normales et en toute sécurité. Soda a néanmoins relevé: «Les retours dans les pays d’origine se font difficilement». Il faut donc, a-t-il proposé, «trouver des voies légales pour stopper ce flux migratoire dû aux trafiquants et autres mafiosi qui profitent de la misère des autres». Et de conclure: «Notre politique ne peut cautionner ce genre de situation».
Un casse-tête…
L’hémorragie de demandeurs d’asile n’est pas sans poser des difficultés aux gouvernements de la Méditerranée qui se demandent comment la stopper. Ils parlent de quotas à définir pour résoudre les questions structurelles et mieux gérer les questions humanitaires dans les deux rives de la Méditerranée, pour trouver la solution qui s’impose à cette migration massive.
Un phénomène qui préoccupe
S’agissant du volet concernant la «lutte contre le terrorisme», Raul de Luzenberger, ministre, chef adjoint de la délégation de l’UE au Maroc, a rappelé: «Le terrorisme est un phénomène qui nous préoccupe». Aussi a-t-il expliqué: «L’Union européenne a une stratégie de lutte contre ce fléau et contre l’extrémisme violent… Difficile de comprendre ce qui amène une personne à devenir terroriste et à amener sa famille en Syrie, en Irak ou dans d’autres théâtres de guerre pour se transformer en jihadiste ou en combattant. Le terrorisme est donc un danger commun à l’ensemble de la communauté internationale. Aussi l’Union Européenne penche-t-elle vers une approche globale pour lutter contre le terrorisme».
Le responsable européen a fait savoir: «L’UE souhaite renforcer les partenariats avec les régions de premier plan: Maghreb, Mena, Sahel, Corne de l’Afrique… et le Maroc en tant que pays prioritaire». «Nous soutenons, a encore souligné M. de Luzenberger, le renforcement des capacités de lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent et favorisons la coopération internationale au sein des Nations Unies. Nous nous attaquons de front aux facteurs déclencheurs des crises en cours… Pour ce faire, des dialogues ciblés seront menés avec les pays prioritaires, y compris le Maroc. L’UE s’emploiera à élaborer des cadres d’échange d’informations et à mettre en place les moyens qui permettent aux agences d’avoir des contacts plus stratégiques avec les pays de la région».
Lutter sur d’autres fronts
M. Raul de Luzemberger a conclu sur une note plutôt franche et tout aussi réaliste: «L’UE a compris qu’on ne peut pas se contenter de traiter le seul volet sécuritaire. Il est aussi question de lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale qui sont plus complexes à traiter».
Mohammed Nafaa
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Campagne de solidarité : «Nous sommes tous Méditerranéens» Les représentants des régions méditerranéennes d’Europe se sont réunis, les 18 et 19 mai 2015 à Palerme, pour lancer la campagne «Nous sommes tous Méditerranéens» et ce, pour discuter des défis liés aux tragédies migratoires en Méditerranée. Face au scandale de milliers d’enfants, de femmes et d’hommes qui périssent en mer, fuyant la guerre, les persécutions, la misère et l’extrémisme, cette campagne vise à rappeler les valeurs humanistes qui fondent le projet commun européen. |
L’Assemblée Parlementaire de la Méditerranée L’Assemblée Parlementaire de la Méditerranée est une organisation internationale née en 2005, à la suite de quinze années de coopération entre les Etats riverains de la Méditerranée portant sur des thèmes d’intérêt commun, tels que les questions politiques, socio-économiques ou encore environnementales. Ce processus qui a débuté en 1990, connu sous l’appellation de «Conférence sur la sécurité et la coopération en Méditerranée» (CSCM), était mené sous l’égide de l’Union Interparlementaire (UIP). |