Le Directeur Général de l’Agence Marocaine de Presse (MAP), M. Khalil Hachimi Idrissi, a été l’invité, mardi à Rabat, de l’Institut supérieur de l’information et de la communication (ISIC), pour animer la leçon inaugurale marquant le début de l’année universitaire 2021-2022 de l’Institut.
Dans un amphithéâtre archicomble de l’ISIC, l’illustre établissement de formation journalistique du Maroc, M. Hachimi Idrissi a donné un cours magistral sous le thème: “Les défis du journalisme d’aujourd’hui face à un environnement médiatique en pleine mutation”, devant une assistance composée d’étudiants, de professeurs et de journalistes, venus l’écouter et échanger avec lui autour de ses points de vue sur le secteur du journalisme et les défis auxquels il fait face.
Du haut de plus de trente années d’exercice dans la profession, M. Hachimi Idrissi a, durant plus de deux heures, partagé ses expériences et les enseignements qu’il a tirés durant son riche parcours professionnel avec un public avide, venu écouter un fin connaisseur et un professionnel aguerri du métier.
M. Hachimi Idrissi, qui fut président de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ), a souligné lors de son exposé que face à un tsunami numérique qui a rebattu ses cartes et modifié ses paramètres, le journalisme se doit d’évoluer et de prendre en compte les mutations actuelles et de s’y adapter.
Il a, à cet égard, relevé qu’à l’ère du digital et des réseaux sociaux, le journalisme fait face à des transformations structurelles qui modifient plusieurs de ses paramètres.
Selon lui, cette mue a provoqué un changement au niveau du regard de la société vis-à-vis du journaliste professionnel, ce qui amène à s’interroger avec insistance sur la question de la légitimité dans l’exercice du métier.
Cette légitimité s’acquiert, d’après M. Hachimi Idrissi, à travers des prérequis nécessaires pour exercer le métier de journaliste, et à la tête desquels se trouve la formation de base et la culture générale.
“Sans la culture générale, il n’y a pas moyen d’aller loin dans le journalisme. C’est le levier de l’avenir”, a-t-il affirmé, ajoutant que la maîtrise des techniques et des genres journalistiques est tout autant indispensable pour le pratiquer.
Autres traits distinctifs et non des moindres d’après le DG de la MAP, il y a l’éthique, l’ensemble des règles liées à l’exercice de la profession, et la maîtrise du métier, notamment la vérification de l’information, son recoupement et la citation des sources.
“Un journaliste n’est pas un poète maudit, un romancier fou ou un saltimbanque, c’est un professionnel qui travaille avec des techniques et avec professionnalisme”, dans le cadre d’une organisation de travail qu’il faut respecter, a assuré M. Hachimi Idrissi.
Il a, par ailleurs, mis l’accent sur l’importance de la polyvalence dans le journalisme d’aujourd’hui, arguant que dorénavant le journaliste sera appelé à écrire le texte, capter des images, filmer des scènes et monter le son.
“En gros, les supports de l’avenir seront multimédias”, a dit M. Hachimi Idrissi, le fondateur du quotidien francophone “Aujourd’hui le Maroc”, qui n’a pas manqué d’évoquer également dans son intervention la question du modèle économique actuel de la presse.
Ce modèle, qui date du 19è siècle va bientôt disparaître et “la presse va peut-être mourir dans sa version imprimée”, a estimé M. Hachimi Idrissi pour qui le journaliste, lui, ne disparaîtra pas pour autant, car la société a besoin de gens légitimes sur le plan professionnel.
“Le journaliste de demain est tenu avant tout d’aider à comprendre. Il n’est pas attendu sur le sensationnel ou sur les clics, qui conduisent généralement à une impasse professionnelle”, a souligné M. Hachimi Idrissi.
Suite à cette leçon inaugurale, à laquelle ont notamment pris part le directeur de l’ISIC, M. Abdellatif Bensfia, et le secrétaire général du département de la Communication, M. Mustapha Taimi, le médiateur de la MAP, Driss Ajbali, a présenté à l’auditoire le livre “Figures de la presse marocaine”, l’annuaire biographique des journalistes ayant marqué la scène médiatique nationale.
M. Ajbali a expliqué, à cette occasion, les différentes étapes de réalisation de cette œuvre d’environ 600 pages, qui compte les portraits de 270 personnalités médiatiques, traitées de façon égalitaire que ce soit en termes de volume ou d’image.
“Figures de la presse marocaine”, un annuaire biographique des journalistes ayant marqué la scène médiatique nationale, se veut une contribution à “une étude sociologique” et “une typologie structurée” des hommes de la presse marocaine.
LR/MAP