Après le Livre blanc de la presse électronique, le ministère de la Communication vient de publier le premier Livre blanc du cinéma.
Le Livre s’inspire des recommandations des Assises nationales sur le cinéma qui ont eu lieu les 16, 17 et 18 octobre 2012. En effet, huit mois après ces premières assises, Mustapha El Khalfi, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, a présenté, lors d’une cérémonie organisée le vendredi 31 mai au sein du ministère à Rabat, les grandes lignes de ce premier Livre blanc du cinéma.
Le ministre a précisé que la situation du secteur cinématographique a connu ces derniers temps une amélioration significative, soulignant que des efforts supplémentaires doivent être déployés en matière de formation et d’adaptation aux développements technologiques. Il a indiqué que la commission scientifique chargée de l’élaboration du Livre blanc a opté pour une approche «participative» en prenant part à la préparation des Assises nationales sur le cinéma, dont les objectifs, la méthodologie, les orientations et les principes fondamentaux ont été définis par le Message royal adressé aux participants à ces rencontres. Le ministre a rappelé que le Message royal a plaidé pour l’adoption d’une politique publique intégrée et horizontale en vue d’assurer l’essor de l’industrie cinématographique au Maroc, ajoutant que ce secteur joue un rôle fondamental dans la mise en évidence de la diversité culturelle, la présentation de la civilisation marocaine et la préservation de la créativité.
La commission scientifique, qui avait la charge de réaliser ce document, a été présidée par l’académicien Abdellah Saâf. Quatre commissions subsidiaires se sont penchées sur plusieurs questions se rapportant à la production, la distribution, l’exploitation et la protection des droits d’auteur. Elles se sont également intéressées au rayonnement du cinéma marocain et aux aspects institutionnels et juridiques de la réforme du secteur cinématographique. Pour Abdellah Saâf, l’élaboration de ce Livre augure d’une nouvelle ère du cinéma marocain et crée une dynamique nouvelle à travers l’élaboration d’une politique publique efficiente qui englobe toutes les professions et intéresse tous les intervenants dans le secteur. Le document comprend des dizaines de recommandations relatives à la production cinématographique, à sa valorisation, à la distribution et au rayonnement de la culture cinématographique. Il insiste essentiellement sur l’augmentation des investissements publics et privés dans le secteur cinématographique, ainsi que sur l’élaboration d’une approche basée sur un modèle approprié et efficace de production assurant la durabilité et garantissant un usage correct et transparent des deniers publics et une évaluation rationnelle de la rentabilité.
Même si une politique gouvernementale est présente pour encourager la production marocaine via les fonds d’aide, un constat alarmant est là: les salles obscures se portent mal. En effet, sur les 365 salles de cinéma, seules 27 sont encore ouvertes. Et si dans les années 80, les salles de cinéma enregistraient 50 millions de tickets vendus par an, contre 4 millions en 2009, aujourd’hui, cela ne dépasse pas les 2 millions. Pour les professionnels, cela est dû au piratage. Et, pour contrecarrer ce phénomène, ils demandent une commission interministérielle composée du ministère de l’Intérieur, de celui de l’Industrie, du commerce et des nouvelles technologies et de celui de l’Économie et des Finances, dans le but de contrôler l’importation des CD. Ils avancent que le CD importé coûte 50 centimes pour être vendu à 5 DH. Et comme il y a 30 millions de CD importés chaque année, ce sont 250 millions de dirhams qui échappent à tout contrôle fiscal, précisent-ils. Ils suggèrent également la révision du coût de la valeur ajoutée imposée aux professionnels de 20 à 5%, à l’instar de la France, dans l’espoir de voir un jour les cinéphiles se réconcilier avec le grand écran comme jadis.
Mais il n’y a pas que le cinéma qui souffre du piratage. M’hamed Berrada Aghziouil, ancien président de Chambre à la Cour suprême, souligne que le piratage fait perdre à l’économie marocaine plus de deux milliards de DH par an. Le piratage des enregistrements de musique représente, à lui seul, un manque à gagner de l’ordre de 156 MDH pour le Trésor marocain.