Le G7 de Biarritz sera jugé sur le dossier iranien. C’est la crise internationale qui menace la paix du monde et qui est une poudrière pour l’espace géoponique arabo- musulman.
Le président français a tenté de faire bouger les lignes, Trump l’a laissé faire s’en s’engager. Quand aux Iraniens, ils sont d’accord pour discuter si Washington lève les sanctions. On n’est pas loin du retour à la case départ. En fait le G7 est inadapté à la situation mondiale. C’est un club qualifié d’informel mais qui regroupe les pays qui se voient comme des démocraties, qui sont les plus riches du monde et veulent donc le réguler.
Mais c’est une illusion. La Russie est pour le moment exclue. Le président poutine a été reçu avant et à part par Macron. Le premier ministre indien a été reçu séparément sans aborder le cachemire. Son pays, comme la Chine, n’est pas membre du G7.
Les membres du G7 sont l’Allemagne, le Canada, les États-Unis, la France, l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni. L’Allemagne a une chancelière très affaiblie. Le Royaume Uni est en crise. L’Italie aussi. Reste Trump et Macron qui se sont servis du sommet comme d’un instrument de communication pour leurs opinions intérieures. Le côté donneur de leçons français s’est exercé sur le Brésil. Le président Brésilien, dans un style Trump des tropiques, s’est mis tout le monde à dos. Mais ces polémiques minables ont permis de mettre en évidence, par les incendies en Amazonie, les menaces sur les grandes forêts du monde, dont celles d’Indonésie et d’Afrique subsaharienne. Une notion très dangereuse a été évoquée: celle d’ingérence écologique.
C’est un avatar mondialiste de l’ingérence humanitaire. Quand on voit ce que cela a donné en Lybie, on comprend les Etats qui insistent sur une coopération choisie dans le respect des souverainetés.
Le G7 se veut à l’écoute de la planète. Ce sont huit pays, dont cinq du continent africain qui ont été conviés à la table des plus grandes puissances économiques de la planète. L’Afrique du Sud, l’Australie, le Burkina Faso, le Chili, l’Égypte, l’Inde, le Sénégal et le Rwanda, ont été invités par Emmanuel Macron et la France à participer au Sommet du G7. Pourquoi eux et pas d’autres…. Mystère. Mais peut être pas.
Paul Kagamé du Rwanda a été invité en tant qu’ancien président de l’Union africaine, Al-Sissi d’Égypte au titre de président actuel de l’Union africaine, Cyril Ramaphosa au titre de président récemment élu de la 2ème puissance économique du continent, l’Afrique du Sud, Macky Sall comme président du NEPAD, et enfin Roch-Marc Christian Kaboré comme président du G5 Sahel et comme chef d’État d’un pays en première ligne quant à la question sécuritaire et terroriste au cœur d’une région tendue. Explication en plus concernant le pays dirigé par Paul Kagamé: «Le Rwanda a un rôle géostratégique majeur à jouer dans la zone des Grands Lacs. De plus, depuis octobre 2018, c’est une Rwandaise, Louise Mushikiwabo, qui est à la tête de l’Organisation internationale de la francophonie [OIF]», rappelle le New Times.
Le G7 n’est pas une gouvernance néocoloniale comme le suggère, en pointant du doigt les Français, le président Bolsorano. Mais il y a une volonté sur les sujets sélectionnés d’imposer une vue qui se veut démocratique et mondiale. Trump ne le supporte pas, Poutine non plus.
Le président Macron a tout fait pour imposer sa marque. Il y a été considérablement aidé par des médias audiovisuels français pour le moins complaisants. C’était à la limite gênant, avec que du négatif pour les autres dirigeants, sauf l’Italien car il s’oppose à Salvini. Le sommet s’est cependant assez bien passé, objectivement. Oublié le sommet du G7 de juin 2018 au Canada, auquel le président américain, volontiers tonitruant et imprévisible, avait rabroué l’hôte Justin Trudeau et refusé de signer le communiqué final. A Biarritz, Emmanuel Macron est parvenu à ramener l’exercice à un climat plus consensuel, avec au passage un coup diplomatique sur l’Iran. Donald Trump en personne a salué «deux jours et demi de grande unité» entre les dirigeants des sept nations les plus industrialisées.
Revenons sur l’Iran. L’accord de Vienne du 14 juillet 2015 ne pouvait tenir qu’à la condition que tous les signataires restent. Le texte prévoyait qu’un seul des contractants pouvait remettre en cause l’accord, alors ce dernier devenait caduc et libérait l’ensemble des parties de leurs obligations. De facto, ce qu’on appelle le JCPOA n’existe plus depuis que les États-Unis l’ont dénoncé le 8 mai 2018 et l’Iran l’a bien compris. Téhéran ne respecte plus les termes de l’accord depuis plusieurs mois. On repart donc de zéro: amoindrir les sanctions américaines en échange de l’arrêt des recherches militaires atomiques de l’Iran. Les États-Unis conservent grâce à leur monopole juridico-monétaire un immense avantage: sans leur consentement aucune entreprise occidentale ne peut se risquer à commercer avec l’Iran. Les États-Unis sont les maîtres du jeu et les tentatives européennes pour s’émanciper du blocage économique américain sont restées vaines.
G7… Et après ?
Patrice Zehr