Le discours du régime algérien sur les menaces extérieures vise à créer un sentiment de peur en Algérie

La rhétorique du régime algérien sur les menaces extérieures vise à créer un sentiment de peur et de doutes dans le pays, a affirmé la politologue algérienne Louisa Dris-Aït Hamadouche.

“C’est une façon de déresponsabiliser les détenteurs du pouvoir de décider, de faire diversion vers une cible autre que les responsables politiques, de créer un sentiment de peur et de doutes qui suscitent des comportements conservateurs et le statu quo”, a expliqué la chercheuse dans un entretien accordé au média algérien “Tout sur l’Algérie” (TSA).

Elle a fait observer qu’il s’agit d’une rhétorique classique et redondante, expliquant que chaque fois que les régimes en déficit de légitimité interne sont en proie à des tensions internes impossibles à gérer avec les instruments classiques, ils ont recours au complot ourdi de l’extérieur.

“Le problème avec cette stratégie de communication est que plus on en abuse, moins elle est efficace”, a-t-elle estimé.

Revenant sur la situation des droits de l’Homme dans ce pays maghrébin, Mme Hamadouche a noté que l’évaluation a été faite par les organisations algériennes de défense des droits humains, les avocats, les instances internationales, les collectifs, les médias, les partis politiques et les victimes elles-mêmes.

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Ils recensent régulièrement, entre autres, les arrestations, les convocations, les procédures non conformes aux lois, les dépassements, les censures, a-t-elle regretté, relevant qu’en Algérie, l’opposition n’a pas le droit de se réunir et les médias publics sont restreints dans un discours uniforme plus proche de la propagande que de l’information.

En agissant ainsi, les pouvoirs publics se privent de moyens de rétablir le contact avec la base, s’isolent davantage et creusent le fossé déjà béant avec la population, a-t-elle fait observer.

Ce n’est certainement pas en agissant ainsi qu’ils arrêteront le soulèvement populaire ou empêcheront les marches de reprendre, a expliqué la politologue, estimant que les manifestations de rue mises à part, le Hirak ne s’est pas arrêté car l’essentiel de ses revendications n’ont non seulement pas été réalisées, et leur légitimité s’est renforcée.

Evoquant les sévices subis par le jeune étudiant Walid Nekiche lors de son arrestation, elle a relevé que le témoignage de cet activiste du hirak a choqué l’opinion publique nationale et internationale.

“Il n’existe pas mille et une façons de tenter d’atténuer l’ampleur de ce drame : faire en sorte que cela ne puisse plus jamais arriver”, a-t-elle suggéré.

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Elle a affirmé que pour que l’enquête actuelle doit être menée jusqu’au bout, il est impératif que le dossier ne soit ni classé, ni bâclé, pour éviter l’éternelle stratégie du bouc-émissaire.

Toute cette affaire doit avoir comme but ultime la mise en œuvre des mécanismes de prévention et de sanction à toutes atteintes à la dignité humaine, a-t-elle insisté.

Elle a rappelé que la torture est un crime “imprescriptible” qui engage la responsabilité pénale de celui qui l’a commis, qui l’a laissé faire, qui l’a autorisé et qui l’a commandité.

Elle a, par ailleurs, fait savoir que la gestion politique et médiatique des longues absences du chef de l’Etat sont symptomatiques du fait que c’est tout le système institutionnel qui est malade, et pas seulement la personne du président.

La chercheuse a relevé que les leçons de l’expérience vécue, il y a encore peu de temps avec la fin du 3è mandat et tout le 4è mandat du président déchu, n’ont pas été retenues.

“Les erreurs ne font que se répéter. Elles aggravent les dysfonctionnements, aiguisent les contradictions et approfondissent la crise”, a-t-elle commenté, notant que cette récidive rend la crise beaucoup plus dangereuse.

LR/MAP

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