Ce gouvernement ne sera décidément pas né dans le calme et la sérénité.
Il aura fallu 5 mois de tractations entre le 1er chef de gouvernement désigné, Abdelilah Benkirane et les autres partis… 5 mois qui ont conduit à l’impasse. Puis un changement de chef de gouvernement, Saad Eddine El Othmani prenant le relais de A. Benkirane. Puis de nouvelles consultations (celles-là, au pas de charge, bouclées en un mois) entre Saad Eddine El Othmani et les partis de la Coalition qui, de 4 sont passés à 6…
Et quand, enfin, la constitution du gouvernement a été annoncée, une levée de boucliers générale l’a accueilli.
Dans les partis politiques, tous les déçus de ne pas avoir décroché un portefeuille ont donné libre cours à leur colère, remettant en cause, soit les pouvoirs du chef, soit l’Etat-même. Les vieux démons de «Attahakkom» et «Addawla Al Âmika» ont resurgi. Notamment au sein du PJD, où la colère est à son comble, depuis que Benkirane a été écarté pour être remplacé par son frère ennemi et que l’USFP est entrée au gouvernement…
Certains, au sein de ce parti, sont prêts à en découdre avec la paix sociale… Et Benkirane, plus amer que tous, joue à «Docteur Jekyll et Mister Hyde», tantôt calmant les ardeurs de ses troupes en colère, tantôt attisant cette même colère avec des propos et des actes dont il sait bien qu’ils ne laisseront pas indifférents les militants-têtes-brûlées de son parti et encore moins les couches populaires auprès desquelles il fait recette.
Dans l’opinion publique, ce climat de fronde aidant, les critiques se généralisent. Le gouvernement est jugé pléthorique (39 portefeuilles), «rapiécé» avec 6 partis ayant des référentiels à l’opposé les uns des autres, mal structuré avec des départements-doublons… Les internautes s’en donnent à cœur joie, commentaires, anecdotes et caricatures à foison.
L’UMT dit qu’elle accordera 100 jours de grâce au nouveau gouvernement, mais elle en est déjà à 2 grèves organisées (Autoroutes du Maroc et collectivités)…
La seule chance du gouvernement d’éteindre toutes ces braises est, s’il obtient le vote de confiance du Parlement, de partir sur des chapeaux de roue avec des actions concrètes et de proximité… Car il est bien mal parti et ceux qui soufflent sur les braises ne sont pas peu nombreux.
BA