La pandémie due au nouveau Coronavirus (Covid-19) n’a épargné aucun secteur d’activité. Depuis plus d’une année, des pans entiers de l’économie nationale sont quasiment à l’arrêt, et la situation risque encore d’empirer.
Signaux au vert
La levée progressive du confinement sanitaire en juin 2020 et le coup d’envoi officiel de la campagne nationale de vaccination contre la Covid-19, en janvier 2021, ont donné un brin d’espoir d’un retour à une vie presque normale pendant le Ramadan. Tous les indicateurs épidémiologiques étaient encourageants. En effet, les cas d’infection au Sars-Cov-2 au niveau national ont connu une baisse ces dernières semaines. Cette amélioration des indicateurs épidémiologiques au niveau national a été la conséquence directe du bon déroulement de ladite campagne de vaccination, dont le coup d’envoi officiel a été donné par SM le Roi Mohammed VI, en début d’année, depuis le Palais Royal de Fès. D’ailleurs, il convient de souligner que la gestion exemplaire dont a fait preuve le Maroc dans sa gestion de la pandémie et la manière ordonnée avec laquelle la campagne nationale de prémunition contre la Covid-19 a été remarquée puis largement saluée partout à travers le monde.
Le variant anglais change la donne
Au Maroc, les espoirs d’un retour à une vie plus normale pendant le Ramadan étaient grands au vu des indicateurs épidémiologiques encourageants qu’enregistrait le Royaume au fil des jours depuis début 2021. Le ministre de la Santé lui-même, avait prédit un retour à la vie normale, au plus tard début mai, si tout se passe bien. Effectivement, tout se passait bien, jusqu’au jour où la situation sanitaire a connu un revirement inattendu. Hausse des cas de contamination à la Covid-19 et, cerise sur le gâteau, apparition du variant britannique du Sars-Cov-2 dans sept régions du Maroc. A l’heure où ces lignes sont écrites, la souche anglaise du Coronavirus a contaminé pas moins de 114 personnes. Un chiffre qui pourrait augmenter au cours des prochaines semaines.
Face à l’urgence de la situation, le gouvernement a pris de nouvelles mesures, bien que douloureuses et contraignantes pour un grand nombre de secteurs, comme les cafés, la restauration et l’hôtellerie. C’est ainsi que le gouvernement a annoncé, mercredi 7 avril 2021, l’avancement du couvre-feu nocturne déjà en vigueur depuis mars 2020, sur l’ensemble du territoire national. Conséquences, il sera désormais interdit de quitter son domicile au-delà de 20 heures et ce jusqu’à six heures du matin. Cette restriction de déplacements est valable tout le long du mois de ramadan 2021.
Couvre-feu, débrouille et solidarité
Cette décision ne fait pas le bonheur des cafetiers, restaurateurs, hôteliers, ainsi que tous les autres métiers qui dépendent de ces trois activités. Le couvre-feu avancé à 20 heures veut dire cessation totale de l’activité dans ces secteurs, Ramadan étant connu pour son ambiance nocturne, ce qui n’est désormais plus possible. Bouleversés par ce contexte de morosité et étant dans l’obligation de subvenir aux besoins de leurs familles, certains employés exerçant dans les secteurs les plus impactés par le couvre-feu ramadanesque, ont opté pour une reconversion professionnelle. Vendeurs de fruits et légumes, porteurs occasionnels, gardiens de voitures pendant la journée, chacun essaie de s’en sortir comme il peut. Or, tout le monde n’a pas cette possibilité qui, disons-le, nécessite des moyens financiers dont beaucoup ne disposent pas. Par ailleurs, certains métiers saisonniers qui apparaissent durant le mois de Ramadan ont été épargnés. Ces métiers se rapportent principalement au commerce des produits alimentaires entre autres délices et spécialités traditionnels 100% marocaines.
La compassion d’El Othmani ne suffit pas !
Dans son intervention, mardi 12 avril 2021, devant les deux Chambres du parlement, le Chef de gouvernement Saâdeddine El Othmani, a indiqué qu’à la veille du Ramadan, le Maroc était face à trois scénarios: alléger les mesures et permettre aux Marocains de profiter de l’ambiance ramadanesque, poursuivre la restriction des mesures sanitaires, ou durcir les restrictions et se diriger vers un confinement comme cela a été le cas dans certains pays. «Nous sommes conscients des répercussions économiques du confinement, nous avons donc opté pour le choix du milieu à savoir, la poursuite des restrictions sanitaires des derniers mois, en avançant le couvre-feu d’une heure», a-t-il expliqué, précisant que les pouvoirs publics sont conscients des répercussions sociales de ces restrictions, «mais nous sauvons des vies. L’Histoire retiendra cela», a-t-il souligné. Il est indéniable que le couvre-feu de 20 heures à 6 heures du matin pendant le Ramadan pénalisera plusieurs secteurs. Pour se rattraper le jour, ceux qui ont la possibilité, n’ont eu d’autre choix que de changer de métier, le temps d’un mois. La reconversion professionnelle n’est pas donnée à tout le monde. Beaucoup de travailleurs dans les secteurs impactés par les nouvelles mesures restrictives décrétées par le gouvernement, n’ont pas d’autre choix que de compter sur l’entraide familiale, dans l’attente de mesures d’accompagnement concrètes et adaptées de la part des pouvoirs publics.
Personne ne peut nier que les Marocains sont dans une situation très délicate et que les temps sont difficiles. Pourtant, il faut toujours garder espoir pour l’avenir et ne jamais se résigner. On le sait et on ne le dira jamais assez, aucune situation n’est éternelle. Demain sera certainement meilleur !
Mohcine Lourhzal